Selon certaines estimations, plus d’une quinzaine de milliers de personnes habiteraient actuellement la ville de Kinshasa. Cette surpopulation engendrerait, entre autres, le problème crucial des constructions anarchiques. Dépassé, l’Etat n’arrive plus à maîtriser l’une des normes urbanistiques qui consistent à mener des enquêtes avant toute délivrance d’autorisations d’occupation d’espace et des permis de construction. La mafia à laquelle assiste souvent l’opinion est entretenue par les chefs coutumiers, d’une part, l’Etat, à travers certains dirigeants indélicats du pays et agents de l’Etat commis aux services d’urbanisme, habitat et affaires foncières. Il est, par exemple, inconcevable de voir pousser des immeubles imposants sur un site retenu pour un projet gouvernemental. Il y a lieu d’éclairer l’opinion sur les signataires des permis de construction délivrés aux propriétaires de ces maisons.
Le service de presse de la police nationale rapporte que, saisi, sur instruction du Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, par le ministre de l’Urbanisme et Habitat, ainsi que celui des Affaires Foncières, l’inspecteur provincial de la police pour la ville de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo, a effectué, vendredi 4 mars 2022, une descente à la baie de Ngaliema pour mettre la main sur les occupants illégaux. Sont érigées à cet endroit des constructions anarchiques qui poussent comme des champignons.
N’ayant trouvé aucun propriétaire des constructions dites anarchiques, il a embarqué les maçons et autres ouvriers trouvés sur place tout en leur disant qu’ils n’ont aucun problème. »Nous vous arrêtons pour que vos chefs nous rencontrent ».
En présence du chef de la police pour la ville de Kinshasa, des engins travaillaient au rétrécissement d’un bras du fleuve pour détourner le cours d’eau de la rivière Basoko.
Le général Sylvano Kasongo a été désagréablement surpris de constater l’anarchie qui a dépassé les bornes. Car, les chefs coutumiers se seraient permis de vendre dans un espace spolié une balise immobile placée dans le fleuve depuis l’époque coloniale.
A en croire un avocat spécialisé en matières foncières, cette situation serait favorisée par des chefs coutumiers, alors qu’en ce qui concerne les terres situées dans des zones urbaines, la loi ne reconnaît pas le titre de propriétaire aux autorités traditionnelles. Et d’ajouter : «dans la commune de la Gombe ou celle de Ngaliema, il n’y a pas une terre coutumière. De quel droit vend-on anarchiquement une propriété de l’Etat à n’importe qui avec des limites bien déterminées ? ».
Face à la complexité et la délicatesse de cette situation, le chef de la police pour la ville de Kinshasa dit n’attendre que l’ordre écrit du gouverneur afin de passer à l’action de démolition de toutes ces constructions. «Personne n’étant au-dessus de la loi, ceux qui ont acheté des espaces à la baie de Ngaliema n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes lorsque passeront les bulldozers du commissariat provincial de la police ».
Il y a lieu de signaler que, sur le site situé le long du fleuve Congo, le gouvernement projette la construction de la Corniche de Kinshasa, une route qui va surplomber l’espace compris entre l’actuelle résidence de l’ambassadeur de France en RDC et le Mont-Ngaliema.
Véron Kongo