Dans les deux provinces sous état de siège (Nord-Kivu et Ituri), la grogne gagne de plus en plus de terrain. On se rappelle que, pour manifester leur ras-le-bol, les élus nationaux de ces deux provinces ont décidé de boycotter les plénières de l’Assemblée nationale chaque fois que le dossier sur la prorogation de l’état de siège sera inscrit à l’ordre. Ils sont vite passés à l’action en séchant la dernière plénière de l’Assemblée nationale consacrée à ce sujet.
A la Présidence de la République, on cherche désormais à ramener le calme dans les rangs.
L’avenir de l’état de siège instauré en RDC depuis une année dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri a été discuté ce mercredi à la cité de l’Union africaine lors d’une réunion élargie présidée par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Le Premier ministre et quelques membres du Gouvernement ont pris part à cette réunion aux côtés des caucus des députés nationaux du Nord-Kivu et ceux de l’Ituri, ainsi que de certains officiers supérieurs des FARDC et de la Police nationale.
Selon le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, cette réunion avait pour but de rendre compte au chef de l’État de la dernière mission du Premier Ministre dans les provinces de l’Est du pays sous état de siège actuellement.
Les présidents des caucus des députés nationaux du Nord-Kivu et de l’ituri ainsi que le président de la commission défense et sécurité du parlement national avaient accompagné le Premier Ministre dans cette tournée d’évaluation sur le terrain.
A cet effet, un rapport détaillé a été présenté au Président de la République.
D’après le ministre Patrick Muyaya, des propositions concrètes ont été faites sur l’avenir de l’état de siège à la lumière de l’expérience vécue, des progrès réalisés, des difficultés rencontrées et de la nécessité d’envisager la sortie programmée de ce régime spécial.
Il a, par ailleurs, fait savoir que le Président de la République, a été réceptif et que le chef de l’État a annoncé qu’une table ronde sur l’avenir de l’état de siège sera organisée avant la fin de l’actuelle session parlementaire.
Une initiative vivement saluée par les présidents des caucus des députés nationaux du Nord-Kivu, de l’Ituri et celui de la commission défense et sécurité de l’assemblée nationale.
Nouvelle prorogation à l’Assemblée nationale
C’est par une majorité écrasante que l’Assemblée nationale (348 votes favorables sur 355 votants) que l’Assemblée nationale a adopté mercredi le projet de loi portant autorisation de la prorogation de l’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri. C’est la 23ème prorogation. Il sera transmis au Sénat pour examen en seconde lecture.
D’entrée de jeu, le speaker de la chambre basse du Parlement, Christophe Mboso, a expliqué la nécessité d’autoriser cette énième prorogation de l’état de siège avant l’évaluation de cette mesure exceptionnelle comme décidé lors de la dernière plénière.
« Nous avions posé des problèmes en ce qui concerne la poursuite de l’état de siège. Un rapport nous avait été présenté par le gouvernement. Nous l’avons soumis au contrôle sur le terrain, avec une commission mixte qui était descendue sur le terrain; laquelle était conduite par le Premier ministre qu’accompagnaient des ministres du secteur, auxquels nous avons ajouté notre commission Défense et Sécurité ; à laquelle se sont joints les honorables députés de différents caucus de nos provinces », a-t-il dit.
Le président de l’Assemblée nationale est conscient qui couve dans les provinces sous état de siège.
«Les autorités compétentes sont en train d’examiner, en ce moment même, ce dossier dans des considérations d’ordre militaire, juridique, géostratégique, politique et administratif, tout en tenant compté également d’autres aspects logistiques et opérationnels. Donc, la tâche est énorme, ce qui a fait que le rendez-vous qui a été fixé n’a pas pu être tenu parce que les réponses qu’il faut donner, la décision qu’il faut prendre doit prendre en compte tous ces aspects, pour ce qui sera fait avec succès», a-t-il indiqué, appelant, pour la circonstance, les élus de ces deux provinces au calme : «Je vous prie de rester patients, faire confiance au Chef de l’État, au gouvernement et à nous-mêmes, car des solutions sont en cours. En attendant, permettez que nous ne laissions pas un vide sans procéder à la prorogation de l’état de siège et dans les jours et heures qui suivent, des solutions vont venir et de nouvelles seront mises en application. C’est d’ailleurs pour laquelle nous commençons notre plénière en retard ».
Pour rappel, l’état de siège est prorogé tous les 15 jours sur autorisation de l’Assemblée nationale et du Sénat, conformément aux dispositions de l’article 144, alinéa 5 de la Constitution telle que modifiée à ce jour.
Hugo Tamusa