ESU : polémique autour de la fermeture des facultés de médecine non viables

La ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, a abrité, il y a deux mois, les travaux des états généraux de l’enseignement supérieur et universitaire (ESU) en République Démocratique du Congo. L’objectif a été de faire l’état des lieux de ce secteur.  En prenant certaines dispositions qui font polémique actuellement, le ministre de tutelle a certainement tablé sur les avis et considérations émis par les participants au cours de ces assises. Cependant, si le Conseil d’Etat est arrivé à suspendre la décision du ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire relative à la fermeture des facultés de médecine non viables de certaines universités, la responsabilité incombe au gouvernement qui n’a pas été rigoureux dans l’octroi d’agrément de ces facultés. En conséquence, les étudiants payent les frais de cette légèreté.

La décision du ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU), Muhindo Nzangi, relative à la fermeture des facultés de médecine non viables dans certaines institutions de son secteur, a soulevé un tollé dans plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo où l’on enregistre des mouvements de contestation de la part des étudiants.

Déclarant recevable et fondée la requête introduite à cet effet par l’Université Libre de Kinshasa (ULK), le Conseil d’Etat, a, à la date du 16 novembre 2021, rendu publique une ordonnance dans laquelle il recadre le ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire en ce qui concerne l’interdiction de recrutement dans les facultés de médecine pour les établissements déclarés non viables. En conséquence, il suspend cette décision contenue dans sa note circulaire. Les parties seront notifiées par cette ordonnance qui sera aussi publiée au Journal officiel.

 Dans la réplique faite par le directeur de cabinet adjoint, Florent Mulumba Muadi, le ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire dit attendre la notification officielle du Conseil d’Etat avant toute autre procédure. Mais, il note que ce débat sur la faculté de médecine est sans objet à ce jour. «Qu’il s’agisse de la suspension ou toute autre décision concernant sa note circulaire, le ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire rappelle que le dossier des universités autorisées à faire fonctionner les facultés de médecine a déjà fait l’objet d’un arrêté ministériel postérieur à la note circulaire. Un quelconque débat est aujourd’hui sans objet. Tout en reconnaissant  que les établissements auxquels l’autorisation pour les facultés de médecine a été retirée ont le droit de faire tous les recours légaux envisageables, le ministère encourage tous ceux qui ont le projet d’ouverture et de réouverture de la filière médecine à se conformer aux conditions exigées avant de solliciter l’autorisation nécessaire. Notamment un personnel académique propre, des cliniques universitaires et laboratoires équipés, une bibliothèque appropriée, des bureaux et auditoires appréciés ».

Le gouvernement doit assumer

 La polémique entre le Conseil d’Etat et le ministère de l’ESU pouvait être évitée si le gouvernement s’était effectivement investi dans l’application stricte et rigoureuse des conditions exigées avant d’agréer une institution universitaire et supérieure. S’il en a été ainsi, on ne parlerait pas de la filière médecine non viable dans certains établissements de la République démocratique du Congo.

Au lieu de se lamenter de la mauvaise prestation de certains médecins dont la formation n’ a pas été solide, le gouvernement doit chercher les voies et moyens pour redonner une nouvelle image à l’enseignement supérieur et universitaire en RDC. Et cela, en tamisant toutes les demandes d’agrément qui lui parviennent. Un pays qui se respecte  doit disposer de personnes qui  maîtrisent les contours de la médecine tant sur le plan théorique que pratique. Et l’ouverture d’une faculté à caractère scientifique comme la médecine nécessite des matériels adéquats et appropriés.

Tant que le gouvernement ne s’assumera pas, on connaîtra toujours des déboires dans la formation des médecins pourtant appelés à veiller scrupuleusement à la santé des personnes.

Véron Kongo