Géraud Neema, rédacteur en chef de China Global South Afrique, revient sur le voyage de Tshisekedi en Chine

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi (à droite), lors de son récent voyage à Pékin. Depuis lors, les autorités ont tenté de minimiser l’importance de ce voyage, face aux critiques internes. Image : Thomas Peter / AFP

En conférence presse récemment à Kinshasa, le gouvernement congolais a tenu à replacer le contexte du voyage du président Félix Tshisekedi en Chine. Le porte-parole du gouvernement et les ministres présents ont insisté qu’il ne s’agissait pas d’un voyage de renégociation ni de signature de gros et nouveaux contrats. Une sortie médiatique qui tient à mettre fin aux critiques sur le bilan, visiblement chétif, de ce voyage du président congolais.
Géraud Neema, rédacteur en chef de China Global South Afrique francophone et analyste politique de la RDC, explique les tentatives des responsables de la RDC de recadrer le voyage sans éclat du président Félix Tshisekedi à Pékin.

Pourquoi les ministres ont-ils tant insisté sur le fait qu’ils n’étaient pas allés en Chine pour signer des contrats ?
Après les nombreuses critiques concernant le manque de résultats tangibles de leur voyage en Chine, il était important pour le gouvernement congolais de réaffirmer ce qu’il considérait être comme l’objectif principal de ce voyage. Avant le voyage, la presse nationale et internationale ont présenté la signature de nouveaux contrats et la renégociation des contrats existants comme les principaux objectifs de la mission. La décision prise avant le voyage de lancer des renégociations formelles de l’accord controversé sur les ressources contre les infrastructures de Sicomines avec les parties prenantes chinoises a contribué à alimenter ce discours.
Malheureusement, le gouvernement a laissé courir l’information sans trop y mettre d’effort pour la démentir. En fin de compte, lorsque ces deux objectifs n’ont pas été atteints et que le voyage a été perçu comme un échec, il est devenu important de changer le discours.

Pourquoi n’ont-ils pas communiqué les attentes à l’avance ?
Sans doute parce qu’ils ne savaient pas à quoi s’attendre. Je ne pense pas qu’ils aient suffisamment préparé ce voyage pour pouvoir fixer des objectifs clairs et les communiquer au public. De plus, après avoir passé près de deux ans à critiquer deux importants investissements miniers chinois, la décision de lancer officiellement des renégociations avec des entreprises chinoises juste avant le voyage a compliqué la communication de Kinshasa sur ce qui serait les objectifs de ce voyage. La crainte étant certainement de ne pas présenter des objectifs à minima. C’est pourquoi je pense qu’ils ont laissé libre cours à le narratif des médias, en espérant peut-être que cela mette un peu de pression sur Pékin. Mais c’était un pari risqué qui s’est retourné contre eux.

Comment les réactions nationales ont-elles évolué depuis le retour de Chine ?
L’attention est retombée assez rapidement. Dès qu’il a été établi que rien de tangible n’était ressorti de ce voyage, les opposants n’ont plus eu besoin de s’attarder sur le sujet, car il y a des questions intérieures plus urgentes. Le gouvernement a également voulu tourner la page et la conférence de presse a permis de clore ce chapitre.
Avec projet afrique chine.com