Prédation et mauvaise redistribution de la richesse nationale : Mgr Fulgence Muteba dénonce

La République Démocratique du Congo est comme ce gâteau que se partage la classe politique au pouvoir et des multinationales qui y opèrent. Au peuple, affamé et meurtri, rien ne lui est destiné. Devant le peuple de Dieu, réuni dimanche au stade TP Mazembe de Kamalondo, Mgr Fulgence Muteba, archevêque de Lubumbashi, n’a pas porté des gants, lorsqu’il s’est chargé le dangereux virage qu’emprunte la RDC où la prédation et une mauvaise redistribution de la richesse nationale allonge, chaque qui passe, le fossé de la pauvreté. Trop, c’est trop, clame le prélat catholique qui, par la même occasion, a invité le peuple congolais à s’approprier enfin son destin d’un peuple libre et uni, voué à un avenir radieux. «Ce peuple croit fermement à des lendemains meilleurs. Ce peuple est conscient que son destin est entre ses mains», a lancé l’archevêque de Lubumbashi.

Mgr Fulgence Muteba, archevêque métropolitain de Lubumbashi, a dénoncé «l’abîme entre le train de vie insolent de l’oligarchie politique» et la misère du peuple qui ne cesse de grandir dans «l’indifférence générale de ceux à qui revient la responsabilité de gérer la chose publique».

Il l’a dit dans l’homélie qu’il a prononcée, le dimanche 11 juin 2023, à la messe de clôture du 3ème Congrès eucharistique national, organisé par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) à Lubumbashi. La messe a été célébrée au stade TP Mazembe de la commune de Kamalondo, par l’envoyé spécial du Pape, le cardinal Luis Antonio Tagle, pro-préfet du Dicastère pour l’Evangélisation.

«Dans ces conditions injustes et révoltantes, le peuple congolais ne désespère pas.

Ce peuple croit fermement à des lendemains meilleurs. Ce peuple est conscient que son destin est entre ses mains», a indiqué Mgr Fulgence Muteba.

L’archevêque métropolitain de Lubumbashi a aussi fustigé la prédation et la mauvaise répartition des richesses nationales : «Qu’il s’agisse du cuivre, du cobalt ici au Katanga, qu’il s’agisse du diamant du Kasaï ou encore du bois de l’Equateur et des recettes douanières des frontières avec les neuf pays qui nous entourent, les dividendes de ces immenses richesses sont accaparés par une rare gloutonnerie d’une élite au pouvoir et des multinationales peu scrupuleuses.

Pendant ce temps, la population de tout le Congo, qui en est le propriétaire attitré, croupit dans la misère».

Malgré l’activisme des pêcheurs en eaux troubles qui tentent d’inoculer le venin de la division, Mgr Fulgence croit en l’unité de la RDC. «Notre présence dans ce stade mythe du TP Mazembe témoigne de notre attachement à l’unité de ce grand pays béni par Dieu qui ne cesse malheureusement de s’enfoncer dans les désordres et la misère», a-t-il souligné, rappelant que «ce peuple tient à son unité et à la cohésion nationale.

L’Eglise catholique dont la majorité de ce peuple se réclame, est le symbole le plus éloquent et le signe manifeste de l’unité indéfectible de ce pays».

Le cardinal Luis Antonio Tagle a, dans son homélie, insisté sur l’amour qui devrait caractériser les chrétiens. Pour lui, la cupidité, la corruption, la manipulation sont les maux qui rongent notre société. Ces actes rendent nos familles malades et les pauvres.

Le président de la CENCO, Mgr Marcel Utembi, a pour sa part condamné toute division et toute balkanisation du pays en confessant l’unité nationale :

Le 3è Congrès eucharistique nationale de la République Démocratique du Congo s’est ouvert dimanche 4 juin à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga. Des évêques et délégations constituées de fidèles, prêtres, consacrés et laïcs des 48 diocèses de la RDC et d’ailleurs y ont effectué le déplacement pour cet événement national.

Ce troisième Congrès eucharistique était placé sous le thème «Eucharistie et famille ». La CENCO a déjà organisé deux congrès eucharistiques.

Le premier à Kisantu (Kongo Central) en 1933 et le deuxième, à Kinshasa en 1980. L’importance de ce troisième congrès était de mettre l’accent sur la famille qui fait partie des préoccupations de l’Église tant au niveau universel qu’à celui de l’Église locale.

HUGO TAMUSA