Nioussérê Kalala Omotundé, historien, égyptologue, auteur prolifique, et conférencier international à succès, est décédé en Guadeloupe, dimanche 13 novembre, à la suite d’un AVC (accident vasculaire cérébral), à l’âge de 55 ans. C’est une immense perte pour toute la communauté africaine, car Nioussérê Kalala Omotundé était l’un des vulgarisateurs les plus émérites de l’école de l’Egyptologie africaine. Il était diplômé de l’École de publicité de Paris et enseignait à l’institut Africamaat de Paris et à l’institut Anyjart. Il a rejeté son prénom occidental pour affirmer ses racines africaines, en choisissant de se faire appeler Nioussérê Kalala Omotunde. Nioussérê, d’origine égyptienne, comme le berceau du savoir selon ses thèses, Kalala comme l’organe traditionnel de résolution de problèmes de la RD Congo, Omotunde, d’origine nigériane, comme on désigne un jeune parti loin de ses ancêtres. Fervent partisan de la mise en valeur des cultures africaines, il a poussé ses travaux de recherches sur les civilisations du continent noir. La nouvelle de sa mort a vite fait le tour de la toile et de nombreux hommages de personnalités africaines et antillaises ont salué sa mémoire sur les réseaux sociaux.Hommage de la rédaction AfroPolitis.com.
Africain de la Guade loupe, Nioussérê Kalala Omotundé aura œuvré de façon infatigable pour la promotion des humanités classiques africaines. Il était expert en communication, auteur de plusieurs ouvrages parus aux éditions Menaibuc, il a co-fondé en 2004, l’Institut Africamaat et de l’institut Anyjartoù il était enseignant. Le professeur Kalala Omotundé était surtout connu pour ses interventions majeures dans l’émission TV «Vérités & Mensonges» sur Canal 3 Monde et l’émission Focus sur Canal 10.
Le frère Kalala Omo-tundé avait reçu plusieurs distinctions sur la scène internationale pour ses travaux majeurs dans le domaine du rétablissement de la vérité historique. Il avait reçu notamment le prix de l’historien panafricain de l’année 2021 aux Panafrikan Awards – 1ère édition.
Le mois dernier, lors du colloque international du CERDOTOLA 2022(25-28 Octobre 2022) sur la «Nouvelle pensée africaine», il s’est vu décerné le Papyrus de haute distinction scientifique, notamment pour sa contribution à la valorisation des humanités classiques africaines.
Il a été, par son œuvre de vulgarisation monumentale, digne du qualificatif de philosophe, pour reprendre les termes du Sesh Grégoire Biyogo paraphrasant Aristote : «J’entends par philosophe par philosophe celui qui, dans la mesure du possible, possède la totalité du savoir».
«Grand-maître de la transmission», il aura investi son temps et son énergie à enseigner les mathématiques africaines aux jeunes enfants via les travaux de son institut Anyjart et, plus récemment, il avait commencé à faire un travail de fond sur la plateforme Instagram, sur son compte @kalalaomotunde.officiel, où il publiait des réels thématiques d’une qualité pédagogique exceptionnelle.
Enfin, nous ne pourrions terminer cet hommage, sans mentionner son intervention remarquable lors du colloque international du 800ème anniversaire de la charte du mandé qui s’est tenu au barreau de Martinique, où il exposa avec force arguments historiques, le corpus juridique et la pratique des droits humains dans l’Egypte antique, et dans l’Afrique ancienne.
Lors de notre émission live du 1er novembre dernier portant sur le texte avant-projet de la nouvelle Constitution malienne, nous avons lancé un appel à l’intelligentsia malienne et africaine de s’impliquer dans le processus de réflexion collective, de vulgarisation et d’éclairage des populations, dont est censé émaner cette constitution… Et Nioussérê Kalala Omotundé l’a fait avec le brio et la maestria que tous lui reconnaissons !
C’est d’ailleurs, sur le chemin du retour de ce colloque international de la Martinique qu’il décède de façon aussi brutal que mystérieuse, dit-on d’un arrêt cardiaque, laissant ainsi un grand vide dans la communauté scientifique kemite, de même qu’une affection indélébile dans le cœur de chaque africain(e) éveillé(e) et conscient(e).
S’il fallait terminer avec une pensée qui résume l’essentiel de son message à la communauté noire et au monde, nous nous contenterons de le citer : «La façon d’approcher le problème [de la réparation de l’esclavage -ndlr] n’est pas bonne ! Parce que vous avez affaire à des gens qui n’ont pas de morale, donc ça ne sert à rien de discuter de la morale [avec eux]…puisqu’ils n’en ont pas. Parce que vous vous rendez compte que les bourreaux ont été dédommagés et les victimes, non. Et on vous parle de pays des droits de l’Homme ? (…) On vous dit que l’esclavage, la colonisation, ce sont des rapports de force. Et face à des rapports de force, il faut créer les conditions du rapport de force (…) Lorsqu’on rentre dans une pièce où il n’y a pas de lumière, on se dirige vers l’interrupteur, n’est-ce pas ?… mais s’il n’y avait plus d’interrupteur, que se passerait-il ? La personne resterait dans l’obscurité. Donc, il suffirait d’enlever simplement l’interrupteur à l’oppresseur pour enrayer sa machine d’oppression. Or, le monde noir a un déficit d’affirmation de sa volonté de puissance. Un peuple qui n’a pas pris la décision d’être puissant, ne peut pas créer un rapport de force qui lui est favorable. Le problème du peuple noir, ce n’est pas la réparation. C’est le manque d’un projet de civilisation indépendamment des autres peuples (…) Et aussi, l’enjeu c’est la capacité collective à investir quand on n’a pas la capacité individuelle. Mais quand on a la volonté collective de puissance, le problème est vite réglé ! »
Merci pour tout, grand scribe Nioussérê Kalala Omo-tundé ! Que ton kâ divin soit vivifié !
