Le journaliste et essayiste camerounais Charles Onana comparaît du 7 au 10 octobre devant le Tribunal de Grande Instance de Paris (France). L’auteur d’Holocauste au Congo. La France complice ? et de bien d’autres ouvrages se rapportant au génocide des Tutsi et des Hutu modérés au Rwanda en 1994 est poursuivi pour négationnisme par une kyrielle d’organisations dont la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), Survie…
Le brillant conférencier n’a eu de cesse au cours de la dernière décennie de remettre en question les thèses défendues par le régime tutsi du Rwanda tant sur le nombre de victimes que par le rôle de la France à travers l’Opération Turquoise. Charles Onana impute aussi régulièrement à l’armée du FPR (Front patriotique rwandais) la disparition dans les forêts congolaises de plus de 200 mille réfugiés hutu pourchassés avec des complicités des puissances anglosaxonnes (Etats-Unis et Royaume Uni).
Bien plus, Charles Onana pointe du doigt le régime de Kigali et son président Paul Kagame, les accusant d’un autre génocide, oublié mais sans fin celui-là, qui se déroule en République Démocratique du Congo depuis. Il clame que le conflit, alimenté par le Rwanda grâce à l’utilisation de proxies (RCD, CNDP, et aujourd’hui M23), a pour seule finalité le pillage des ressources du sol et du sous-sol de la riche province du Nord-Kivu, et même au-delà.
»C’est important », a-t-il déclaré à l’ouverture de son procès, « que le peuple congolais retrouve sa dignité, sa fierté. On doit reconnaître le statut de victime au peuple congolais. On ne peut pas avoir 10 millions de morts et on fait comme si de rien n’était. Pour moi, les victimes congolaises existent. Il faut leur donner un visage « .
Curieusement, les victimes congolaises (encore vivantes) ne semblent pas faire grand cas de la comparution du courageux Camerounais disposé à expier à leur place un crime qu’il n’a pas commis.
C’est vrai qu’à Kinshasa, les regards sont tournés ailleurs. Quand ce n’est pas une polémique stérile autour de la réhabilitation d’une piste d’aviation retournée à la brousse par un opposant, c’est une lutte bruyante autour de la révision de la Constitution.
Pendant ce temps, l’opinion se passionne sur l’interpellation d’influenceuses et journalistes arrêtés dans la plus pure des traditions qui semblent héritées de la Gestapo hitlérienne, et de policiers qui ouvrent le feu au cours d’une manifestation de jeunes élèves.
Mais il y a pire : il se trouve aussi des Congolais qui ignorent jusqu’au nom de Charles Onana, leur avocat bien malgré lui et qu’ils ne méritent pas.
MWIN MURUB FEL