Formation du Gouvernement : un casse-tête pour Tshisekedi

Près de deux semaines après l’investiture du chef de l’Etat réélu pour un  deuxième mandat, et qu’à Assemblée nationale l’on s’emploie à la validation des mandats des députés élus le 20 décembre 2023, que l’électorat est convoqué en vue de l’élection des  sénateurs, des gouverneurs et vice-gouverneurs de province, en revanche, pas le moindre frémissement quant à la formation du futur gouvernement. Seule indication : la création récente et quasiment coup sur coup des plateformes PCR (Kamerhe) et DAB (Sama)  au sein même  de l’Union sacrée de la nation laisse entrevoir des ambitions à peine voilées de la part des alliés de Félix Tshisekedi. La Primature, la présidence de l’Assemblée nationale et du Sénat demeurent autant de cibles que de son côté l’UDPS, confortée par la «mosaïque» de petits partis politiques n’entend pas céder des postes aussi «juteux» tant au gouvernement que dans les chambres législatives. Quant à l’Exécutif, son formateur devrait se trouver face à une véritable quadrature du cercle, personne ne voulant rester sur le bord de la route.  

Avec plus de quatre cents députés déclarés, le camp présidentiel semble parti pour se passer de la disposition constitutionnelle de la désignation d’un informateur qui devrait identifier formellement la majorité à l’Assemblée nationale, préalable à la nomination d’un formateur du gouvernement issu de celle-ci.

Le raz-de-marée électoral en faveur des partis politiques alliés à l’UDPS autoriserait de fait le chef de l’Etat à passer à l’étape suivante, celle de la nomination d’un premier ministre et au-delà, de la répartition des postes ministériels, une démarche génératrice de frustrations et à l’opposé, elle peut amener à la formation d’un gouvernement éléphantesque à l’image du cabinet sortant.

LA PRIMATURE AU CENTRE DE TOUS LES APPÉTITS 

De prime abord, la bataille politique est concentrée autour de l’enjeu crucial de l’occupation de la Primature. « Tout se décide autour de la répartition des postes politiques », commentait un homme politique au lendemain de la création par Vital Kamhere, Muhindo Nzangi et d’autres du Pacte pour un Congo retrouvé (PCR), suivi le lendemain par Sama Lukonde faisant chorus avec son DAB (Dynamique Avançons Bâtissons).

Tous les membres de ces plateformes se réclamant de l’Union sacrée ont beau jurer la main sur le cœur que leurs initiatives respectives procèdent de leur volonté à apporter un regain de soutien au président réélu, la réalité ne manque pas son côté prosaïque : dans ce fourmillement d’alliances toutes intéressées, il n’est pas certain que l’UDPS et ses alliés dégagent un consensus sans ambages et parvient à satisfaire les appétits des uns et des autres se réclamant tous du rôle «prééminent» qu’ils auraient joué dans la réélection de Félix Tshisekedi.

BEMBA ET KAMERHE AUX AVANT-POSTES

Les noms les plus cités dans l’opinion (hors UDPS) dans la course à la primature sont ceux de Jean-Pierre Bemba, désormais ancien vice-Premier ministre et ministre de la Défense, de surcroît leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), et d’un autre ancien vice-Premier ministre et ministre de l’Economie, Vital Kamerhe, leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC). Le premier n’ayant pas caché un mouvement d’humeur suite à la relative débâcle des listes de son parti aux législatives (le MLC ayant à peine décroché 3 sièges de députés nationaux).

Présenté souvent comme l’un des hommes politiques les plus influents dans les provinces de l’ex-Equateur, il a battu campagne dans la Mongala, les Nord-Ubangui et le Sud-Ubangui, la Tshopo et l’Equateur. Il va de soi qu’il attend le retour de l’ascenseur.

Le second (Kamerhe) a plus d’une raison de se voir gratifié après le premier mandat de Tshisekedi au cours duquel il a connu des fortunes diverses. Mais surtout, il s’agit pour Tshisekedi de se dédouaner de n’avoir pas honoré son engagement envers son allié dans la concrétisation de leur pacte électoral noué à Nairobi (Kenya) et la création de la coalition Cap pour le changement Front commun pour le Congo (CACH).

