Il y a quelques années, la population kinoise découvrait un nouveau vocable, «Kuluna». Des jeunes, adolescents, âgés de 13-14 ans pour la plupart, évoluant sous le parapluie de leurs aînés, mènent des actions de terreur dans les rues de la capitale. Aucune municipalité n’est épargnée. Jour et nuit, ils extorquent les biens de ceux qui ont le malheur de se trouver sur leur passage, blessant à l’aide d’armes blanches ceux qui tentent leur opposer une certaine resistance.
Formés en gangs aux noms rébarbatifs, ils «défendent» leurs territoires par des actions de terreur sans précédent. Les «Bana Zaïre», «Bana Armés», «Bana Mboka se», bien structurés, sont devenus un phénomène difficile à éradiquer.
La population, terrorisée, ne sait plus à quel saint se vouer. Quant à la police, elle est accusée d’une inaction coupable frisant la complicité.
Chaque gang obéit à un «chef», et règne sans partage sur des pans entiers de quartiers. Souvent, des gangs se battent entre eux pour s’assurer la domination de petits marchés municipaux ou des zones de commerce. Leurs rixes s’accompagnant de saccages de petits commerces, de débits de boissons, allant parfois jusqu’à terroriser des élèves dans les enceintes même de leurs écoles. De simples passants font les frais de leurs affrontements à l’arme blanche.
Pas plus tard que ce mardi 3 mai 2022, la population du quartier Nsanga à Pascal, dans la commune de Kimbanseke, a été réveillé par les cliquetis de machettes grattées au sol par ces jeunes bandits qui sèment terreur et désolation.
Il est 23 heures, une incursion de « Bana Zaïre » est signalée dans le secteur de « Bana Armée ». Pendant l’attaque, une vendeuse de pains, vient d’être blessée. Son sac qui contenait son capital est emporté par des délinquants. Avec une blessure grave au bras, la vendeuse est inconsolable.
ayant apris que cette vendeuse a été attaquée, les « bana armée » se mettent à la poursuite des visiteurs indésirables. Leurs affrontements vont durer jusqu’au-delà de minuit, sans la moindre intervention de la police.
Il sied de signaler que pendant cet affrontement un jeune d’une vingtaine est tué. Le corps est rapidement emmené à la morgue pour étouffer l’affaire, sinon effacer les traces. Le lendemain matin, aucune arrestation n’a été opérée.
«Les «kulunas» sont à la base de l’insécurité dans nos quartiers. Ils délestent les gens de leur argent et biens de valeur, notamment les téléphones, bijoux, etc.», s’est plaint un père de famille qui réquis l’anonymat.
Il est temps que les autorités provinciales et nationales prennent leur responsabilité. Le phénomène est une bombe à retardement qui peut exploser à tout moment.
Tighana Masiala