On comprend maintenant, sans risque de se tromper, pourquoi l’Union européenne (UE), principal partenaire de l’ONG Forgotten Parks Foudantion (FPF) du Britannique Robert Miur, combat fermement le projet hydroélectrique Sombwe, initié par le Congolais Eric Monga, dans la lisière du Parc national de l’Upemba (Haut-Katanga). En réalité, l’Union européenne nourrit les mêmes ambitions dans le Grand Katanga au travers d’un programme aux contours ambigus, sous l’intitulé de l’«Alliance Verte du Grand Katanga ». C’est ce qui explique tout son acharnement sur le projet Sombwe.
En réalité, au-delà de l’«Alliance Verte du Grand Katanga», c’est un bradage en règle de la souveraineté de la République Démocratique du Congo qui se met en place. Le Gouvernement a tout intérêt à revoir sa position sur ce projet de l’UE dont Robert Miur s’est chargé de mettre en œuvre en multipliant des actes d’intimidations et de violations pour contraindre les communautés locales à adhérer à cette « Alliance Verte». Dans le Grand Katanga, la RDC est sur le point de perdre toute souveraineté sur son sol. Le danger est bien réel.
Voici ce qui se cache derrière l’«Alliance Verte du Grand Katanga».
- Qu’est-ce qu’une économie verte ?
Le concept de l’économie verte a été développé de manière à saisir la relation mutuelle qui existe entre le développement économique et l’environnement. Une économie verte est une économie qui permet d‘améliorer le bien-être des populations et de favoriser l‘équité sociale, tout en réduisant considérablement les risques environnementaux et la pénurie de ressources.
En substance, une économie verte se caractérise par de faibles émissions de carbone une utilisation efficace des ressources et l’inclusion sociale. Elle oriente le développement économique vers des activités plus durables et respectueuses de l’environnement et crée ainsi un environnement propice à l’émergence et au déploiement de technologies vertes et de pratiques organisationnelles responsables.
- Pourquoi créer une économie verte en RDC ?
En avril 2021, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo, lors de son intervention au sommet virtuel des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur le climat, a émis deux déclarations qui se rapportent à l’engagement dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, dont l’objectif est de contribuer à la lutte globale contre le changement climatique dans le contexte du développement durable et de la réduction de la pauvreté et à la valorisation de l’immense mix énergétique renouvelable de la RDC constitué de l’hydroélectricité, de la photovoltaïque solaire ainsi que de l’exploitation durable des réserves en métaux stratégiques verts essentiels qui contribuera essentiellement à la décarbonation de l’économie.
Une observation de l’économie traditionnelle de la RDC révèle qu’elle exacerbe en effet les changements climatiques, l’épuisement des ressources naturelles, les différentes crises de biodiversité, d’énergie, de sécurité alimentaire, et de système financier.
Une transition vers une économie viable et plus respectueuse de l’environnement s’avère nécessaire pour réduction la pauvreté et permettre l’amélioration des revenus de millions de personnes, de jeunes et de femmes, dépendent essentiellement des ressources naturelles telles que les terres, les forêts, la pêche et d’autres types : capitaux naturels.
En effet, cette transition vers une économie verte envisage d’améliorer la vie et les ressources des populations dans les zones inadaptées, à équilibrer l’utilisation des ressources naturelles, tout en maintenant les revenus, et à compenser les risques liés au changement par les possibilités qui en découlent.
- Comment réaliser une économie verte en RDC ?
La réalisation de cette économie verte nécessite un ensemble diversifié des parties prenantes travaillants en alliance avec notamment les acteurs locaux, les autorités publiques, le secteur privé (agro-industrie, énergie, mines, etc. communautés et les organisations de la Société civile, ainsi que les organismes de protection de la nature et ses partenaires). En conséquence, une « Alliance Verte » doit être formée entre ces parties prenantes qui a ensemble pour optimiser l’utilisation des terres et des ressources afin d’assurer une économie prospère et en concertation, complémentarité et alignement avec les stratégies provinciales et nationales.
Le processus de création d’une « économie verte » exige que l’on aborde des questions telles que la sécurité du régime, l’élaboration de plans d’occupation des sols incluant la protection des forêts de Miombo ouvertes et la recherche des ressources d’énergie alternatives au bois.
Toutes ces initiatives devront être guidées par une vision du développement communautaire, accompagnée d’une gouvernance locale forte et participative et de l’engagement des pays décideurs.
4. Les ingrédients clés pour une « Alliance Verte »
- Une vision forte et une économie solide : La promotion de la gestion des zones de conservation en tant que moteur économique durable pour l’économie locale/nationale à court et à long terme, ainsi que la mise en œuvre de programmes d’atténuation du changement climatique.
- L’initiative est détenue et dirigée par des Congolais. Les champions/responsables de l’initiative doivent être des Congolais possédant un caractère de leadership ainsi que des valeurs et des compétences irréfutables.
- Le leadership politique de la RDC la soutient. Le soutien du président de la RDC et de l’élite dirigeante est essentiel pour assurer |’appui national et international nécessaire pour garantir le financement et l’engagement des partenaires dans la poursuite de cette initiative.
- Un dispositif institutionnel solide. Cette initiative doit être menée par une structure solide et viable de gouvernance en collaboration avec les pouvoirs publics et institutionnels du pays.
- Equipe internationale soutenant l’initiative. Il s’avère important d‘intégrer des partenaires et équipes internationaux réputés mondialement dans la mise en place de cette économie verte a un standard et une échelle mondiale.
- Un financement substantiel. L’accès à des ressources financières de long terme ne doit pas être une contrainte à cette initiative, car la qualité des résultats attendus en dépend.
