La crise que traverse la République Démocratique du Congo (RDC), depuis l’entrée de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), le 17 mai 1997, sur le territoire national est complexe. Pourtant l’invasion du pays par la Communauté Tutsi depuis cette époque doit être démêlée. Dans certains cercles politiques et médiatiques, on donne une explication simple à la logique de ce déferlement : il est dû à un plan de domination et, par ricochet, de balkanisation de la RDC. L’ambition débordante et la malignité des Tutsi ne sont plus à démontrer. Bon nombre d’ouvrages et d’articles ont été publiés à ce sujet. Les enjeux sont très importants pour l’avenir du pays, et cela ne peut laisser indifférent le peuple congolais qui, pour y faire face, doit sortir de son apathie.
Qui sont-ils les Tutsi, cette communauté qui a envahi la RDC, et dont certains s’identifient sous la dénomination des « Tutsi congolais » ? Existent-ilsdes« Tutsi Congolais » en RDC ? Tout le monde est unanime pour répondre par la négative à cette question. L’histoire nous enseigne que ces gens viennent notamment du Rwanda.
Les «Tutsi congolais », généralement appelés « Banyamulenge », ont bénéficié de l’hospitalité des Congolais. Ce, depuis l’avant indépendance. Ils ont la qualité de réfugié. Ils vivent essentiellement dans la province du Sud-Kivu, dans la zone proche de la frontière avec le Rwanda et le Burundi, plus précisément à Mulenge, une montagne de l’Itombwe. C’est une communauté rwandophone parlant Kinyarwanda.
Le temps passant, ils revendiquent la nationalité congolaise. En 1972, à l’instigation de Barthelemy Bisengimana, directeur du bureau de la présidence, lui-même d’origine tutsie, Mobutu décida une naturalisation collective de tous les Rwandais vivant en RDC (Zaïre à l’époque /Loi n° 1972/002 du 5 janvier 1972 relative à la nationalité zaïroise). La mesure mal accueillie dans l’Est du pays sera abrogée en 1981 (Loi n°1981/002 du 29 juin 1981 sur la nationalité zaïroise). Depuis cette date, l’accession à la citoyenneté, par l’acquisition de la nationalité congolaise, repose sur une démarche volontaire et individuelle.
On sait pertinemment que la chute de Mobutu, le 17 mai 1997, a été le fruit d’une véritable coalition de tous les pays de la région dirigés par les Tutsi, principalement le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Ils ont été soutenus dans leur entreprise par la Tanzanie, l’Angola, la Zambie, l’Éthiopie, l’Erythrée… L’ensemble ayant formé un front baptisé « La nouvelle Afrique ». Une opération savamment orchestrée par les Etats-Unis.
Un groupe ethnique dominateur
Depuis la nuit des temps, l’objectif inavoué des Tutsi est de s’approprier les terres congolaises du Nord et Sud Kivu. Et ils s’en donnent les moyens, notamment en profitant au mieux de l’irresponsabilité des autorités congolaises qui ne savent déjouer les intrigues de cette communauté bien organisée, disciplinée et conquérante. À moins qu’elles ne soient complices de la désastreuse situation qui prévaut, depuis plus de deux décennies, dans l’Est du pays : guerres, tueries, massacres, pillage des minerais, tortures, exécutions sommaires, viols… L’un des pires crimes contre l’humanité depuis 1945. Une affaire minutieusement préparée en vue de la mise à mort du pays. Un plan d’extermination systématique d’un peuple qui ne dit pas son nom.
Que de morts ! Que de victimes ! Que de souffrances ! Une tragédie. Elle est l’œuvre des Tutsi de la région des Grands Lacs africains, essentiellement rwandais, ougandais et burundais.
La volonté manifeste des dirigeants Tutsi de la région, singulièrement Paul Kagame et Yoweri Museveni, est de chasser les Congolais de leurs propriétés en vue de s’emparer de toute la partie Est de la RDC et créer un espace contrôlé par le Rwanda et l’Ouganda pour tirer le meilleur parti des richesses minières du pays.
Les insinuations des propos révisionnistes de Paul Kagame, tenus au Benin, au cours d’une conférence de presse organisée , samedi 15 avril 2023, au Palais présidentiel de la Marina, concernant les frontières de la RDC, sans fondement historique et politique valable en violation du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, confirment les velléités expansionnistes du Rwanda. Le guérillero du pays de Mille Collines, qui bénéficie du soutien des puissances occidentales et des milieux d’affaires anglo-saxons, joue maintenant à visage découvert. Ce, pour finaliser l’entreprise cynique de balkanisation de la RDC. Et indirectement, la mise en œuvre du projet de construction d’un Tutsiland en Afrique de l’Est et en Afrique centrale.
