La moisson aura été fructueuse et abondante, dit-on, après le séjour du chef de l’Etat et de la délégation congolaise à New York en marge de la 78ème session ordinaire de l’assemblée générale de l’ONU. Menant un fort lobbying comme de coutume en pareille circonstance, Félix Tshisekedi a obtenu, entre autres, l’ouverture de l’ambassade israélienne à Kinshasa, tandis que lui-même s’engageait à transférer la mission diplomatique de son pays de Tel-Aviv à Jérusalem. Ce n’est guère le cas ici de tirer des plans sur la comète, encore moins de supputer sur l’accueil que feront ses collègues de l’Union africaine de cette… dernière initiative, eux qui, dans leur quasi-majorité, n’ont pas sauté le pas pour ne pas trahir leur soutien au peuple palestinien soumis au joug meurtrier de l’Etat hébreux (Donald Trump et Moussa Fakhi Mahamat apprécieront).
Jusque-là, rien que de plus courant dans la démarche diplomatique d’un régime dans sa recherche éperdue d’une reconnaissance distillée à compte-gouttes par des « partenaires extérieurs » qui ont parfaitement conscience d’être en présence d’un interlocuteur arrivé à la fin d’un mandat en dents de scie.
Seulement, parmi les accords conclus avec le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou figure celui de l’apport israélien dans la lutte contre la cybercriminalité. Difficile à ce stade de ne pas s’inquiéter de la vente probable à l’Etat congolais – si ce n’est pas encore le cas – du fameux logiciel-espion Pegasus qui a défrayé la chronique il y a peu. Développé par la société israélienne NSO Group, son acquisition nécessite une licence du ministère israélien de la Défense. Il est destiné à attaquer les Smartphones sous IOS et Android.
La description qu’en donne Wikipedia fait dresser les cheveux sur la tête : « Installé à distance sur un appareil, il peut contourner tous les systèmes de sécurité et accéder aux fichiers, messages, photos et mots de passe sur les Smartphones. Il peut aussi écouter les appels téléphoniques, et déclencher l’enregistrement audio, la caméra ou la géolocalisation ». Et de conclure : « Pegasus est considéré comme une arme de guerre ».
Surveillés, écoutés de jour comme de nuit à leur insu, des centaines de personnalités dans le monde, dont des journalistes et des chefs d’Etat en ont fait les frais. Personne n’est à l’abri des incursions malveillantes de Pegasus.
Le logiciel-espion israélien installe peu à peu à travers la planète l’univers orwelien où aucune parole, aucun geste n’échappe à Big Brother.
Econews