Germain Kambinga et Yves Kisombe (Ka-Ki) défraient la chronique politique avec leur initiative de rallonger le mandat du Président de la République de 5 à 7 ans. Raison avancée : donner au chef de l’Etat le temps de réaliser ses chantiers.
Enième première au pays des premières ? Pas du tout ! Le septennat, Mobutu se l’était tapé à partir de 1977. Son premier, il l’avait eu jusqu’à 1984. Le deuxième (et dernier) en 1991. D’ailleurs, il avait failli le manquer après son discours du 24 avril 1990 dans lequel il annonçait prendre congé du MPR Parti-Etat.
Les juristes de l’UDPS – avec à leur tête le célèbre professeur Marcel Lihau – avaient rappelé l’article de la Constitution faisant du Président Fondateur d’office Président de la République.
Par voie de conséquence : démissionner du MPR Parti-Etat signifiait démissionner du poste de Président de la République ! Encore que le fait de déclarer la dissolution du parti mettait automatiquement fin à l’existence du poste de Président Fondateur et, par ricochet, de Président de la République.
Pour son maintien à la tête du pays, Mobutu s’imposa par différents artifices : négociations de Mbanza-Ngungu et de Gbadolite avec l’UDPS; CNS I; Accords du Palais de Marbre I et II, Compromis politique de Nsele; CNS II, Conclave politique de Kinshasa et Négociations de l’hôtel Intercontinental de Kinshasa…
Cinq ou sept ans de mandat, ça n’a pas d’importance. L’essentiel, c’est le résultat.
Or, en termes de bilan, les quinquennats et septennats du maréchal avaient produit le 24 avril 1990 les résultats sociaux et économiques catastrophiques rendus du reste par lui-même.
Au plan social, après avoir noté «la dégradation des infrastructures sociales : Hôpitaux, écoles, universités, édifices publics», Mobutu ajoute «la vétusté des formations médicales, la carence en équipements et en médicaments, l’insuffisance du personnel médical, la surpopulation dans les salles des cours ainsi que dans les résidences universitaires et les internats, la modicité des rémunérations des agents de l’Administration publique, le sous-emploi des cadres universitaires, certains abus qui se commettent par-ci par-là».
Au plan économique, il admet qu’il lui a «été signalé entre autres : la dégradation des voies de communication : routes, voiries, télécommunication, le poids de la fiscalité et de la parafiscalité, les tracasseries administratives, les invendus dans les collectivités rurales, la détérioration des termes de l’échange du paysan, l’insuffisance de l’énergie électrique dans certaines régions du pays».
Ce témoignage est fait sous le contrôle de Christophe Mboso, président honoraire de l’Assemblée nationale de 2020 à ce jour, et dès aujourd’hui président du Bureau d’âge pour la chambre basse issue des législatives des 20, 21, 22, 23, 24, 25 et 26 décembre 2023.
Juste pour rappeler à Ka-Ki, tout comme à celles et à ceux qui partagent leur avis, que la réussite de la gouvernance institutionnelle ne dépend pas du nombre d’années, mais de la qualité des actes posés (bons) ou des actes commis (mauvais).
Aux États-Unis, le mandat est de quatre ans. Personne n’y touche puisque personne n’y trouve d’inconvénients. Et tous les régimes qui s’y succèdent bonifient leur gestion.
Déjà, chaque pays a ses particularités. La RDC a les siennes. Preuve : là où certains protagonistes pensent à aller à sept ans renouvelables une fois (soit 14 ans), d’autres préconisent carrément un mandat décennal non renouvelable (10 ans).
Mais, la réalité à tenir en compte est que pour avoir prêté lors de son investiture le 20 janvier 2024 le serment de respecter la Constitution en vigueur (qui prévoit les mécanismes de sa révision), Félix Tshisekedi ne peut pas bénéficier du bonus de deux ans sous le mandat actuel, comme le suggestionnent «Ka-Ki».
Les sept ou dix ans issus de la révision de la Constitution ne s’appliqueraient qu’à partir de 2028. C’est son successeur en 2028 qui en sera alors éligible.
Professeurs Mbata et Boshab ne diront pas le contraire
C’est ici que Félix Tshisekedi doit se sentir personnellement interpellé en se demandant ce qu’il gagne d’une rallonge du mandat présidentiel pour le candidat qu’il ne sera pas puisqu’en 2028, il est censé devenir le 2ème sénateur à vie. A moins de faire réviser au professeur André Mbata sa théorie du statut de sénateur à vie, c’est-à-dire jusqu’au retour de Jésus-Christ !
En effet, dans cette éventualité, Félix Tshisekedi ne pourra pas postuler pour un troisième mandat consécutif. Il va devoir faire un break de 2028 à 2033 pour rentrer en 2033. Par contre, le grand gagnant sera par Joseph Kabila qui aura, lui, le droit de postuler en 2028 pour 2033 après le break de 2023 à 2028.
Coincé dans sa démarche de changer la Constitution pour faire des gouverneurs des provinces ses représentants en provinces (comme au bon vieux temps du MPR Parti-Etat), Félix Tshisekedi a intérêt à prendre conscience du fait que toute tentative de sa part d’opter pour une rallonge de son mandat ou de s’offrir un troisième mandat n’est pas à son profit !
Le mandat 2023-2028 est en lui-même décisif en ce qu’il marquera à jamais, par sa personne interposée, quatre entités : Étienne Tshisekedi, UDPS, famille biologique et Kasaï.
Raison valable pour lui, autant que pour ses familles biologique et politique tout comme la Communauté Kasaï, d’instaurer et de pratiquer au cours des 5 ans commencés le 20 janvier 2024 une gouvernance institutionnelle qui soit exemplaire.
Déclarer ne plus revenir aux erreurs du passé, comme il l’a souligné dans son discours d’investiture le 20 janvier 2024 et laisser les siens préparer le terrain aux erreurs du futur, c’est la pire des choses à arriver à l’UDPS à deux semaines de la célébration de son 42ème anniversaire…
Omer Nsongo die Lema
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