Un pas a été franchi, le 28 septembre 2020 : Minembwe, commune rurale du territoire de Fizi dans le Sud-Kivu, a officiellement un bourgmestre Tutsi, en la personne de Gad Mukiza. Et ce n’est pas un hasard, le tout étant calculé en fonction de l’objectif assigné : céder publiquement cette portion du territoire congolais, qui a presque la même superficie que le Rwanda, aux Tutsi qui réalisent un vieux rêve.
En effet, le Tutsi rwandais, Azarias Ruberwa, porte cette réclamation depuis l’ouverture du dialogue inter-congolais à Sun City (Afrique du Sud), entre le gouvernement, la rébellion, la société civile et la classe politique, le 25 février 2002. Il s’agit, en fait, d’un vieux projet tutsi. L’ambition de l’ancien ministre d’État, ministre de la Décentralisation et des Réformes institutionnelles, a toujours été d’ériger Minembwe en circonscription électorale, dont sa communauté d’origine revendique une certaine appartenance que l’on ne trouve aucune trace dans l’histoire de la région.
Les Tutsi, un groupe ethnique sûr de lui-même et dominateur, occupent aujourd’hui des postes de hautes responsabilités dans les sphères politiques et militaires, voire dans l’appareil judiciaire en RDC. Ils sont « Congolais », disent-ils. Attirés par l’abondance des ressources naturelles extraordinaires que regorge le pays – une malédiction pour le peuple congolais – ils sont là et veulent y rester à jamais. Bref, ils veulent diriger la RDC ou le morceler pour absorber la partie Est, une région proche de la frontière rwandaise, et dotée des ressources minérales rares. Ils y travaillent comme des fourmis qui veulent avoir terminé avant que l’hiver n’arrive. Leur convoitise est ardente, semblable à celle d’un homme mourant de faim, à la vue d’un morceau de pain.
La RDC dans le piège de l’EAC
La guerre dans l’Est de la RDC a franchi un nouveau cap dans l’occupation. La milice armée rwandaise, le Mouvement du 23 mars (M23), qui a refait surface fin 2021, s’est emparé de plusieurs localités dans le Nord-Kivu, notamment Bunagana, Rutshuru et Masisi, pour ne citer que celles-ci. Les violences se sont intensifiées. Les Tutsi du Rwanda, Ouganda, Burundi et Kenya, (et aussi de militaires sud-Soudanais), sous couvert d’une force militaire dénommée Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) censée contribuer à ramener la paix dans l’Est de la RDC se comportent, depuis un certain temps, de façon despotique dans cette partie du territoire congolais devenue, pour eux, un espace conquis.
Alors que Kinshasa menace de retirer ces troupes accusées de complicité avec le M23 (son mandat a été prorogé jusqu’au 8 septembre 2023), le Président Kenyan, William Ruto, lors d’une interview à la chaîne française, France 24, samedi 24 juin 2023, a montré que l’EAC n’est pas visiblement prête à quitter le territoire congolais.
« Que nous soyons la bienvenue ou pas en RDC, c’est notre région (…) Nous ne nous éloignerons pas des habitants de la RDC. Le problème de la RDC est notre problème. Nous ne pouvons pas continuer à fermer les yeux. C’est pourquoi la région a décidé d’intervenir », a-t-il déclaré.
En effet, les propos de William Ruto résultent de la capacité juridique de l’EAC que la RDC a rejoint officiellement, le 29 mars 2022. À savoir : l’article 4 du traité de l’EAC donne à l’organisation le pouvoir « d’acquérir, détenir, gérer et céder des terres et d’autres propriétés ».
En rejoignant l’EAC, les autorités congolaises n’avaient-elles pas agi naïvement ? Avaient-elles feint d’ignorer que la plupart des dirigeants des pays membres de cette communauté sont des Tutsi qui rôdent autour des richesses naturelles de la RDC et veulent morceler le pays avec le soutien des Occidentaux ? Avaient-elles lu attentivement le traité ? Avaient-elles examiné avec minutie les clauses qui y sont enfouies ? Toutes ces questions sont tout à fait légitimes pour les Congolais qui ont souvent soutenu que l’initiative de solliciter l’intégration de la RDC à l’EAC était mauvaise. Dès l’abord, il fallait évaluer la pertinence d’une telle décision, c’est-à-dire estimer avec soin les avantages et les inconvénients d’une telle démarche. On se rend compte aujourd’hui que c’était une grosse erreur de penser que les forces de l’EAC sont une solution pour la guerre dans l’Est. La RDC est bel et bien tombée dans le piège de l’EAC.