Au terme de cet accord en marge de la réunion de Genève de 2017 où l’opposition n’avait pu désigner un candidat unique, Vital Kamerhe soutenait son allié  à la présidentielle de 2018, quitte à ce dernier d’en faire autant au scrutin suivant, cinq ans plus tard.

Il est connu que Vital Kamerhe se retrouvera directeur du cabinet présidentiel, avant de connaître des démêlés avec la justice dans le scandale de l’affaire dite «procès des 100 Jours». Condamné à 20 ans de réclusion puis relaxé, il sera repêché, nommé vice-premier ministre et ministre de l’Economie.  A moins de lui prêter une vertu politique rarissime, il est raisonnable de croire qu’à son tour, il attend de son allié Tshisekedi un geste significatif. A défaut de la primature, il est tout aussi aligné dans les starting blocks dans la course vers le perchoir de l’Assemblée nationale.

Félix Tshisekedi et les Défis du Premier Gouvernement de son deuxième mandat

Pour le premier gouvernement de son deuxième mandat, le Président Félix Tshisekedi est confronté à une série d’arbitrages complexes, un véritable casse-tête chinois. Il fait face à une multitude de partenaires qui ont contribué à sa victoire lors de l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. Le partage des responsabilités s’annonce donc difficile. Par prudence, certains acteurs politiques, tels que Vital Kamerhe et Sama Lukonde, ont anticipé en créant des plateformes au sein de l’Union sacrée de la nation, en vue des futures négociations pour la répartition des postes et des pouvoirs. Quoi qu’il en soit, le dernier mot revient au Président de la République, qui a reconnu ses erreurs lors de son premier mandat et promis de les corriger au cours des cinq prochaines années.

COMPLEXITE DES NEGOCIATIONS

La formation du premier gouvernement du deuxième mandat de Félix Tshisekedi est confrontée à la complexité des négociations politiques et à la nécessité de trouver un équilibre entre les différentes forces politiques. Les partenaires qui ont soutenu Tshisekedi lors de sa réélection revendiquent leur part de pouvoir, ce qui rend les arbitrages délicats et exigeants. Les discussions en coulisses et les alliances politiques joueront un rôle crucial dans la composition du nouveau gouvernement.

Certains acteurs politiques, conscients des enjeux de la répartition des responsabilités, ont pris des mesures préventives en créant des plateformes au sein de l’Union sacrée de la nation. Cette prévoyance vise à faciliter les futures négociations et à garantir une représentation équitable de différents courants politiques au sein du gouvernement. Ces initiatives témoignent de la volonté de parvenir à un consensus tout en préservant l’unité et la stabilité nationale.

Le Président Tshisekedi a reconnu les erreurs commises lors de son premier mandat et s’est engagé à les corriger au cours des cinq prochaines années. Cette prise de conscience démontre sa volonté de progresser et d’œuvrer pour le bien-être du peuple congolais. L’engagement à améliorer la gouvernance et à répondre aux attentes de la population constitue un élément clé de son mandat présidentiel.

La formation du premier gouvernement du deuxième mandat de Félix Tshisekedi représente à la fois un défi et une opportunité pour consolider sa vision politique et répondre aux aspirations du peuple congolais. Les arbitrages délicats, les négociations politiques et la nécessité de trouver un équilibre entre les différentes forces politiques sont des défis majeurs à relever. Cependant, cette période offre également l’opportunité de renforcer la cohésion nationale et de mettre en œuvre des réformes significatives pour le développement du pays.

En conclusion, la formation du premier gouvernement du deuxième mandat de Félix Tshisekedi est un processus complexe qui nécessite des arbitrages délicats et une vision stratégique. Les défis et les opportunités qui se présentent offrent l’occasion de consolider la gouvernance et de répondre aux attentes de la population congolaise.

Econews