5. Aperçu des activités de l’«Alliance Verte »
5.1. Le corridor de développement industriel
Le corridor de développement s’étend entre Kasumbalesa – Lubumbashi – Likasi – Kolwezi où l’exploitation minière (cuivre, cobalt, etc.) est la principale activité économique et où se trouvent également les populations urbaines principales en besoin d’amélioration et de renforcement d’infrastructures sociales, éducatives, sanitaires et de transport.
Afin de promouvoir le développement, la sécurité et l’épanouissement des communautés régionales et de l’industrie basés sur la création d’un environnement municipal prospère, les solutions aux besoins d’infrastructures doivent s’étendre toutefois à la production et distribution de l’énergie verte dans cette région.
5.2. Les zones d’élevage et d’agriculture
En mettant en place des systèmes durables de production alimentaire pour accroitre et améliorer la culture, transformation et commercialisation agricole et d’élevage en étroite collaboration avec les communautés locales et le secteur privé, l’«Alliance Verte» vise à augmenter la productivité de ces secteurs, fournir les denrées alimentaires nécessaires à la population, et assurer l’autosuf-fisance financière afin de réduire les importations des produits de base et permettre à la fois l‘accroissement des revenus dans les communautés rurales.
5.3. Les zones de la pêche durable
Le développement et mécanisation de la pêche durable constitue une priorité pour lutter contre l’insécurité alimentaire et financière des communautés riveraines, le poisson pouvant facilement compléter les besoins et protéines animales et étant donc une alternative à la viande de brousse pour les populations les plus précaires.
Un investissement dans le développement d’une pêche durable et mécanisée dans les systèmes de rivières et de lacs du bassin de la rivière Lufira ainsi que la dépression de Kamalondo, la création d’une chaîne de valeur et l’élargissement du marché intérieur des biens de consommation courante pourra offrir une alternative à la viande de brousse et une source d’autosuffisance alimentaire pour les populations locales.
5.4. Les zones de conservation
Au cœur de l’alliance se trouvent les parcs nationaux, qui représentent la zone de conservation visant à restaurer l’intégrité écologique, les habitants et les populations d’animaux sauvages historiquement abondants dans ces zones protégées. Cette zone existe pour protéger et surveiller le carbone et les services éco-systémiques qui soutiennent l’ensemble du paysage et pourrait être le moteur ‘une économie verte générant des revenus et des emplois issus de la finance carbone, de la foresterie communautaire et du tourisme de nature. Comme observé dans plusieurs pays voisins, de telles zones de conservation ont le potentiel de contribuer énormément au revenu national de la RDC. Par-dessus tout, le cœur vert du paysage est un endroit où les Congolais peuvent profiter, se détendre et se reconnecter avec leur patrimoine naturel et culturel.
5.5. Les zones au contre des initiatives d’énergie
L’« Alliance Verte » vise à mobiliser des partenaires et fonds nécessaires pour appuyer des actions immédiates dans la rénovation et la construction des infrastructures essentielles à la production et distribution d’énergie. Sans de telles infrastructures, la capacité de production sera immensément affectée.
6. Projets futurs
6.1. L’«Alliance Verte du Grand Katanga»:Plan mul-tisectoriel d’aménagement du territoire
Dans l’objectif de planifier une optimisation d’utilisation des terres à travers le Grand Katanga, il est essentiel de consolider les plus grands et meilleurs concepts d’utilisation des terres afin d’accroitre exponentiellement les rendements pour une plus grande portée. Pour optimiser le rendement des terres, nous devrions appliquer les meilleures pratiques de zonage des activités principales d’utilisation des terres dans des espaces à forte rentabilité.
6.2. L’initiative «Une Seule santé»
«Une seule santé»: terme utilisé pour décrire le principe selon lequel la santé humaine et la santé animale sont liées entre elles, que l’homme transmet des maladies aux animaux et inversement, de sorte que les mesures de lutte doivent concerner tant l’homme que les animaux ! Le but d’atteindre des résultats optimaux de santé pour les personnes, les animaux et l’environnement dans le paysage est possible grâce à la collaboration interdisciplinaire entre les professionnels de santé qui traitent de manière globale les complexités et les interconnexions entre les personnes, les animaux, les plantes et leur environnement partagé.
6.3. Projet d’élevage et de changement climatique du Grand Katanga
Ce projet vise à relever les défis interdépendants de l’insécurité alimentaire, de l’écologie et du climat par le programme d’élevage de bovins et de moutons croisés avec les communautés voisines de CUK, en participant dans les zones de plateau.
6.4. Projet d’éducation
L’objectif de l’«Alliance Verte » dans le cadre de l’éducation est de contribuer à la protection de l’environnement en encourageant une prise de conscience des enjeux écologiques et en favorisant des pratiques respectueuses des écosystèmes auprès de l’ensemble des élèves et membres des communautés locales. En plus, cette initiative prévoit d’intervenir plus activement dans les régions se trouvant à proximité des zones de conservation en développant, au sein des écoles et communautés, des activités induisant des changements de comportement et suscitant des attitudes et des pratiques favorables à la protection de l’environnement de développement d’activités durables et favorables pour la conservation de la nature.
7. La vision de l’alliance verte à long terme
La vision de l’«Alliance Verte du Grand Katanga » est celle de créer une économie diversifiée et prospère dans les quatre provinces et territoires du Grand Katanga, une vision fondée sur l’exploitation durable des ressources naturelles dans le but de jouer un rôle de leader mondial dans l’intégration d’un modèle d’économie verte capable de répondre aux besoins et aux aspirations de ses habitants.
En plus, cette vision souhaite étendre la collaboration et le partenariat aux zones voisins situées en RDC, notamment avec le Parc national de Nasumbu et la réserve de Kaputa.
Econews