Moïse Katumbi Chapwe, chairman d’Ensemble pour la République, peut respirer, le camp du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a reculé dans son offensive de l’écarter de la course à la présidentielle de 2023, à travers la loi sur la « congolité », un concept dangereux pour la cohésion et la stabilité du pays. Certes, la bataille a été gagnée devant la plénière de l’Assemblée nationale, mais tout peut basculer au niveau de la Commission PAJ chargée de toiletter la proposition de loi portée par le G13. Pour le moment, Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale, tente de calmer les esprits. Et peut-être rassurer « l’homme de Kashobwe » qui reste, jusqu’à preuve du contraire, membre à part entière de la majorité au pouvoir.
A l’Assemblée nationale, la plénière, tout comme le G13, initiateur de la proposition de loi portant révision de la loi électorale, n’ont pas emprunté la piste conflictuelle du député national Nsingi Pululu avec son concept de la « congolité », censé exclure de la fonction présidentielle tout Congolais qui n’est pas né de père et mère d’origine.
Si le camp Katumbi supporte encore les caprices d’une majorité parlementaire qu’il ne semble porter à bras le corps, il avait fait de l’initiative sur la « congolité » sa ligne rouge, à défaut de redéfinir ses rapports au sein de l’Union sacrée de la nation.
Apparemment, les Katu-mbistes n’ont pas prêché dans le désert. Leur cri d’alerte a finalement trouvé un écho favorable au bureau de l’Assemblée nationale.
Le temps de l’apaisement
Dans un communiqué, le rapporteur de la chambre basse a écrit que la loi sur la « congolité » n’était pas inscrite à l’ordre du jour. Les débats se dérouleraient sur d’autres matières, notamment les points qui devraient faire l’objet du consensus entre les forces politiques et sociales impliquées dans l’organisation des élections. Le président de la République n’a pas voulu être à la base du déclenchement de la déstabilisation durable du pays. Diviser les Congolais n’est pas à l’agenda du président Tshisekedi qui s’est désolidarisé des extrémistes de son camp en s’opposant à cette proposition de loi ou cet amendement taillé pour écarter Moise Katumbi de la course à la présidentielle.
Aujourd’hui, il est possible d’affirmer que la réaction musclée des Katumbistes a eu raison de la témérité du duo Tshiani-Nsingi Pululu. Des messages sans ambages ont démontré que ce combat allait faire très mal à tout le monde. Les Tshisekedistes d’abord ! Ce n’est pas un hasard que des sorties synchronisées ciblant directement le président de la République ont été enregistrées pendant la période.
La tension était donc à son comble. Il a fallu donc que ces flèches soient décochées pour que le camp Tshisekedi entende finalement la voie de la raison. On ne joue pas avec le feu surtout en cette matière ultra-sensible.
Un piège ?
Serait-ce un piège, le fait pour le camp Tshisekedi de reculer? C’est possible. Mais dans l’état actuel de la situation politique, le président de la République n’a aucun intérêt d’user de la même stratégie que Kabila pour écarter Katumbi. Il n’a pas le droit de le faire, parce que Tshisekedi connaît plus que tout le monde la hauteur de l’investissement consenti par l’ex-Gouverneur du Katanga pour obtenir le départ de Joseph Kabila.
De même, lorsqu’il fallait mettre fin à la coalition avec le FCC, Katumbi a répondu politiquement présent. En politique ça compte beaucoup. Ce n’est donc pas à Tshisekedi se l’ignorer. Le fils du sphinx a compris qu’il y avait un piège à éviter. Il lui faut aussi s’interdire de tendre un piège à son allié Katumbi qui a été malmené au sein de l’Union sacrée sans la quitter.
Inclusivité
C’est donc l’occasion pour le camp présidentiel de prouver que personne ne sera écartée par des subterfuges malicieuses aux joutes électorales de 2023 qui arrivent à pas de géant. Pour garantir davantage de crédibilité à ce scrutin, le chef de l’état doit travailler dans le sens de n’exclure aucun candidat.
Le peuple seul doit trancher sur qui va le conduire à la rencontre des défis de son développement. Le message fort que tout le monde perçoit à travers ce recul est que le chef de l’Etat a compris que la gestion des affaires de l’Etat passe par le centre et non les extrémités.
Econews