Questions à ceux qui évoquent un complot politique :
1. Constant Mutamba est un membre du gouvernement. Lorsque vous parlez d’un « complot politique », de qui proviendrait-il précisément ?
2. Vous affirmez qu’il aurait « beaucoup gêné ». Mais qui aurait-il gêné ? Le président de la République, la première ministre, ou d’autres acteurs ?
3. Avez-vous pris connaissance du réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation? Si oui, comment maintenir la thèse du complot face aux éléments accablants évoqués ?
4. Un marché de gré à gré, passé sans l’avis de non objection de la DGCMP, est-il conforme à la légalité ? Déplorer cette irrégularité, est-ce un complot ?
5. Autoriser un virement de 19 millions USD, méconnu du ministère des Finances, vers un compte ouvert seulement 24 heures auparavant avec un dépôt initial de 5 000 USD. Cela vous semble-t-il normal? Est-ce un «complot» que de dénoncer cette irrégularité ?
6. L’entreprise bénéficiaire a été enregistrée au guichet unique de création des entreprises en mars 2024. Doit-on ignorer cette coïncidence troublante ?
7. Ces 19 millions USD proviennent des fonds versés par l’Ouganda pour indemniser les victimes de la guerre de Kisangani, fonds censés être gérés par FRIVAO (établissement public). Les rediriger vers la construction d’une prison constitue-t-il une désaffection légale, ou un détournement pur et simple ? Dire qu’une désaffection est un détournement, est-ce un complot politique ?
8. Construire un bâtiment public, différent d’une simple réhabilitation, est-ce du ressort du ministère de la justice ou de celui des ITP ? Est-ce un complot d’être offusqué par le fait que le ministère des ITP a été bypassé ?
9. Pourquoi chercher systématiquement des excuses lorsqu’un responsable public est mis en cause par la justice ?
Prudence oblige
Le détournement de deniers publics est malheureusement devenu une pratique systémique en RDC, particulièrement parmi nos dirigeants. Face à cela, les Congolais devraient :
– Pencher du côté de l’intérêt national plutôt que de défendre des individus faillibles, aussi influents soient-ils (à l’exception, bien sûr, des proches et collaborateurs directs, souvent biaisés par leur loyauté).
– Examiner les faits avant de prendre parti pour un camp politique.
– Exiger une reddition des comptes rigoureuse de la part de nos mandataires publics.
Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons espérer des dirigeants au service du pays, et non de leurs intérêts privés.
NB : Cela ne signifie pas que Mutamba est coupable. Cependant, il doit s’expliquer pour préserver sa réputation d’homme intègre, image qu’il s’est lui-même adjugé.
Ambroise Mamba
Journaliste et chercheur en sciences politiques