Comment gagner la guerre mercantiliste de l’Est

L’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est ravagé par trois décennies de guerres incessantes, ayant fait des millions de victimes civiles et militaires. Alors que la situation s’enlise dans une impasse militaro-politique et que la violence fait rage, qu’en est-il des convoitises sur les ressources naturelles de la partie Est de la RDC ?

L’insécurité en RDC est alimentée par un engrenage complexe mêlant géopolitique, rivalités ethniques et nationales, et bataille pour le contrôle des ressources naturelles qui abondent dans l’est du pays.

Afin de mieux envisager la dure, longue et indispensable guerre pour son développement intégral, intégré et durable, le Congo de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo doit préalablement gagner, coûte que coûte, la guerre mercantiliste ou de pillage que le Rwanda de Paul Kagame, commandité par quelques puissantes multinationales occidentales friandes des minerais critiques et stratégiques congolais, lui impose dans sa partie orientale depuis bientôt 30 ans. Mais, comment doit-il s’y prendre ?

Nous dénonçons et accusons, avec des preuves palpables reconnues et confirmées par les Nations Unies à l’appui, le Rwanda de Paul Kagame de déstabiliser la RD-Congo en lui menant une guerre insensée et injuste depuis bientôt 30 ans. En effet, ce pays voisin, très insuffisamment doté en espace vital et en ressources naturelles, s’est trouvé les voies et moyens de s’enrichir sur le dos du Congo. Il réclame au Congo de lui restituer, en faussant l’histoire et en foulant aux pieds la charte internationale relative à l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, nos territoires de Masisi et de Rutshuru. Il prétend que ces deux territoires lui auraient appartenu avant le dépeçage de l’Afrique, en 1885, par les puissances coloniales européennes.

Pour ce, il se fait intensément armer par certaines multinationales occidentales. Il attaque et déstabilise constamment le Congo par ses forces armée et ses multiples groupes armés et terroristes, principalement le M-23. Il devient ainsi le commissionnaire et le fournisseur attitrés de ces multinationales occidentales, par la contrebande et la fraude qu’il organise à l’intérieur du Congo, des minerais critiques et stratégiques congolais très activement recherchés sur le marché mondial. Depuis lors, son économie dépendrait, à environ 60%, de cette guerre de pillage. Les puissances impérialistes occidentales, en particulier, et la communauté internationale, en général, sont très bien informées de cette grave situation. Cependant, elles restent généralement indifférentes et silencieuses à ce sujet. Elles ne font pas grand-chose, depuis bientôt 30 ans, pour aider le Congo à la juguler. C’est ainsi que les Congolais les considèrent désormais comme les complices des ennemis de leur pays.

NE PAS FORGER, NOUS-MËMES, NOS CHAÏNES

Cependant, nous demandons, aux mêmes puissances occidentales et à la même communauté internationale, rigidement tenue au cou par ces dernières, de s’impliquer davantage et activement dans cette guerre de pillage de l’Est pour sortir le Congo, notre pays à nous, du gouffre dans lequel le Rwanda de Paul Kagame, derrière lequel se retranchent des multinationales occidentales friandes des minerais critiques et stratégiques congolais, l’a précipité depuis bientôt 30 ans. Mais, sommes-nous conscients des conséquences immédiates et lointaines de notre comportement, de nos attitudes et de nos pratiques actuels ? Savons-nous qu’en agissant ainsi, nous forgeons, nous-mêmes, nos propres chaînes ? En effet, s’il nous arrivait de gagner cette guerre mercantiliste de l’Est grâce à l’Occident, nous lui aurions déjà donné, sans nous en rendre compte, toutes les raisons du monde de renforcer davantage sa domination sur nous !

De même, nous demandons à la Russie de Vladimir Poutine ou à la Chine de Xi Jinping de nous prêter mains fortes pour juguler cette guerre de pillage de l’Est que le Rwanda de Paul Kagame, discrètement soutenu par de puissantes multinationales occidentales, nous impose depuis bientôt 30 ans. Mais, sommes-nous conscients que nous forgeons ainsi, nous-mêmes, nos propres chaînes ? Car, s’il nous arrivait de remporter cette guerre de pillage grâce à l’une ou l’autre de ces deux superpuissances mondiales, elle aurait ainsi de fortes raisons de récupérer sur le champ, d’une manière ou d’une autre, la place laissée vacante par l’Occident. Dans cette éventualité, nous n’aurions fait que changer de tutelle impérialiste.

Nous serions donc tout simplement sortis d’un impérialisme que nous connaissons et que nous qualifions de mauvais pour entrer immédiatement sous le joug d’un nouvel impérialisme, russe ou chinois, que nous ne connaissons pas suffisamment, mais que nous croyons plus vertueux que le précédent.

