De retour d’une mission de terrain dans le Grand Katanga, le ministre des Ressources hydrauliques et Electricité, Olivier Mwenze Mukaleng, a fait part, à la réunion du Conseil des ministres du vendredi 10 mars 2023, du déficit énergétique dans le secteur minier.
A cet effet, le ministre Mwenze a présenté le rapport de ses visites de travail effectuées respectivement à la Centrale hydroélectrique de Mwadingusha, à la Centrale Photovoltaïque de Lumbwe (Fungurume) et au site minier de Kamoa Copper S.A.
Ces visites s’inscrivaient, selon lui, dans la suite de la quatre-vingt-troisième réunion du Conseil des ministres qui s’est préoccupée des partenariats entre la SNEL SA et les opérateurs du secteur minier pour la production de l’électricité.
Selon le ministre, le constat fait se résume en : « Il existe un déficit énergétique dans le secteur minier dont le chiffre exact reste à déterminer; le réseau interconnecté SNEL SA nécessite un renforcement pour arriver à son équilibre et éviter les surcharges. Le réseau n’est pas en mesure de gérer toutes les demandes des charges élevées des miniers; plusieurs miniers sont raccordés à ce réseau sans respect des normes et spécifications des charges. C’est le cas de CMOC/KFM qui s’est raccordé par soutirage direct sur la ligne Haute Tension (HT); la demande des charges de la plupart des miniers n’est pas quantifiée; la nécessité de réguler les bassins qui comportent plusieurs chutes et plus d’une centrale hydroélectrique; l’énergie photovoltaïque, qui a un caractère intermittent, ne peut être efficiente que dans un mix énergétique».
Au regard de cette situation qui plombe l’industrie minière, quelques recommandations ont été proposées au Conseil des ministres en vue de trouver des solutions appropriées à tous les problèmes constatés.
Pour rappel, la demande en énergie électrique des industries minières implantées dans le Grand Katanga est évaluée à près de 1.500 MW contre une offre qui tourne autour de 800 MW, affichant un profond déficit.
A la Fédération des entreprises du Congo (FEC), des projets privés sont en cours d’élaboration autour de ces problématiques : Quelle alternative pour combler le déficit énergétique de l’industrie minière ? De quelle manière la RDC peut-elle se rapprocher de son potentiel électrique de 100 Gigawatts (GW)? Quelles ont été les évolutions majeures en 2018 ? Quelles sont les innovations au niveau mondial dans le secteur ? Comment satisfaire les besoins des entreprises minières ? Où sont les investisseurs ? Quid des innovations ?
Selon Éric Monga, vice-président de la FEC en charge de l’énergie, le manque à gagner de ce déficit énergétique sur l’industrie minière devait être de l’ordre de 19,843 milliards USD à l’horizon 2025.
«Il y a donc urgence. Il faut agir vite pour ne pas freiner les projets prometteurs qui se développent dans l’industrie minière », lançait-il lors d’une récente conférence sur l’énergie, organisée sous l’égide de la FEC.
La Société nationale d’électricité (SNEL), entreprise publique, demeure à ce jour le principal fournisseur de l’énergie électrique des industries minières malgré la libéralisation du secteur depuis juin 2014. Cependant, depuis cette libéralisation, le gouvernement congolais n’a jamais mis en place une autorité de régulation jouissant de plein pouvoir pour donner la chance à des initiatives privées dans ce secteur. C’est la SNEL qui exerce de fait ce rôle.
Face à l’incapacité de l’opérateur public de fournir suffisamment de l’électricité, des privés ont investi le secteur. C’est le cas du projet hydroélectrique Sombwe, initié par Eric Monga dans le territoire de Mitwaba (Haut-Katanga). Ce projet prévoit une production de plus de 140 MW dansa sa phase terminale. Actuellement, Eric Monga et l’entreprise Kipay Energy développent un projet de centrale photovoltaïque d’une capacité de 46 MW dans la cité de Fungurume (province du Lualaba).
Tighana M.