Décidément, on semble être éloigné du bout du tunnel avec la cacophonie qui règne au sein de l’enseignement supérieur et universitaire du secteur public. En effet, annoncée avec pompe le 14 février 2022 par le ministre de tutelle, la grève déclenchée le 5 janvier 2022 se poursuit. Non seulement que le gouvernement tergiverserait dans l’application des accords conclus entre le banc gouvernement et le banc syndicateur de ce secteur, mais verserait aussi dans le machiavélisme en cherchant à créer une sorte de clivage entre les professeurs, chefs de travaux, assistants et CPP. C’est ainsi qu’avant la levée de la grève, ces derniers réunis au sein du Syndicat national des chefs de travaux, assistants (Synacass) appellent le gouvernement à faire justice en respectant les résultats inscrits dans le protocole d’accord.
Dans une des émissions de la radio Top Congo Fm diffusées mercredi 2 mars 2022, le Réseau des associations des professeurs des universités du Congo (RAPUCO), l’une des parties signataires des accords conclus entre le gouvernement et les syndicats des professeurs, a annoncé, la suspension de la grève et la reprise imminente des activités académiques en République démocratique du Congo. Selon cette structure, l’Etat-employeur a répondu favorablement aux désidératas des professeurs.
Cette information a suscité des vives réactions dans les milieux des chefs de travaux, assistants où l’on révèle que les professeurs ont obtenu des véhicules et récupéré le pouvoir d’achat avec 2.000 dollars américains de salaire mensuel, soit 4.000.000 FC. Ceci, soutient-on, est le résultat d’une négociation de couloir ayant succédé à la signature du protocole d’accord et précédé la tenue de la commission paritaire.
Ayant l’impression que ce sont seulement les professeurs qui comptent, les chefs de travaux, assistants et CPP se disent méprisés et considérés comme des étudiants. Alors que, relèvent-ils, sans eux, l’enseignement supérieur et universitaire dysfonctionnerait. Et d’ajouter : «A chacun d’agir afin que nous arrachions nos droits».
A l’issue de la négociation entre le gouvernement et les professeurs, le montant que l’Etat devait payer à chacun avant la levée de la grève ne pouvait prêter à équivoque. Le gouvernement est donc appelé à faire justice.
Outre les résultats inscrits dans le protocole d’accord (mécanisation de tous les membres du corps professoral non payés, correction des grades, paiement de salaire de base), les chefs de travaux, assistants et CPP, exigent ce qui suit : 2.000.000 FC, soit 60% pour un assistant et 3.000.000 FC, soit 75% pour un chef de travaux.
Se disant tenir 80% d’activités à l’enseignement supérieur et universitaire, les chefs de travaux, assistants et CPP estiment que c’est l’occasion pour eux de camper dans leur position de grève. Négliger leur rôle et l’influence du corps scientifique serait suicidaire.
En attendant les jours meilleurs, ils décident, pour l’année académique 2021-2022, de continuer à débrayer jusqu’à ce qu’ils seront remis dans leurs droits.
Par ailleurs, la marche pacifique projetée pour hier jeudi 3 mars 2022 par la Représentation des étudiants du Congo (REC) va-t-elle changer la donne de la situation qui prévaut au sein de l’enseignement supérieur et universitaire ? Tant mieux si elle a été organisée et si la voix des étudiants pouvait être entendue, car, l’objectif poursuivi par la REC n’est autre que la reprise des activités académiques.
Véron Kongo