La Banque africaine de développement (BAD), qui réunira en mai prochain l’écosystème de la finance mondiale à Charm-el-Cheikh, en Egypte, entend convaincre le secteur privé de multiplier les engagements en faveur de la croissance durable de l’Afrique.
«Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique», tel est le thème retenu cette année pour les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) qui se tiendront du 22 au 26 mai à Charm el-Cheikh en Egypte. Pour la BAD qui a réuni la presse ce jeudi 20 avril, il s’agira surtout de mettre l’accent sur une «alternative efficace» au financement public.
Si Accra l’an dernier, la Banque avait abordé la problématique climatique et la transition verte en Afrique de manière générale, l’institution financière multilatérale panafricaine fait le choix cette fois de se focaliser sur le potentiel du financement émanant du secteur privé, à un moment où l’argent public peine être conséquemment disponible. En effet en proie – comme toutes les régions du monde- aux crises succinctes et aux changements géopolitiques qui prévalent depuis trois ans -d’abord la Covid-19, puis l’invasion russe en Ukraine-, le continent africain fait face à manque criard de ressources financières. Sur le seul volet climatique, les besoins sont évalués à plus de 125 milliards de dollars par an. Alors que le continent est étranger aux causes de ces dérèglements climatiques (représentant seulement 4% des émissions mondiales de carbone) et qu’il a besoin de s’industrialiser, les pays développés s’étaient engagés à lui verser 100 millions de dollars par an. Cependant, l’Afrique n’en perçoit que 18 milliards.
Mais alors que l’agenda de développement du continent suit son cours et que sa population continue de s’accroitre, l’Afrique est en quelque sorte contrainte de se développer de la manière la plus durable possible. «Il est important pour nous à la BAD que le continent réussisse à relever les défis qui s’imposent à lui dans le contexte actuel et que nous arrivions à placer l’adaptation climatique au cœur des stratégies économies de tous les pays de notre continent», a déclaré le professeur Vincent Nmehielle, secrétaire général de la BAD.
La BAD entend par ailleurs amplifier son appel à la mobilisation du secteur privé mondial pour le financement du climat et de la croissance verte en Afrique en rappelant le caractère exogène des facteurs déclencheurs des récents changements, un peu comme l’expliquait le président Akinwumi Adesina dans un entretien avec La Tribune Afrique en novembre dernier : «La sécheresse n’envoie pas un email pour dire : ‘Je viens’. L’inondation n’envoie un Whatsapp pour dire : ‘Je viens’. Ce sont des chocs qui nous surprennent et nous en subissons les conséquences».
D’après lui, la mobilisation des financements doit se faire à tous les niveaux, pour éviter que le continent soit à la merci des évolutions mondiales. «Il faut absolument que le continent africain devienne plus indépendant, parce que les situations géopolitiques changent, mais notre avenir ne doit pas dépendre de la géopolitique mondiale», estimait alors le président de la BAD.
Ces assemblées annuelles de Charm el-Cheikh seront également l’occasion pour le Conseil des gouverneurs de la Banque de siéger et de statuer sur les priorités immédiates de cette institution basée à Abidjan et dont le capital est fourni par les 54 pays africains et 26 pays non-régionaux dont la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, le Japon, l’Inde ou encore le Canada.
Avec La Tribune Afrique