En campagne tous ! Avec des moyens de l’Etat

Passée la grosse frayeur attendue hier encore des arrêts de la Cour constitutionnelle, qui a fait plus de peur que de mal, l’heure est venue de se lancer enfin dans une campagne électorale qui, en fait, ne s’est jamais arrêtée. Elle est même permanente, tant la proximité avec le pouvoir vous assure une impunité qui autorise d’enjamber allègrement tous les prescrits légaux et de piétiner la loi électorale qui, sur le papier, énonce un semblant de calendrier dont nul n’a jamais fait grand cas.

Mais il y a pire : tous les dirigeants en fonction, ministres et mandataires d’entreprises publiques restent en fonction.

Et si l’on considère que dans leur quasi ensemble ils sont candidats à des degrés divers, l’usage des moyens de l’Etat lors des campagnes électorales va de soi. Ainsi, les devantures des sièges des sociétés d’Etat fleurissent déjà de banderoles invitant fonctionnaires et agents publics à exprimer leurs suffrages en faveur du chef de l’Etat sortant. Les messages ne mentionnent certes pas de sanctions à l’encontre des récalcitrants éventuels, mais nul n’est censé en ignorer la quintessence.

Plus de deux semaines avant la date officielle du début de la campagne électorale, les bureaux se sont vidés. Les membres du gouvernement et les dirigeants des entités administratives sous leur tutelle ont déserté leurs bureaux douillets. Au point qu’il est permis de se poser la question de savoir si le pays est encore administré. La province du Lualaba et dans une certaine mesure le Haut-Katanga tiennent le haut du pavé des visites de travail de Leurs Excellences, depuis que le chef de l’Etat en personne a récemment fait la promesse d’en faire «l’Europe du Congo».

Tout compte fait, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, aurait psalmodié l’Ecclésiaste. La course à la présidentielle d’une part, et aux différentes instances délibérantes d’autre part, reste le sésame vers une vie de ripailles et de doux délices au détriment d’un peuple souvent mis en exergue d’une démarche politique aléatoire.

La campagne électorale qui débute officiellement le 18 novembre augure d’une charge d’incertitude déjà posée par des discours séparatistes tel celui tenu par le gouverneur de la province du Kasaï central, invitant ses administrés à chasser tout autre candidat à la présidentielle sur les terres de Fatshi, selon lui.

Malgré tout, il se trouve encore des esprits bien pensants qui croient en un processus électoral apaisé devant aboutir éventuellement à une alternance démocratique comme on en a connu il y a cinq ans, avec tous ses aléas.

Econews