999 21

Après avoir neutralisé Kabila : Tshisekedi promet de «déboulonner le système» Kagame

Après avoir neutralisé Kabila Tshisekedi promet de «déboulonner le système» Kagame La rivalité entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame prend des allures de guerre froide. Samedi, devant ses partisans de l’Union sacrée de la nation, le Président de la République a fustigé son homologue rwandais, l’accusant d’incarner un «système» responsable de trois décennies de chaos dans la région des Grands Lacs. Promettant de le «déboulonner» comme il l’a fait avec l’héritage de Joseph Kabila, Tshisekedi a averti : «Le combat sera rude… car Kagame n’est pas seul». Un défi titanesque, mais que le Chef de l’État aborde avec un optimisme affiché, déterminé à rompre l’emprise du Rwanda sur l’Est miné de la République Démocratique du Congo (RDC).

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a une nouvelle fois attisé les tensions avec son homologue rwandais Paul Kagame, qualifiant ce dernier de pilier d’un « système » responsable de trente ans de déstabilisation dans la région des Grands Lacs.

Devant ses partisans réunis samedi à la Cité de l’Union africaine, le Chef de l’État a promis de «déboulonner » Kagame, comme il l’a fait avec «le système Kabila», en référence à l’héritage politique de son prédécesseur Joseph Kabila. Une déclaration qui illustre l’intensité de la guerre froide entre Kinshasa et Kigali, sur fond de conflit armé dans l’Est de la RDC.

UN DISCOURS INCENDIAIRE ET UNE RIVALITE PERSONNALISEE

«J’ai compris que le combat va être rude et terrible. Le Rwanda n’est pas seul. Ce silence pendant 30 ans n’est pas un hasard. Ce n’est pas parce que Kagame est le plus beau des hommes, c’est parce qu’il y a tout un système derrière », a tonné Tshisekedi devant les membres de l’Union sacrée de la nation, sa plateforme politique. Des propos qui confirment la personnalisation croissante du conflit entre les deux dirigeants, dont les relations, déjà exécrables, se sont encore dégradées depuis la récurrence des offensives du groupe rebelle M23, soutenu, selon Kinshasa et plusieurs rapports onusiens, par Kigali.

Le PrésidentTshisekedi se présente en pourfendeur des « systèmes » qu’il juge néfastes. Après avoir progressivement marginalisé les proches de Joseph Kabila au sein des institutions, il affirme désormais vouloir s’attaquer au réseau international qui, selon lui, protège Kagame. « Nous sommes occupés à déboulonner ce système », a-t-il insisté, sans toutefois préciser les mesures concrètes envisagées. Une rhétorique qui rappelle sa stratégie antérieure, mais qui se heurte cette fois à un adversaire bien plus solide sur le plan diplomatique.

UN «SYSTEME KAGAME » AUX RAMIFICATIONS COMPLEXES

Selon des experts, le « système» évoqué par Tshisekedi fait allusion aux alliances régionales et internationales du Rwanda, notamment avec des puissances occidentales et des multinationales accusées de fermer les yeux sur l’exploitation illicite des minerais congolais.

«Kagame bénéficie d’un capital sympathie historique en Occident, perçu comme un stabilisateur post-génocide. Tshisekedi tente de fissurer cette image en dénonçant son double jeu », explique un diplomate européen sous couvert d’anonymat.

La récente résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant Kigali, portée par la France, semble aller dans son sens, mais les actions sur le terrain restent limitées.

Si Tshisekedi affiche une confiance inébranlable, les obstacles sont immenses. Le Rwanda, malgré les sanctions ciblées de Washington contre certains de ses responsables, conserve des appuis clés, notamment dans les milieux économiques et sécuritaires. Par ailleurs, la communauté internationale, bien que critique envers Kigali, rechigne à une confrontation ouverte avec un pays considéré comme un partenaire stratégique dans la région.

«Tshisekedi mise sur un réalignement géopolitique, mais cela nécessitera des preuves irréfutables et un lobbying bien plus agressif », tempère un analyste politique congolais.

L’Est de la RDC, épicentre d’une rivalité régionale

Les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, riches en minerais et théâtre d’atrocités répétées, restent au cœur de cette guerre froide. Kinshasa accuse Kigali d’y entretenir une instabilité chronique pour piller les ressources. Une thèse confortée par le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, qui dénonce des « circuits illicites » de coltan et d’or acheminés vers le Rwanda. Pour les populations locales, ces déclarations sonnent comme un énième slogan, alors que les violences se poursuivent.

En s’attaquant frontalement à Paul Kagame, Félix Tshisekedi prend un risque calculé. Si sa rhétorique galvanise une partie de l’opinion congolaise et africaine, elle pourrait aussi isoler davantage la RDC sur la scène internationale, en cas de contre-attaques diplomatiques de Kigali. Reste à savoir si le Chef de l’État parviendra à transformer ses mots en actes, notamment via des alliances solides avec les États-Unis et l’Europe.

Pour beaucoup de Congolais, l’espoir est de voir enfin « laver l’opprobre » subi depuis trois décennies. Mais le chemin vers la paix et la souveraineté économique semble encore long.

Econews

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights