Entre Jean-Marie Kalumba, jusqu’à preuve du contraire ministre de l’Economie nationale, et son regroupement politique, AFDC-A, la guerre est déclarée. Après l’ultimatum de 48 heures lui lancé, le 22 avril 2022 par son regroupement politique, l’ordonnant de retirer l’action judiciaire qu’il a initiée à la Cour constitutionnelle, après sa déchéance à l’Assemblée nationale, Jean-Marie Kalumba a décidé d’aller jusqu’au bout, apprend-on de son entourage. Il ne suivra donc pas les directives de son regroupement politique qui se dit non concerné par l’action ouverte à la haute Cour.
Autant dire qu’entre Jean-Marie Kalumba et son mentor, Modeste Bahati Lukwebo, on n’est plus loin d’un divorce.
En tout cas, les proches de Jean-Marie Kalumba sont formels :«Pas question de retirer sa plainte ». Ils soutiennent que « le ministre est nommé conformément à la Constitution et au pouvoir discrétionnaire du Chef de l’État qui opère un choix sur les trois noms lui proposés par un regroupement politique ». Ils notent, par la suite, que « les démarches à la Cour constitutionnelle sont basées sur les actes posés et les écrits, non sur les déclarations… ».
Dans ces conditions, ils pensent que la lettre d’injonction de la présidente a.i. de l’AFDC-A ne peut pas influer sur l’action entamée à la Cour constitutionnelle.
Sacrifié par son regroupement politique
Avec la lettre lui adressée par la présidente de l’AFDC-A, l’on se rend bien compte que le ministre de l’Economie, Jean-Marie Kalumba, a été sacrifié par sa propre famille politique.
Alors une question se pose : Qu’est-ce qui s’est donc passé pour que l’AFDC-A se décide de se débarrasser de son ministre ?
Il y a un certain nombre de faisceaux de faits qui expliquent la rupture entre l’AFDC-A et le ministre de l’Economie.
Il y a d’abord les contacts réguliers du ministre de l’Economie avec le Président de la République qui n’ont pas plu à la hiérarchie du regroupement, créant finalement un conflit de compétence avec l’autorité morale de l’AFDC-A, Modeste Bahati.
Avec un peu plus recul, on sait finalement que le ministre de l’Economie a été livré aux députés nationaux par son propre regroupement. A ce propos, on note qu’au cours de la plénière du 30 mars 2022, aucun député de l’AFDC-A n’a sollicité la parole pour le défendre.
Toujours est-il que l’absence de la résolution de l’Assemblée nationale met en mal Christophe Mboso, son président, et le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, malgré la déchéance du ministre de l’Economie, acté par un simple vote.
Bien plus, la saisine de la Cour constitutionnelle par le ministre Jean-Marie Kalumba, sans passer par l’AFDC-A, dérange les calculs politiques de Modeste Bahati.
Parce que Jean-Marie Kalumba est déterminé à aller jusqu’au bout de la procédure, on peut évidemment extrapoler. Si le ministre Kalumba ne retire pas ses plaintes – ce que confirme son entourage confirme – l’AFDC fera quoi ? Va-t-il le désavouer ou retirer sa confiance jusqu’à remettre en cause l’ordonnance présidentielle de nomination ?
Une question pourrait bien se poser : quelle est la portée juridique de la lettre de la présidente de l’AFDC-A vis-à-vis des institutions de la République ?
Dans l’entourage de Jean-Marie Kalumba, on reste serein. « Lorsqu’on est désigné ministre pour le compte de son parti ou regroupement, vous répondez de vos fonctions d’abord comme membre du Gouvernement. Le parti vient en seconde position… C’est avoir un esprit républicain », notent les proches du ministre.
Il est vrai que le ministre Kalumba ne tiendra pas le coup face à son mentor, Modeste Bahati, mais c’est son droit le plus légitime de saisir les Cours et Tribunaux lorsqu’il se sent lésé dans ses droits les plus légitimes. Cet acte est démocratique dans un État de droit.
Pendant ce temps, dans quel état se trouve le ministère de l’Economie ? C’est la foire, nous rapporte-t-on. En effet, l’intérimaire du ministre de l’Economie est assumé par son collègue des Finances, Nicolas Kazadi.
Des informations recoupées par Econews indiquent que ce dernier, en l’occurrence le ministre Nicolas Kazadi, a saisi l’opportunité de son intérim pour neutraliser la TVA en faveur des cimentiers indo-pakistanais. Le plat a été tellement succulent au point d’entretenir des monstruosités dans son arrêté réduisant la TVA sur certains produits.
Qui pis est, le ministre des Finances ne dit pas comment combler ces manques à gagner? La RDC étant en programme avec le FMI, le principe de la base-caisse doit résolument être respecté. Donc sans efforts de service, pas de solutions-miracles… Dans ces conditions, le risque de connaître un déficit budgétaire en 2022 est grand.
Le moins que l’on puisse dire est que Jean-Marie Kalumba a été livré par son regroupement politique. C’est contre le même regroupement qu’il doit maintenant se battre devant la Cour constitutionnelle pour retrouver son poste de ministre de l’Economie.
Faustin K.