En trois déplacements dans son Kasaï natal, le Chef de l’Etat, Félix-Tshisekedi Tshilombo, a compris jusqu’où ses conseillers, ceux qui forment son précarré à la Présidence de la République, l’ont trahi. Pour son dernier déplacement dans le Kasaï Oriental – rappelons que Tshisekedi était élu député national en 2011 à Mbuji-Mayi – le Président de la République a découvert le désastre d’un peuple qui sent lassé de ses promesses. En son temps, le Maréchal Mobutu disait : «Il n’y a pas de mauvais chef, il n’y a que de mauvaises troupes». Tout récemment, le président honoraire Joseph Kabila s’était plaint de ne pas avoir trouvé « 15 bon collaborateurs» pour l’aider à développer le Congo. Qu’en est-il de Félix Tshisekedi ? Serait-il, comme ses deux prédécesseurs, malade de son entourage qui ne l’aide pas à réaliser son rêve d’un Congo « plus beau qu’avant».
Dès l’entame de son deuxième mandat à l’issue de l’élection présidentielle, unanimement jugée chaotique de décembre 2011, Joseph Kabila, alors Président de la République, était sorti de son mutisme légendaire pour exprimer son amertume dans une déclaration qui, curieusement, reste plus que jamais actuelle, quatre ans après la passation du pouvoir.
L’homme de Kingakati avait déclaré qu’il peinait à trouver au moins quinze (15) collaborateurs qui l’eussent aidé à mener à bien son programme de gouvernement. Il va de soi que le sérail constitué des tout puissants caciques du PPRD (passés depuis avec armes et bagages dans le camp de l’Union sacrée), en avait pris un fameux coup.
Des observateurs estiment que c’est à partir de cette déclaration de JKK que sa majorité au pouvoir avait amorcé sa glissade qui devait culminer avec la débâcle du candidat FCC Emmanuel Shadary à la présidentielle de 2018, et l’avènement de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, n’en déplaise aux tenants de «petits arrangements à l’africaine», selon la pique certainement malveillante d’Yves Le Drian, à l’époque ministre français des Affaires étrangères.
A douze mois des élections générales dont la présidentielle qui déjà soulève bien des passions, les grandes lignes du quinquennat de Félix Tshisekedi sont déjà en train de s’écrire. Et un chapitre important sera certainement consacré au rôle joué par ses conseillers dont le nombre avoisinerait le millier. Treize d’entre eux viennent d’être remplacés dans une refonte des services de la présidence au cours d’une cérémonie fortement médiatisée.
Il se pose tout naturellement ici la question de savoir le rôle véritable des conseillers du Présidence de la République, du Premier ministre, d’un ministre ou toute autre autorité publique.
Libre opinion
Selon le chercheur Santini be Lesayon, «les conseillers ne peuvent pas représenter le président de la République, le Premier ministre, le ministre ou toute autre autorité publique à quoi que ce soit et où que ce soit. Ils ne peuvent pas prendre la parole en public au nom du Président de la République, etc. Tout simplement parce qu’ils ne sont revêtus d’aucune autorité publique. Ils ne sont pas les adjoints des autorités publiques précitées. Ils se trouvent plutôt, tout simplement, à leur service en tant que conseillers. Ils travaillent dans leurs antichambres. Et il ne devraient pas en sortir».
Or, la réalité est tout autre. Les «conseillers» se réclamant de la Présidence de la République sont dorénavant sous les feux des projecteurs. En quatre ans du pouvoir UDPS, des scandales à répétition impliquant des «conseillers» du chef de l’Etat défraient régulièrement la chronique. Des détournements de deniers publics à l’attribution en toute illégalité des marchés publics en passant par des nominations hors des instances habilitées, chaque jour apporte son lot à l’opprobre qui immanquablement rejaillit sur le président de la République et son parti, auréolé d’une lutte de près de quatre décennies pour l’établissement d’un Etat de droit et de bonne gouvernance.
Plus influents que les membres du Gouvernement, voire des élus du peuple, et désormais affublés du titre d’«Excellence», ils sillonnent la ville sous de bruyantes escortes, quand ils n’investissent pas les plateaux de télévision, où ils se répandent dans des discours indéchiffrables.
Tirant leur «force» de leurs origines communes avec le Chef de l’Etat (le Kasaï), ils n’hésitent pas à user de la menace face aux forces de l’opposition, réduite aux simples suppôts d’un pouvoir dévolu.
En son temps, Lwambo Makiadi Franco chantât : «Entourage esalaka mabe po nini (Ndlr : l’entourage joue un mauvais jeu)». Cet artiste, alors en vie, fustigeait ces privilégiés des couloirs du pouvoir qui n’aident pas le chef à travailler pour son peuple.
Décidément, depuis Mobutu jusqu’à Tshisekedi, en passant par Joseph Kabila, la RDC peine à s’extirper de ce vieux démon d’un entourage encombrant qui n’accompagne pas le chef dans sa vision. Mobutu en a souffert, Joseph Kabila l’a dénoncé, finalement Tshisekedi en pâtit. Triste réalité !
Econews