La situation politique en République démocratique du Congo est actuellement marquée par un immobilisme inquiétant, alors que plus de 90 jours se sont écoulés depuis l’investiture du Président Félix Tshisekedi pour un second mandat. De plus, la Première ministre nommée, Mme Judith Suminwa, attend depuis plus de 20 jours pour pouvoir exercer pleinement ses fonctions. Au cœur de cette impasse se trouve l’Assemblée nationale, censée être le lieu où les décisions politiques cruciales sont prises. Cependant, une bataille féroce entre les membres du présidium pour le contrôle du perchoir de la chambre basse du Parlement a paralysé le fonctionnement de l’institution. Cette lutte de pouvoir a plongé le pays dans une léthargie institutionnelle qui perturbe le bon fonctionnement de l’État.
Tradition respectée vendredi dernier à la Cité de l’Union africaine. Le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a présidé la 133ème réunion ordinaire du Conseil des ministres. Rien de plus ordinaire, serait-on tenté de dire avec un léger haussement d’épaules. Justement non ! Cette réunion-là n’avait rien d’anodin. En effet, autour du Président Tshisekedi, des ministres élus députés qui continuent de tenir leurs charges au gouvernement. Surtout, à ses côtés, un Premier ministre réputé démissionnaire et député élu de surcroît, alors que sa successeuse est nommée depuis plus de trois semaines et n’arrête pas de «consulter» !
Les ministres sortants ont beau s’appuyer sur la directive présidentielle du 20 février 2024 relative à l’expédition des affaires courantes par le gouvernement démissionnaire, l’opinion commence à trouver le temps long. Elle est d’autant plus désorientée que le gouvernement n’est pas le seul à afficher cette posture singulière.
A l’Assemblée nationale où fait rage une lutte au couteau pour l’occupation du perchoir, les choses ne vont pas pour le mieux. Entre un président (sortant) détenteur de pleins pouvoirs, comme celui de convoquer une plénière décisive dont il ne veut pas entendre parler, et des ambitieux qui estiment que le fauteuil leur revient de droit divin pour avoir favorisé la réélection de l’Autorité morale de l’Union sacrée, les ingrédients d’un blocage appelé à durer sont réunis au grand dam de la Première ministre dépourvue d’une équipe gouvernementale dont l’investiture reste un mystère.
Marche à tâtons
Entre-temps, les anciens collègues de Judith Suminwa au gouvernement Sama II, élus à la chambre basse du Parlement, continuent le cumul des fonctions comme si de rien n’était. Les uns participent aux réunions annuelles des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) à Washington, tandis qu’au pays, la chargée de la Culture sollicite plus de 100 mille dollars US pour, dit-on, commémorer les 8 ans de la disparition du chanteur Papa Wemba !
Jamais sans doute le pays ne connut une telle période de léthargie institutionnelle. Même le temps écoulé jadis entre la nomination du Premier ministre Ilunga Ilunkamba et sa prise de fonction n’est pas comparable aux incertitudes dans lesquelles évolue le début du second quinquennat de Félix Tshisekedi.
Les quatre mois de flottement avant la nomination du gouvernement FCC-CACH étaient le fait de difficiles tractations précédant un gouvernement de coalition. Une contrainte qui pourtant ne pèse pas sur l’Union Sacrée de la Nation qui a tout raflé au terme des élections générales du 20 décembre 2023.
Face à cette situation critique, il est impératif que les acteurs politiques mettent de côté leurs intérêts personnels et travaillent ensemble pour sortir le pays de cette impasse. Il est temps de privilégier le dialogue et la coopération pour permettre à la République démocratique du Congo de retrouver une stabilité politique et institutionnelle essentielle à son développement.
A se demander qui, ou qu’est-ce qui bloque la machine ?
Econews