Comme dans une termitière où les millions d’individus forment une communauté solide autour de leur reine dans une hiérarchie stricte; où soldats et ouvrières, bien que formant un seul corps n’entretiennent pourtant aucune compromission : les premiers assurent la sécurité de la colonie, les seconds sont commis à la tache de nourrir la reine et les larves. Chaque termite doit garder son rang. En effet, aucune ouvrière ne deviendra reine ou un soldat ne deviendra ouvrier.
Cette organisation est similaire chez les fourmis, mais elle atteint une incroyable sophistication chez les abeilles.
Il en est de même de la classe politique (singulièrement congolaise) qui est régie par une stratification qui n’autorise pas d’équivoque. On est vulgaire politicien, homme politique respectable et par une évolution improbable : Homme d’Etat.
1. Au bas de l’échelle : le politicien. Souvent, il ne sait pas expliquer par quel mécanisme il est tombé dans la galère politique. Il attribue sa fortune à l’intensité de ses jeûnes et prières certainement entendues par Dieu qui a favorablement disposé le Dictateur à songer à sa «modeste personne». Député, sénateur, ministre ou PDG, peu importe. Il pioche dans la cagnotte publique en prévision des jours mauvais à venir. Son discours foncièrement démagogique est immuable : il parle au nom du peuple.
2. Vient ensuite l’homme politique. Ce «grade» est en règle générale octroyé par un regard extérieur et les rédacteurs des noms propres du Larousse ou du Robert. En effet, n’est pas Homme politique qui veut. Ni la barbe poivre et sel, ni l’ancienneté dans les méandres chaotiques d’une vie politique tumultueuse ne font émerger d’Homme politique. Il est forcément tributaire du regard critique des censeurs de la communauté internationale.
3. Enfin l’homme d’Etat. Une espèce rarissime en Afrique en général et subsaharienne en particulier. Ce n’est donc pas un hasard si en un siècle et à l’unanimité, le continent a connu moins de dix Hommes d’Etat mondialement reconnus : l’Egyptien Nasser, le Tunisien Bourguiba, le Ghanéen Nkrumah, le Tanzanien Nyerere, l’Ivoirien Houphouët-Boigny et, naturellement, l’immense Nelson Mandela.
La classification hiérarchique des acteurs politiques connaît une effervescence à la veille des cycles électoraux. Le peuple, au nom duquel les uns et les autres posent des actes sans lendemain, observe et au fil des années se forge sa propre religion. Il n’est pas dupe. Loin de là !
Econews