Depuis quelque temps, une série de manifestations anti-Monusco ont éclaté dans la ville de Goma et celle de Butembo, causant mort d’hommes de deux côtés, civils et casques bleus. A Butembo, après les manifestations du week-end dernier, un mouvement de déplacement des équipements de la mission onusienne se fait remarquer dans la ville en début de cette semaine. L’autorité provinciale parle de la fermeture du bureau de la Monusco dans cette ville commerciale du Nord-Kivu. Du côté de la Monusco, on parle plutôt d’un déplacement vers un autre site. Une confusion totale règne dans la tête de la population qui ne jure que sur le départ de la mission onusienne de la ville.
En début de cette semaine, la mission des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) procédait au déplacement de certains de ses équipements et éléments du site de Butembo.
A en croire le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Lieutenant-Général Constant Ndima, ce retrait est intervenu après des manifestations populaires qui se sont éclatées dans la ville de Butembo depuis, et qui ont causé une dizaine de morts et plusieurs blessés.
Devant la presse, l’autorité provinciale a fait savoir que «la MONUSCO est déjà partie». Du côté de la mission onusienne, on signale qu’ «il ne s’agit pas d’un retrait, mais plutôt d’un redéploiement sur un autre site ».
«En ce qui concerne le départ de la MONUSCO, nous avons parcouru cette problématique. La MONUSCO est déjà partie. […] Pour les équipements encore dans la ville, nous allons nous réunir à Goma avec les responsables de la mission onusienne, pour voir comment les évacuer », a fait savoir le gouverneur militaire du Nord-Kivu lors d’un point de presse.
Selon la MONUSCO, il s’agit d’une fausse information larguée dans la communauté par des personnes de mauvaise foi. La porte-parole intérimaire de la mission onusienne en RDC, Mme Khady Lo, a indiqué, pour sa part, que les mouvements de ces matériels et éléments onusiens vers un autre site n’expliquent pas la fermeture de la base.
«Nous ne quittons pas Butembo. Il s’agit d’un redéploiement de certains de nos matériels vers un autre site. Nous sommes toujours engagés à soutenir les FARDC à Butembo et partout ailleurs dans le Nord-Kivu», a précisé un haut responsable de la Monusco.
Cette contradiction risque d’enflammer encore la situation. Certains mouvements citoyens disent avoir l’assurance des autorités pour le départ imminent de la mission onusienne de la ville.
Du côté de la Monusco on ne semble pas retenir la leçon. Et pourtant la ville de Butembo avait repris son calme après plus d’une semaine des tensions, avec notamment les manifestations qui s’étaient soldées par mort d’hommes. S’en était suivie l’attaque contre la prison centrale par des rebelles l’ADF qui a occasionné l’évasion de plus de 800 détenus, le mercredi 10 août dernier. Mais aussi, les échauffourées du vendredi, au poste de contrôle de Kangothe, sortie nord de Butembo, ayant entraîné la mort d’au moins quatre policiers en plus de trois Jeeps de la Police incendiées.
Les habitants de Butembo ne jurent que sur le retrait effectif de la Monusco après la mort des civils occasionnée par les tirs à bout portant sur des civils non armés.
La question du départ de la mission onusienne reste pendante. La population est sur le qui-vive. La tension risque de monter d’un cran dans la province. Entre les versions croisées de l’autorité provinciale et de la Monusco, le flou persiste. Si l’on tient à la version de la Monusco, il faut craindre des nouvelles échauffourées à venir.
Tighana Masiala