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Christian Bosembe sur un siège éjectable : plénière de tous les enjeux ce jeudi au CSAC

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), instance clé de régulation médiatique en République Démocratique du Congo, traverse une crise sans précédent. Son président, Christian Bosembe, est accusé par six membres de l’assemblée plénière de méthodes autoritaires et de contournement des procédures, plongeant l’institution dans un climat de défiance et de confrontation ouverte.

Tout a commencé avec une lettre ouverte du haut-conseiller Jean-Pierre Eale, dénonçant les «méthodes peu commodes» de Christian Bosembe. La crise s’est intensifiée lorsque trois membres du CSAC – dont deux signataires de la lettre – ont été convoqués par le Conseil national de cybercriminalité (CNC), une instance sécuritaire relevant de la Présidence de la République. Pour les opposants à Bosembe, cette convocation, perçue comme une intimidation, a été «la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».

Malgré les demandes répétées de six conseillers (Serge Kabongo, Chantal Kanyimbo, Alain Nkoy, Arthur Mayala, Jean-Pierre Eale et Mimi Engumba), Christian Bosembe a refusé de convoquer une plénière extraordinaire pour examiner ces griefs. Les dissidents l’accusent d’esquiver un débat nécessaire sur les «maux qui minent le CSAC», notamment des suspicions de partialité dans la gestion des dossiers sensibles et d’opacité administrative.

JEUDI, JOUR DECISIF

Les tensions atteindront leur paroxysme ce jeudi 17 avril lors de la plénière statutaire mensuelle, que Christian Bosembe ne peut éviter. «Il est obligé de la convoquer, c’est réglementaire», a martelé un des haut-conseillers opposants, déterminé à inscrire à l’ordre du jour leurs revendications initialement destinées à une session extraordinaire. «On va en découdre», a-t-il averti.

Parmi les exigences : un audit interne, un réexamen des récentes décisions prises « unilatéralement » par Bosembe, et une clarification des relations entre le CSAC et le CNC. Les opposants soupçonnent une instrumentalisation de la cyber-criminalité pour museler les voix critiques au sein de l’institution.

La question de la légitimité de Christian Bosembe à diriger le CSAC se pose ouvertement. Malgré des tentatives de médiation menées par le conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité et le 1è vice-président de l’Assemblée nationale, les tensions n’ont pas été apaisées. «Le vent violent qui souffle à l’assemblée plénière du CSAC pourrait bien l’emporter», confie une source proche du dossier, laissant entendre que Bosembe pourrait être contraint à la démission ou destitué.

Ses soutiens, minoritaires, dénoncent une «crise artificielle» alimentée par des «ambitions personnelles». Pourtant, même au sein de la majorité silencieuse, des voix s’élèvent pour réclamer plus de transparence.

Le CSAC, garant de l’éthique médiatique et de la liberté de la presse, se retrouve paralysé par cette guerre interne, dans un contexte où la régulation des médias et des réseaux sociaux est plus que jamais sensible. Les observateurs s’inquiètent des conséquences sur la crédibilité de l’institution, déjà critiquée pour son manque d’indépendance présumé.

En attendant, Christian Bosembe, dos au mur, incarne désormais les contradictions d’une institution censée incarner la démocratie, mais minée par ses propres divisions. L’histoire retiendra si cette tempête aura renforcé le CSAC… ou précipité sa chute.

Hugo Tamusa

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