Le contingent de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a entamé son «redéploiement» de la ville de Butembo au Nord-Kivu dans la nuit de samedi à dimanche, en direction du territoire de Lubero-Rwindi-Kiwanja-Goma. Le déménagement des Casques bleus, de leurs véhicules et du matériel devrait s’étaler sur trois jours. En termes militaires, le « redéploiement » est une relocalisation des troupes d’une base à une autre. C’est en réalité un euphémisme qui désigne soit une retraite souvent qualifiée de « stratégique », ou une déroute pure et simple.
En attendant son départ définitif du territoire congolais – du reste programmé –, la Monusco abandonne Butembo après le saccage et le pillage de ses installations par des manifestants hostiles chauffés à blanc par des discours politiques. Des violences qui se sont soldées par la mort de cinq casques bleus et d’une trentaine de manifestants.
Pour autant, l’abandon de Butembo consacre-il une défaite des troupes onusiennes ? Négatif. Les Casques bleus n’étaient pas engagés dans une confrontation armée avec une force ennemie identifiée : ils ont été vaincus par l’opinion publique, par un peuple fatigué de la frilosité de troupes dont le mandat reçu du Conseil de sécurité des Nations Unies inscrit en priorité la protection des populations civiles. Alors, quand les «protecteurs» sont d’une inefficacité manifeste en 22 années d’une coûteuse présence, les victimes se rebiffent : on ne protège pas un peuple contre son gré !
La Monusco fait dorénavant profil bas, certes. Mais cette attitude ne devrait pas faire l’objet d’un triomphalisme mal placé : les malheurs de la Mission financée par des puissances occidentales, les Etats-Unis en tête, ne resteront pas sans conséquences. Non seulement Kinshasa devra répondre de la mort des Casques bleus tués dans des circonstances fumeuses, mais le gouvernement doit déployer des efforts diplomatiques intenses pour espérer un appui logistique de la Monusco dans le déploiement futur du matériel électoral.
Sans compter qu’au moment où les Casques bleus font leur paquetage, le ministre congolais de la Défense participait à une conférence sur la sécurité à Moscou, en Russie. Des images publiées sur les réseaux sociaux ont même montré Gilbert Kabanda passant en revue une colonne de chars russes. Les deux évènements n’ont aucun rapport, mais tout est question de rapport des forces.
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