Jules Alingete Key, patron de l’Inspection générale des finances – chef de service, donne des insomnies aux fossoyeurs des finances publiques congolaises. Il suscite la crainte chaque fois qu’un gestionnaire se retrouve dans le viseur de ce service public, doté de la mission de veiller à la bonne gestion des finances de l’Etat. Aujourd’hui, Jules Alingete se félicite du chemin parcouru. Il se dit fier de l’appropriation collective du travail qu’abat son service.
Sa tutelle à la Présidence de la République ne lui fait pas une quelconque pression politique. «Il y a une réelle volonté politique dans le contrôle des finances publiques.
C’est cette volonté qui fait que l’IGF fonctionne avec efficacité». Samedi, il était devant la presse pour rendre compte de son travail aux commandes de l’IGF.
En République Démocratique du Congo, jamais les finances publiques ne se sont aussi bien comportées. La raison est bien simple : c’est la peur du gendarme.
En effet, la redynamisation de l’Inspection générale des finances (IGF) a permis à l’Etat congolais de renforcer le dispositif de contrôle des finances. Créée en 1987, l’Inspection générale des finances a passé une bonne période d’hibernation, avant qu’un homme, Jules Alingete Key, son nouveau patron, nommé par le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, ne la remette au-devant de la scène.
Depuis lors, l’IGF fait peur.
Rien que l’évocation de cette appellation suscite la panique et la peur dans les rangs de ceux qui ont toujours trempé dans la corruption et le détournement de deniers publics.
Samedi, Jules Alingete Key, inspecteur général des finances – chef de service, s’était soumis au briefing habituel qu’organise le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya. Objet de la rencontre : «Focus sur les actions de l’Inspection Générale des Finances dans le processus d’accroissement des recettes publiques et de leur sécurisation contre les détournements et la corruption ».
Convaincant, Jules Alingete se dit doté d’une mission noble, celle de ramener la discipline dans la gestion des finances publiques. Il ne se croit cependant blanc comme neige, mais il est d’avis que le combat contre les antivaleurs qui rongent depuis toujours nos finances publiques est collectif. Il se félicite d’ailleurs de l’importante adhésion populaire au travail que fait l’IGF. Ce qui justifie son succès en un temps record. La peur du gendarme a produit des effets.
«Les finances publiques se portent bien. Depuis quelque temps, on réalise des prouesses inégalables autant au niveau des régies financières nationales que des entreprises publiques», a-t-il déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement, qui l’accompagnait dans cet exercice, note qu’avec l’IGF, la discipline est revenue dans les rangs. «Depuis l’investiture du Gouvernement Sama Lukonde, la redevabilité est prioritaire.
Il y a un grand travail qui est fait pour conjurer cette malédiction d’un pays potentiellement riche, mais avec une population qui n’en bénéficie pas », a-t-il rappelé.
LA RENAISSANCE
Créée depuis 1987, l’IGF a sombré dans l’abîme avant que Jules Alingete ne ramène à la lumière.
Pour son patron, l’accompagnement politique au plus haut niveau de l’Etat a permis à l’IGF de se libérer pour plus d’efficacité.
«La tutelle du Chef de l’Etat nous a donné plus d’autonomie ». Et de préciser : «Ni le Chef de l’Etat, ni le Premier ministre n’interfère dans notre travail. Bien au contraire, ils nous aident à mieux faire notre travail en enlevant toute pesanteur politique ».
Selon lui, le contrôle de l’IGF ne se limite pas à traquer les fossoyeurs des finances publiques. «L’IGF veille à la bonne exécution des lois en matière des finances publiques. Le contrôle, c’est aussi l’encadrement des services mobilisateurs des recettes publiques », pense-t-il.
A ce titre, il a fait observer que l’IGF s’active pour accompagner la République dans l’implémentation de la bonne gouvernance, c’est-à-dire la capacité d’un gouvernement de gérer rationnellement les moyens à sa disposition pour accroître son aptitude à mettre en place des projets cohérents de développement.
Bref, la transparence dans la gestion publique, étant entendue que «le contrôle est un élément important dans la bonne gouvernance ».
A-t-il les mains libres dans l’exercice de sa mission ? Jules Alingete ne pense pas le contraire «Nous avons été activé par le Chef de l’état pour accompagner son action et le programme du Gouvernement.
Il y a une réelle volonté politique dans le contrôle des finances publiques. C’est cette volonté qui fait que l’IGF fonctionne avec beaucoup d’efficacité».
Quant à ses méthodes, décriées par certains qui l’accusent de populisme, Jules Alingete dit s’inspirer de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la corruption. « Dans ses méthodes, l’IGF s’inspire de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la corruption qui appelle les services d’associer la population dans son travail, pour autant que les fonds publics appartiennent au peuple ».
A quel niveau de contrôle se situe l’IGF? A ce propos, Jules Alingete a tenu à rappeler le dispositif de contrôle, à trois niveaux, tel qu’il s’organise en RDC.
Le contrôle suprême relève de la compétence du Parlement. Le deuxième palier est le contrôle juridictionnel exercé par la Cour des comptes. Le dernier niveau de contrôle est d’ordre administratif au niveau des services de l’administration.
C’est à ce niveau qu’intervient l’IGF comme service de contrôle supérieur.
LA PATROUILLE FINANCIÈRE COMME OUTIL DE PRÉVENTION
Et si l’IGF dispose de trois manettes de contrôle, à savoir contrôle à priori, concomitant et à postériori, son patron a indiqué que son service privilégie, pour raison d’efficacité, le contrôle concomitant.
«Nous privilégions le contrôle concomitant ou patrouille financière qui se fait au même moment que les actes sont posés.
C’est un contrôle d’accompagnement, un contrôle conseil pour éviter aux gestionnaires de tomber dans les erreurs et éviter une dilapidation des fonds publics ».
Cette méthode ferait-elle de l’IGF juge et partie, la poussant à aller bien au-delà de sa mission ?
Jules Alingete n’y croit pas. «Le contrôle concomitant, personne ne se gêne de notre travail. Même le ministre des Finances s’en félicite.
Nous laissons le gestionnaire poser leurs actes et nous intervenons
en même temps pour éviter le détournement et les actes de mégestion. Ce qui explique aussi la bonne santé financière des finances publiques ».
Se sent-il sécurisé dans la traque de hors-la loi dans les finances publiques ? Jules Alingete reconnaît le risque énorme qu’il court chaque jour, mais il n’est pas prêt à lâcher prise.
«Nous prenons beaucoup de risques en étant visible. De fois, il y a détournement en bande organisée.
Notre méthode est pédagogie pour que la population s’approprie de ce travail », a-t-il fait observer.
Quoi qu’il en soit, il se dit porteur d’une mission noble. «Les prouesses de l’IGF relèvent de la vision claire du Chef de l’État. Nous allons toujours accompagner les institutions de la République pour des finances saines ».