Nous commettons là, inconsciemment, une erreur grave et lourde conséquences. En effet, nous oublions que tous les impérialismes, quels que soient leur origine géopolitique, leur couleur idéologique et le visage qu’ils montrent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent le même but ultime : dominer politiquement, économiquement, socialement et culturellement les autres pays, surtout les plus faibles, en vue de les exploiter à leur guise. Autrement dit, tous les impérialismes sont, à quelques nuances près, les mêmes. Egocentriques, ils sont toujours accrochés à la promotion, à la défense et l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres pays, surtout les plus faibles, qu’ils exploitent inconsidérément. Ils laissent généralement, partout où ils passent et dans tous les contextes, les mêmes empreintes indélébiles : sous- développement, pauvreté, misère, etc. Tous ceux qui ont subi la domination occidentale, dont nous nous-mêmes, ou la puissance russe, tels que les Est- Européens, en sont des témoins oculaires incontestables.

Or, nous refusons, aujourd’hui, cette vie-là de colonisés et de néo-colonisés éternels. Notre souhait le plus ardent, le plus profond ou le plus intime est de prendre, nous-mêmes, notre destin en mains pour notre propre bonheur.

MAIS, COMMENT NOUS Y PRENDRE ?

Nous avons, parmi nous, des têtes très bien faites, des savants, des érudits, des experts et des sages capables de réfléchir sur le futur de notre pays et de dégager des pistes de solutions adéquates aux différents problèmes qui l’assaillent, l’affectent et l’étreignent, principalement celui de la guerre de l’Est. Mobilisons, encadrons et canalisons toutes ces intelligences, toutes ces énergies et toute cette sagesse au profit de notre pays. En attendant l’importante et pertinente intervention de ces illustres non utilisés rationnellement jusqu’à présent, voici quelques étapes stratégiques à franchir d’ici-là : Cherchons et trouvons, nous-mêmes, les voies et moyens les meilleurs susceptibles de sortir notre pays, d’une manière ou d’une autre, de cette ruineuse guerre de pillage; Identifions et répertorions sérieusement, nous-mêmes, toutes ces puissantes multinationales occidentales qui arment le Rwanda de Paul Kagame contre notre pays pour s’approvisionner, frauduleusement, en minerais critiques et stratégiques congolais très activement recherchés sur le marché mondial.

Tout en conduisant consciencieusement la guerre contre l’impénitent ennemi rwandais que nous devons sortir du territoire national, cherchons activement et obtenons, coûte que coûte, de négocier, non pas avec celui-là et ses cohortes de terroristes, mais bien plutôt et uniquement avec les présidences exécutives de ces puissantes multinationales occidentales et les gouvernements de leurs pays d’origine respectifs. Objectif immédiat à atteindre : couper l’herbe sous les pieds du Rwanda de Paul Kagame et de ses divers groupes terroristes afin de nous permettre de coopérer directement et le plus officiellement du monde, nous-mêmes, d’égal à égal, avec leurs commanditaires avec lesquels nous devons conclure un marché de gagnant-gagnant. Ne nous gênons pas de faire le premier pas, s’il le faut, en direction de ces différents commanditaires de la guerre de l’Est susceptibles de composer sincèrement et objectivement avec nous; Demeurons ou entrons en relations diplomatiques et de coopération au développement, non seulement avec les pays d’origine de ces multinationales occidentales, mais aussi et surtout avec tous les autres pays utiles d’Amérique, d’Europe, d’Asie, d’Océanie et d’Afrique et particulièrement avec toutes les superpuissances mondiales, quelle que soit leur couleur idéologique et leur origine géopolitique.

DEVENONS PRAGMATIQUES

En résumé, la haine de l’Occident et la guerre contre son commissionnaire rwandais ne résoudraient, en réalité, aucun des multiples et embrouillés problèmes liés à la guerre de l’Est qui nous assaillent, nous affectent et nous étreignent. Au contraire, ils enfonceraient davantage le pays et sa population dans l’abîme. D’où, affûtons toutes nos armes, militaires, bien sûr, mais aussi et surtout intellectuelles, politiques, diplomatiques, etc., pour sortir notre pays du trou béant où il se trouve depuis bientôt 30 ans. Devenons plus réalistes, plus pragmatiques et plus actifs que jamais auparavant dans la recherche, par nous-mêmes, des solutions appropriées à nos divers problèmes et prioritairement à celui de la guerre de pillage dans l’Est de notre pays.

Tout cela requiert, de la part de chacun de nous et surtout de chacune de nos autorités publiques à tous les niveaux, un patriotisme et une volonté politique sincères, concrets, pratiques et inébranlables et une diplomatie hautement stratégique, proactive et agissante.

C’est dans ce contexte que le pouvoir en place pourrait mieux envisager le développement intégral, intégré et durable de notre pays et de chacun de ses ressortissants.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON (CP)