Une proposition de réforme vers un système fédéral, avancée par Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, secoue le paysage politique congolais. Ce projet, articulé autour de cinq grandes régions, vise selon ses promoteurs à renforcer l’autonomie locale dans la gestion des ressources naturelles et des politiques publiques, tout en respectant les particularités économiques et culturelles de chaque territoire.
L’initiative intervient dans un contexte tendu, quelques mois après l’annonce par le Président Félix Tshisekedi d’une éventuelle révision constitutionnelle. Si la Constitution de 2006, adoptée sous Joseph Kabila, prévoit un État décentralisé, la suggestion d’un modèle fédéral divise. Certains y voient une manœuvre pour prolonger le mandat de Tshisekedi, tandis que le Gouvernement dénonce des risques de fragmentation. Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement, met en garde : « Cette idée pourrait dissimuler un projet de balkanisation. C’est suspect et malveillant.»
ENTRE SOUTIENS ET MEFIANCES
Marie-Ange Musho-bekwa, ex-ministre des Droits humains et figure du FCC (coalition pro-Kabila), reconnaît les mérites du fédéralisme, comme en Allemagne ou au Nigeria, mais insiste : «Ces pays ont préparé leur population à ce système. En RDC, c’est au peuple de trancher. » Un avis partagé par Me Gilbert Kyatsinge, expert en décentralisation, qui rappelle les écueils historiques : «Le fédéralisme a mené à la sécession du Katanga en 1960. La Constitution actuelle est un compromis, ni fédéral ni unitaire.»
Le débat survient alors que Joseph Kabila, ancien président de la République, a annoncé son retour en RDC via la «partie orientale», ravivant les tensions.
Pour Me Kyatsinge, la polarisation est évidente : «Les politiciens sont divisés entre fédéralistes, héritiers de mouvements régionaux comme au Katanga, et unitaristes. La Constitution actuelle est un équilibre fragile.»
Alors que la RDC traverse une crise socio-économique et sécuritaire, la question du fédéralisme dépasse les clivages techniques pour incarner un enjeu de pouvoir, où chaque camp soupçonne l’autre de calculs cachés. Entre craintes de division et espoirs d’autonomie, le dialogue national semble plus nécessaire que jamais.
Econews