Profitant de la décision de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’inscrire la Rumba congolaise au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, le Gouvernement se fixe l’ambition de saisir cette opportunité pour en faire un vecteur de paix et de la cohésion nationale. Convié jeudi au briefing habituel aux côtés de Patrick Muyaya Katembwe, porte-parole du Gouvernement, Mme la ministre de la Culture, des Arts et Patrimoine, Catherine Kathungu Furaha, a salué le travail réalisé par ses prédécesseurs pour obtenir cette décision de l’Unesco qui offre plusieurs possibilités, croit-elle, à la République Démocratique du Congo pour son rayonnement à l’échelle mondiale.
De la République Démocratique du Congo au Congo-Brazzaville, deux pays liés de par une culture commune, se trouvent les origines de la Rumba. Sur les deux rives du fleuve Congo est née cette danse, « Nkumba », qui signifie tout simplement : « nombril » dans les langues de l’ancien Royaume Kongo. C’est de cette danse qui s’exhibait avec un homme et une femme « collé-serré », autrement dit « nombril contre nombril », que vient la « Rumba », contraction de « Nkumba ».
Avec l’esclavagisme, les Africains, particulièrement les Congolais, arrachés à leurs Royaumes, ont emmené avec eux un bagage immatériel, la culture et la musique, dans les Amériques, terre d’esclavage.
La « Rumba » a traversé les frontières et les océans. « La rumba est une passion partagée par tous les Congolais… elle est exécuté partout dans le monde. Qu’on reconnaisse la paternité de cette danse à la RDC est une fierté pour les deux Congo voisins », s’est félicité Mme la ministre de la Culture.
La Rumba est tentaculaire, dans tous les domaines de la vie nationale. «A l’époque du Marechal Mobutu, la musique en général, était utilisé pour pérenniser la cohésion nationale », a indiqué le Ministre Patrick Muyaya. « Raison pour laquelle, nous allons organiser des concerts pour soutenir nos FARDC qui sont actuellement en guerre dans la partie Est de la RDC » a-t-il indiqué.
Aujourd’hui, il s’agit de s’appuyer sur cette fibre culturelle qu’est la Rumba pour consolider la paix et la cohésion nationale, a relevé Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias. « La rumba est un élément fédérateur de cohésion sociale », croit-elle.
Depuis des années jusqu’à ce jour, la musique congolaise continue de jouer son rôle interpellateur, aussi bien dans la vie politique que sociale des communautés.
« Avec la musique, on ne meurt jamais », a fait remarquer Mme la ministre. « Indépendance cha-cha », titre de Joseph Kabasele, dit « Grand Kalé », et de son orchestre African Jazz, est devenu, à ce titre, une sorte d’hymne des indépendances africaines, a laissé entendre la ministre de la Culture.
Depuis les années 60, la Rumba congolaise a gagné du terrain, il y a eu et il y a des hommes et des femmes qui ont choisi la musique comme métier pour l’exporter au-delà des frontières nationales. De la première à la cinquième génération de la musique congolaise, la Rumba congolaise n’a pas de rides. Bien au contraire. Grand-Kalé, Grand-maître Franco, Wendo Kolosoyi, Tabu Ley, Pepe Kalé, Papa Wemba et tant d’autres ont porté très haut le drapeau de la RDC dans le domaine de la culture.
Pour avoir accompagné l’histoire politique de la RDC, la ministre de la Culture note que « la Rumba joue beaucoup plus le rôle fédérateur des cultures et d’égaiement ».
A ce titre, Patrick Muyaya est d’avis que « la Rumba est un héritage de l’histoire de la musique du monde ». Pour une meilleure appropriation de ce trésor, le porte-parole a annoncé une action de grande envergure qui va associer son ministère, celui de culture, Arts et Patrimoines ainsi que le ministère du Tourisme pour promouvoir la culture congolaise. « C’est aussi cela le changement de narratif » que prône le Gouvernement Sama Lukonde, sous le leadership du Président Félix-Antoine Tshisekedi.
L’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco prouve que la Rumba congolaise continue d’écrire son histoire. Par la diversité de ses styles et rythmes, la Rumba mérite fait désormais de ce patrimoine immatériel de l’humanité, protégé par l’Unesco.
Tighana Masiala