La rencontre mondiale sur la Fraternité Humaine «#NotAlone» s’est ouverte, le samedi 10 juin 2023, au Palais de la Chancellerie, siège des tribunaux du Saint-Siège. Le cardinal Pietro Parolin, qui a lancé la session de travail, était entouré d’une trentaine de lauréats des prix Nobel de la Paix.
Présent à cet événement, le médecin congolais Denis Mukwege a souligné l’importance fondamentale que revêt la fraternité humaine dans la construction d’un monde plus juste et pour vivre heureux ensemble.
Une trentaine de prix Nobel de la paix et des représentants de plusieurs organisations étaient réunis dans la matinée de samedi autour du Secrétaire d’Etat de la Cité du Vatican, le Cardinal Pietro Parolin, pour une session de travail, dans le cadre du «Meeting mondial sur la Fraternité Humaine». La rencontre, à l’initiative du Saint-Siège, avait pour but de faire une déclaration commune sur Fraternité Humaine. L’un des rêves du Pape François, exprimé notamment dans son encyclique Fratelli Tutti, est que l’humanité soit comme une famille humaine mondiale vivant des relations de dialogue, de solidarité et de justice.
Partageant cet idéal, le gynécologue et activiste des Droits humains congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018, a estimé que la Fraternité est la seule voie de vivre sans conflits dans le monde.
La Fraternité Humaine, un antidote aux déchirements et à l’égoïsme Pour le docteur Mukwege, le thème de la Fraternité Humaine est d’une importance fondamentale, car le monde est encore sujet à des déchirements et des fractures, résultat de l’égoïsme, du matérialisme et de l’individualisme. Il est ainsi important de rappeler que c’est grâce à la fraternité que «nous pouvons construire un monde juste, un monde où il fait beau vivre, un monde où nous avons tous notre place comme des frères et des sœurs». Puisque nous partageons la même humanité, nous devons partager aussi ensemble l’espace, la terre où nous vivons », a-t-il déclaré.
Le manque de fraternité rend insensible à la souffrance des autres Parlant de son pays, la République Démocratique du Congo, l’activiste des Droits humains a noté le manque de cette fraternité, au regard du sort que subit l’Est de ce pays depuis des dizaines d’années.
La population congolaise souffre depuis maintenant trois décennies «des guerres d’agression où les femmes, le corps des femmes est utilisé comme champ de bataille», a-t-il rappelé, en soulignant des millions de morts et des centaines des milliers de femmes violées. «Malheureusement, je crois que comme cette fraternité manque, les gens préfèrent plutôt tourner leur face au lieu de regarder la vérité en face», constate-t-il.
Suivre le Docteur Denis Mukwege
Pour le prix Nobel congolais, cet enfer que continuent à vivre ses compatriotes est notamment dû à l’exploitation illégale des minerais et au consumérisme effréné des pays étrangers.
Dans un monde où les humains se considèrent comme des frères et des soeurs, a-t-il déclaré, on ne peut pas laisser pendant trois décennies, une population qui souffre «tout simplement puisque l’Occident a besoin des terres rares que possède la République démocratique du Congo pour le confort de l’Occident, les téléphones, les laptops, tout ce qui est électronique, on sait aujourd’hui qu’il s’est fabriqué grâce aux minéraux qui se trouvent au Congo».
Le docteur Mukwege estime qu’il est possible d’exploiter les nombreuses richesses du Congo «sans faire souffrir les Congolaises et les Congolais».
C’est par manque de fraternité que l’on devient insensible à ce que pâtissent les autres, alors que la souffrance est universelle, a-t-il regretté.
Au-delà de tous les conflits, déchirements et souffrances infligées, il faut continuer à espérer et à agir, pense le docteur Mukwege. La plus mauvaise attitude est de croiser les bras et de tomber dans la résignation.
Chacun doit prendre sa responsabilité et faire ce qui est en son pouvoir. «Et nous, Compris prix Nobel, ici présent à Rome, sous la conduite du pape François, nous allons faire notre part», a-t-il déclaré. Il invite les dirigeants du monde et tous les peuples à saisir cette opportunité pour apporter leur part afin que cette fraternité devienne une réalité.
La Fraternité Humaine, seule voix du vivre-heureux ensemble Pour le prix Nobel congolais, la Fraternité Humaine est la seule possible pour que tous les humains vivent heureux. Malheureusement, regrette-t-il, le monde ne le comprend pas encore.
Beaucoup de choses ont déjà été dites, mais il n’y a pas d’actions concrètes. Pourquoi vivre à couteaux-tirés, alors que l’on peut vivre en frères et sœurs? Pourquoi préférer la destruction des autres? Pourquoi l’homme se tourne toujours vers le mal, se demande-t-il?
«Pour cette journée, j’espère que nous aurons une réponse positive de la part des dirigeants du monde où chacun prendra sa responsabilité pour faire cette fraternité humaine une réalité dans le domaine de sa compétence et de son pouvoir», a conclu le docteur Mukwege.
La rencontre mondiale sur la fraternité humaine, intitulée «#NotAlone – Pas seul», vise à relancer le rêve de fraternité du Pape François et à exprimer la proximité et les prières de tous pour le Saint-Père qui devait initialement être présent à l’événement, mais qui est actuellement hospitalisé.
Samedi après-midi 10 juin, des milliers de personnes et des représentants de quelques 76 organisations seront présents sur la place Saint-Pierre pour cet événement. Des artistes de renom feront des prestations et des témoignages.
Huit places dans d’autres endroits du monde seront reliées en direct par télévision afin que les participants du monde entier puissent partager et promouvoir leurs propres expériences de fraternité.
Avec Vaticannews