Nous transmettons nos condoléances les plus attristées à sa famille, à ses amis, à la communauté kémite et au monde noir, unanimement choqué par cette cruelle nouvelle. Ankh oudjaseneb !
«Comme des abeilles conscientes et consciencieuses, le cœur à l’ouvrage nous devons garder».
Kouadio Kouamé (Afro Politis.com)
Africaines,
Africains,
Chers amis de l’Afrique des libertés en toutes contrées,
Le professeur Nioussèrê Kalala Omotunde s’en est allé très tôt ce matin (Ndlr : dimanche 13 novembre 2022) vers les sociétés actives du monde surnaturel où nos ancêtres angélisés se feront joie et honneur de l’accompagner dans la présence du Maître de Vie.
J’ai commencé ma journée du 14 novembre 2022 dans une profonde tristesse et dans une espérance lucide, en communion avec ce frère d’âme et d’esprit, ce grand serviteur de l’émancipation africaine planétaire qui se retire dans les siècles des siècles.
Les mots sont faibles pour dire ce que je ressens depuis des heures, et ce que je ressentirai toujours, à chaque évocation de cette étoile africaine incommensurable. Une intense secousse émotionnelle qui me contraint au balbutiement et au silence.
Ô, notre bon frère Nioussèrê Kalala Omotunde! Dard de la mort, que tu mords si bien et si fort, et souvent trop tôt, sans crier gare!
C’était un excellent guide vers les racines spirituelles de la science africaine et de l’histoire des Civilisations négro-africaines. Un éveilleur de conscience et un redresseur des colonnes vertébrales africaines face aux pouvoirs sombres du racisme, du colonialisme et de l’impérialisme.
Omotunde a été et demeurera un poteau-mitan incarné, souverain pontife des savoirs fondamentaux, reco-nnectant toute africaine, tout africain avec la riche universalité de notre culture immémoriale. Il avait la tradition africaine chevillée au corps, infusée dans l’âme, vibrant ardemment dans toutes les sphères de l’esprit.
L’œuvre de l’Homme est vivante. Son immortalité parmi nous, dépendra des terriens éveillés qui sauront l’apprendre, la comprendre et la transmettre.
Enfin, les circonstances de la mort de Nioussèrê Kalala Omotunde méritent d’être méditées, en cette période où le néocolonialisme français et l’impérialisme occidental sont aux abois et rôdent autour des vies de l’ensemble des résistants africains.
En cette période où le service de la Solidarité-Vérité-Justice nous convoque plus impérativement que jamais pour sauver le berceau des civilisations, l’Afrique, de la mort spirituelle éternelle qui la menace, il n’est pas inutile de ceindre nos reins et de redoubler d’ardeur, afin que Nioussère Kalala Omotunde n’ait pas vécu ici-bas en vain, à la suite des Grands Cheikh Anta DIOP, Marcus Garvey, Anténor Firmin, Jean Marc ELA, Ebénezer Kotto Essome, Harris Memel Fote, Bernard Fonlon, Joseph Tchundjang Pouemi, Joseph Ngoue, Eboussi Boulaga, Augustin Dibi Kouadio, et bien d’autres guides profonds des générations africaines.
Notre devoir est de remplir impérativement nos missions respectives et de rester sereins et alertes, pour une Afrique irréversiblement souveraine, avec ou sans nous présents en ce monde. Car nous servons, en âme et conscience, la Vie Infinie, celle qui transcende l’éphémère passage d’une vie humaine, et nous savons intimement, ce que nos ancêtres noirs enseignèrent à Héraclite, la loi des deux naissances : «Un humain est un dieu mortel. Les dieux sont des hommes immortels».
Et à Platon : «Philosopher, c’est apprendre à mourir ».
Vas, mon Frère, Voyage l’âme joyeuse, vers tes nouvelles missions, car un Serviteur de l’Eternel ne meurt pas, il mute! Il transmute.
Je te pleure d’un œil, et de l’autre, je te salue et me réjouis pour toi, Nioussèrê Kalala Omotunde, étoile polaire des humanités africaines!
Ton Ka est immense et éternel! Ton regard cristallin brillait déjà de la Lumière du Tout-Puissant qui fera de toi, l’un de ses brillants assistants, nous l’en implorons!
Fraternelles condoléances aux tiens, union de prières et d’espérance avec toute l’Afrique des Libertés!
Sisiku Nyamsiwa Kamerun wa Afrika
Rouen (France), le 14 novembre 2022