Le peuple congolais serait-il touché par une forme d’apathie face aux agissements des Tutsi qui se comportent en maîtres qui veulent mettre à mort leurs esclaves ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que les enjeux sont très importants pour la destinée de la RDC.
Sortir de l’apathie
À ce stade, il paraît très important, pour ne pas dire essentiel, de rappeler que cet état d’apathie semble généralisé, et pour cela, il suffit de voir le virus de l’inaction qui a gagné les acteurs politiques (locaux et nationaux), les membres de la société civile, les forces de défense et de sécurité… face à la guerre dans l’Est qui dure depuis plus de deux décennies.
À ce stade, il paraît aussi important, pour ne pas dire essentiel, de rappeler que cet état d’apathie est, pour le peuple congolais, subi. Il n’y peut rien. Il est béat d’admiration devant les agissements des Tutsi, alors qu’il devrait réagir efficacement devant un tel degré de domination du « Maitre/esclave ».
« L’esclave qui n’est pas capable d’assurer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort », dixit le Président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré (Sommet Russie-Afrique, les 27 et 28 juillet 2023). Il faut donc réagir…rapidement !
À ce stade, il paraît malheureusement important, pour ne pas dire essentiel, de rappeler que cet état d’apathie est in fine apprécié par certains Congolais, supplétifs des Tutsi, qui font preuve d’une insoutenable naïveté ! Ils se taisent, motus et bouche cousue. Pour qui roulent-ils ? Pour le peuple congolais ou les Tutsi qui sèment le malheur et la désolation dans cette partie du pays ? (Plus de 10 millions de morts, 500 000 femmes violées, des enfants torturés…). Y’a-t-il des infiltrés parmi eux au service du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi ou du Kenya ? Des questions se posent quant à leur indifférence face à la tragédie que vit le peuple congolais dans l’Est. Ils se font ainsi complices des crimes commis par des sans foi ni loi dont certains se cachent derrière des déguisements du génocide de 1994.
Le peuple congolais doit sortir de son apathie. Car, les Tutsi veulent une RDC faible et corvéable à merci. Une prise de conscience s’impose, sinon il risque de se retrouver face à une situation difficile et compliquée – sur les plans politique et sociétal – qui causerait plus de dégâts qu’une guerre. C’est ainsi qu’il est fondamental de maintenir l’unité inébranlable du pays jusqu’au rétablissement de la paix sur l’ensemble du territoire national. En d’autres termes, le peuple congolais doit s’unir comme un seul homme pour faire échec aux visées expansionnistes des Tutsi en RDC.
Il est plus que temps pour les autorités congolaises de prendre leurs responsabilités et agir immédiatement pour éviter l’abîme ! Pour ce faire, il faut sortir la RDC de l’EAC, un conglomérat des Tutsi, et lever l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri instauré depuis mai 2021. Ce sont des opérations menant au désastre. Pourquoi ne pas recourir à la force ?
IL faut bien admettre que la solution diplomatique a épuisé toutes les possibilités de compromis. Autrement dit, elle a échoué. Par conséquent, il faut changer de paradigme.
Ce n’est donc pas seulement par la diplomatie que les Congolais feront attendre raison aux Tutsi. Ces derniers, qui n’entendent que le langage de la force, s’en moquent royalement. La guerre stimule leur imagination (Les Rwandais et les Ougandais sont des passionnés en la matière). C’est leur façon de faire de la politique.
L’espoir est encore permis, si le peuple congolais -uni- pose les bases d’un pays nouveau en rénovant le présent dévasté par les incohérences provoquées d’abord par lui-même. La question que chacun doit se poser est celle-ci : que puis-je faire pour mon beau et grand pays ? En effet, c’est de sa conscience citoyenne que jaillira la réponse. Il n’y a ni de bonnes, ni de mauvaises réponses, mais seulement des gestes patriotiques dynamiques et des actions citoyennes hardies et ambitieuses à la hauteur des talents de toute la RDC, des compétences et des expériences à exploiter. Avec la clairvoyance d’une élite ouverte au changement et soucieuse de l’intérêt général, mais aussi l’intrépidité d’un leadership fort, visionnaire, rassembleur et éclairé qui amènera le peuple congolais à faire les plus grandes choses.
Quiconque reste trop longtemps apathique, individu comme peuple, verra le train de la prise de conscience passer sans s’arrêter et pourrait le regretter éternellement !
Robert Kongo N.
Analyste indépendant