Etroitesse du marché, excès d’imposition, déficit énergétique : PPC Barnet au bord de l’asphyxie

PPC Barnet, ce cimentier qui opère à Kimpese, dans la province du Kongo central, est au bord de l’asphyxie. Pour cause, l’entreprise ploie sous le poids d’une fiscalité qui réduit sérieusement sa marge de manœuvre, sans compter le déficit en énergie électrique et l’étroitesse du marché congolais qui l’oblige à tourner à 35% de sa capacité. Dans ces conditions, l’entreprise craint le pire.

Si l’entreprise n’envisage pas encore une réduction sensible de ses activités, elle a lancé néanmoins, vendredi au cours d’une conférence de presse à Kinshasa, une alerte pour que les autorités congolaises s’activent à sauver la filière de l’industrie nationale du climat en plein essoufflement.

Des coûts d’exploitation prohibitifs

Au cours de cette conférence de presse, le Président du Conseil d’Administration de PPC Barnet, Kalaa Katema Mpinga, note que son entreprise paie au moins 66 taxes alors que les importateurs de ciment en provenance des pays voisins ne paient que très peu de taxes. Une situation qui favorise, selon lui, la concurrence avec des ciments importés de l’Angola et du Congo/Brazzaville alors que ces deux pays offrent des subventions à leurs industries.

«L’industrie du ciment en RDC est sous pression surtout par nos voisins qui sont capables de vendre du ciment à un coût plus bas que nous. Ces industries obtiennent des subsides de leur Gouvernement respectif, surtout en matière de livraisons des charbons. Ces derniers représentent 40% du coût de production. Nous n’avons pas de charbon dans l’Ouest de la RDC. Au Katanga, il y en a mais faute de routes, nous ne pouvons les acheminer ici. Nous devons les faire venir de très loin alors que nos voisins en bénéficient presque gratuitement. Nous déplorons le fait de faire entrer du ciment exonéré au Congo/Kinshasa alors que nous-mêmes, nous devons payer les taxes aussi inimaginables pour se conformer à la loi», a fustigé le PCA Kalaa Katema Mpinga, cité par Zoom-eco.net.

Par conséquent, il a invité le Gouvernement à se pencher rapidement sur cette question pour qu’une solution soit trouvée dans le sens de favoriser, mais surtout de protéger les industries locales.                 «Nous demandons à ce que tout le monde soit mis à la même échelle. L’Etat doit nous aider à empêcher les importations illégales et non concurrentielles du ciment sur le marché de la République Démocratique du Congo».

Pour sa part, M. Iqbal Omar, son directeur général, a deploré l’étroitesse du marché congolais où il n’existe pas une politique de grands travaux pouvant booster la demande de ciment. «Nous avons une usine de 1,2 millions de tonnes mais nous produisons 35% ou 40% de nos capacités installées. Nous sommes sur un marché en manque de projets d’infrastructures qui nous permettent d’accéder dans toutes les régions du pays», regrette M. Iqbal Omar.

Selon lui, l’entreprise éprouve également de grandes difficultés pour s’approvisionner en matières premières. «Pour réaliser le ciment, nous avons besoin d’électricité et de charbon ou le gaz. Nous importons 10 000 tonnes de charbon du marché national et plus international. Le charbon a augmenté de 200% entre l’année dernière et cette année. Et Matadi n’étant pas un port en eaux profondes, nous n’arrivons pas à faire accoster des grands bateaux transportant du charbon. Il faut des grands travaux pour améliorer les conditions d’accès au pays », a rappelé M. Lqbal Omar. Avant d’évoquer le déficit en énergie électrique qui perturbe son plan opérationnel : «Il y a également le coût de l’électricité que nous payons à la SNEL (société nationale d’éléctricité) qui est complètement élevé par rapport à d’autres pays. Mais aussi la pression fiscale forte. Nous payons plus de 66 taxes. Par rapport à d’autres pays africains, c’est trop. On paye des taxes inexplicables: taxes sur la reconstruction, sur l’estampillage. Au Congo/Brazzaville et en Zambie, il n’y a que 13 taxes. Cela pénalise la profitabilité et la rentabilité de l’entreprise. Les autorités du pays doivent nous aider».

Econews