Après le départ de Thierry Mbulamoko, l’APLC renaît de ses cendres sous la direction de Michel Lessay

A l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), le calme est revenu depuis la suspension de son désormais ex-coordonnateur, Thierry Mbulamoko. Si la page Mbulamoko est définitivement tournée, à la Présidence de la République, des mains noires continuent à le progéter.

Grâce aux lanceurs d’alertes de l’APLC, M. Thierry Mbulamoko a été suspendu de ses fonctions de coordonnateur de l’APLC, ouvrant de nouvelles perspectives à cette agence lancée par le Chef de l’Etat pour servir de fer de lance à la lutte contre la corruption.

Depuis lors, une nouvelle dynamique a été mise en place par le nouveau coordonnateur qui assure l’intérim, M. Michel Lessay.

Tout le monde espère que M. Mbulamoko ne reviendra plus à la tête de cette agence parce qu’il l’a déshonoré avec tous les scandales dont il a été à la base.

On a encore frais en mémoire le dossier Centurion pour lequel une action est toujours ouverte à la Cour d’arbitrage de Paris. La RDC risque de perdre 36 millions de dollars à cause de Mbulamoko qui a signé un accord avec ce cabinet d’avocat, alors qu’il n’avait ni titre ni qualité pour le faire. Bien plus, Thierry Mbulamoko a négocié ce dossier en solitaire sans impliquer le Gouvernement.

A charge de M. Mbulamoko, il y a également le dossier des enquêtes menées au Lualaba et au Katanga. Plusieurs collaborateurs de Mbulamoko, surnommés les « Balados », menaient des enquêtes dans ces provinces en harcelant les opérateurs économiques dans le secteur minier.

Dans le placard de l’APLC, M. Mbulamoko est aussi mis en cause dans le dossier des enquêtes fantaisistes initiées dans le secteur de l’environnement au niveau de la ville province de Kinshasa. Les mêmes collaborateurs de Mbulamoko, qui fonctionnent en bande organisée, ont racketté des entreprises avec des fausses notes de perception de la DGRAD, en harcelant les opérateurs économiques dans le secteur de l’environnement et le développement durable.

Le renouveau

La mise à l’écart de Thierry Mbukamoko a permis à l’APLC de retrouver ses lettres de noblesse. L’heure est au renouveau avec le nouveau management qu’incarne Michel Lessay.

A son actif, il y a déjà une série d’actions qui inspirent confiance. L’on note à ce propos la mise en place d’une commission d’enquêtes dès son entrée en fonction en tant que coordonnateur a.i.

Pour la première fois dans l’histoire de la République, une commission d’enquêtes a été mise en place au sein du Cabinet du Chef de l’Etat, Président de la République, pour passer au scanner la gestion de Thierry Mbulamoko. Le rapport de cette commission d’enquêtes révèle des complicités flagrantes au sein de ce Cabinet dans les actes de malversation posés par le coordonnateur suspendu de l’APLC et ses complices.

Il y a cependant un bémol. L’on s’attendait à ce que la haute hiérarchie du Cabinet du Chef de l’Etat tire toutes les conséquences des faits accablants mis à charge de Thierry Mbulamoko. Curieusement, le rapport a été transmis au Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat depuis le début du mois de décembre 2023 sans qu’aucune réaction ni sanctions n’aient été prises pour le moment.

Quelqu’un chercherait-il à protéger Thierry Mbulamoko ? Qu’est-ce qui justifie ce silence autour du rapport de la Commission ad hoc ?

Dans tous les cas, des résultats concrets des enquêtes et investigations menées par la nouvelle coordination, depuis seulement 2 mois sont connus.

Ainsi, concernant le dossier DGCDI (Direction Générale des Corridors de Développement Industriel), il y a finalement l’arrestation du Directeur General Adjoint, M. Gilbert Kabwe Kazadi pour détournement d’une somme d’environ 450.000 USD. Le dossier a été transmis au Parquet Général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe ;

Dans ce registre des actions menées avec professionnalisme par l’APLC sous la conduite de son Coordonnateur Lessay, il y a lieu de mentionner également le dossier SIMBOX qui a conduit à l’arrestation d’un expatrié, transféré depuis lors à la prison centrale de Makala au CPRK. En complicité avec plusieurs complices et certaines autorités de la ville de Kinshasa, ils opéraient dans le domaine de la communication en contournant les opérateurs téléphoniques traditionnels. Ce qui faisait perdre à l’Etat énormément de revenus. Dans ce dossier, l’enquête est toujours en cours.

Le dossier FPI (Fonds de promotion de l’industrie) rentre aussi dans ce schéma. Suite à ses enquêtes et investigations, l’APLC a bloqué un paiement de 3.500.000 USD dans le cadre d’un soi-disant financement d’une société de raffinerie de cobalt et de cuivre au Lualaba. L’Agence a constaté des irrégularités et a décidé de poursuivre l’enquête.

C’est dire, depuis quelques mois, l’APLC s’est véritablement engagée dans une ère de renouveau. Chaque jour qui passe, l’Agence retrouve sa place dans le dispositif national de lutte contre la corruption. L’Agence renait de ses cendres, après l’avoir amputé d’un ion gênant, en l’occurrence Thierry Mbulamoko, qui l’attirait vers le bas.

Il y a une bonne raison de maintenir cet élan. La nouvelle Coordination de l’APLC devra donc restée stricte et exemplaire, en refusant de céder aux pressions des politiques ou de quiconque qui tenterait de la détourner de ses objectifs.

Qui protège Thierry Mbulamoko ?

A cet effet, il faut dénoncer et refuser des mauvaises pratiques qui se passaient durant le 1er mandat du Président Félix Tshisekedi. Il faut une nette rupture avec les pratiques éhontées qui ont terni l’image de la Coordination entamant sérieusement sa crédibilité.

Un exemple flagrant qui a été dénoncé par les lanceurs d’alertes de l’APLC lorsque Thierry Mbulamoko a refusé de faire une remise et reprise après sa suspension. Il a continué à détenir la clé du coffre-fort de l’APLC, il a gardé et détruit certains dossiers d’enquêtes et d’investigations qui lui avaient été remis par les analystes et chargés d’études de l’APLC, avant sa suspension. Par frustration et orgueil, il a refusé de remettre les clés du véhicule de service du Coordonnateur, malgré sa suspension.

Des sources internes de la Présidence de la République rapportent que Thierry Mbulamoko continue à narguer tout le monde, convaincu de la protection que lui assurerait le Dircab Guylain Nyembo et la Dircaba Bwatshia, malgré tous les faits graves reprochés et surtout dénoncés dans le rapport de la commission d’enquêtes.

Pour preuve, il y a encore et toujours le silence-radio de ces deux responsables de l’administration du cabinet de la première institution de la République autour du rapport interne qui accable Thierry Mbulamoko et certains agents de l’APLC. Jusqu’où continueront-ils à couvrir le coordonnateur suspendu de l’APLC ? Chercheraient-ils à le réhabiliter malgré les graves charges qui pèsent sur lui ?

Il y a anguille sous roche.

Pour rappel, l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) est un service spécialisé au sein du Cabinet du Président de la République, et placée sous son Autorité. Elle est l’autorité nationale de référence en matière de lutte contre la corruption en RD Congo. Elle a été créée en conformité avec la Constitution de la République Démocratique du Congo et dans l’option levée par les Nations Unies, l’Union Africaine et la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC).

Dans le cadre de la lutte contre la corruption, l’Agence coordonne également tous les services et organismes publics en charge de la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux, la criminalité organisée et les infractions y assimilées.

Econews