Un immeuble qui s’affaisse (ou qui s’écroule) n’est certes pas un spectacle rare dans les grands centres urbains d’Afrique subsaharienne. Kinshasa, Bukavu et Lubumbashi, entre autres en République démocratique du Congo, ne font pas exception. Mais le sinistre survenu ce lundi 18 mars en plein centre-ville de Kinshasa revêt un caractère tout particulier en raison de l’emplacement de la construction d’une part, et du mystère relatif entretenu par les autorités autour du propriétaire du chantier, d’autre part. Bien qu’il n’y ait aucune victime à déplorer, les habitants des environs vont en payer le prix au regard de la durée des travaux de démolition et de la fermeture subséquente de la voie de circulation.
Un immeuble qui s’affaisse n’est pas un spectacle rare dans les métropoles africaines, mais l’incident survenu ce lundi 18 mars au centre de Kinshasa a captivé l’attention. Situé à un emplacement central, cet événement a suscité des interrogations en raison du mystère entourant le propriétaire du chantier.
Les villes africaines, comme Kinshasa, Bukavu et Lubumbashi en République démocratique du Congo, sont souvent le théâtre de tels sinistres. Cependant, la singularité de cet effondrement réside dans la localisation de la construction et le flou entretenu par les autorités concernant le propriétaire du site.
Heureusement, aucun décès n’a été signalé, mais les habitants des alentours en subiront les conséquences. La durée des travaux de démolition et la fermeture de la voie de circulation impacteront la vie quotidienne des résidents et des travailleurs du quartier.
KINSHASA A SA «TOUR DE PISE»
Les passants sur l’avenue Malemba-Nkulu au quartier Socimat dans la commune de Gombe ont assisté, bien malgré eux, à un spectacle fascinant le lundi 18 mars. Devant leurs yeux ébahis, un immeuble en construction de plus de six étages était en train de s’affaisser. Des images insoutenables «immortalisées» par des dizaines de téléphones montrent la structure se pencher dangereusement sur l’avant dans un nuage de poussière, menaçant les passants, les immeubles avoisinants dont une clinique située à proximité (Médecins de Nuit).
En raison de son emplacement en plein quartier des affaires, et par ce fait difficile à passer sous silence, les autorités sont rapidement arrivées sur les lieux. Le gouverneur sortant de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, est venu constater les dégâts qui n’ont causé aucune victime, les ouvriers ayant déjà «pris la poudre d’escampette», selon le communiqué de l’Hôtel de ville.
Par mesure de précaution, le tronçon compris entre le boulevard du 30 Juin au rond-point Socimat et le rond-point Safricas est fermé à la circulation après l’évacuation préalable des occupants des immeubles menacés. Gentiny Ngobila a, séance tenante, ordonné aux services techniques de la ville et autres spécialistes de procéder sans délai à la démolition de la structure afin d’endiguer définitivement la menace. Des travaux qui devraient durer plusieurs semaines.
De son côté, la Société nationale d’électricité, SNEL SA, a informé ses abonnés de certains quartiers des communes de Gombe, Kintambo et Lingwala du retrait momentané de la tension sur sa ligne de 30 Kilovolts passant à proximité de l’immeuble affaissé dont la démolition se fera incessamment, et des interruptions de la fourniture d’électricité qui seront observées pour éviter des dommages collatéraux.
POLÉMIQUES
Dès les premières heures qui ont suivi le sinistre, des communiqués contradictoires émanant des services publics ont inondé la Toile. Une annonce de l’Hôtel de ville mettait hors de cause l’Autorité urbaine qui «n’est pas habilitée à délivrer des autorisations pour des constructions de plus d’un étage ». Au-delà, la compétence en revient au gouvernement central par le biais de son ministère de l’Urbanisme et Habitat.
Dans une «Mise au point» publiée dans la foulée, le ministre Pius Mwabilu a aussi dépêché sur les lieux une équipe d’inspecteurs pour constater les faits, identifier le propriétaire et identifier les responsabilités.
Selon la «Mise au point», «la construction de l’immeuble décrié est irrégulière car ne respectant pas les normes de construction édictées par le service de l’Urbanisme et Habitat qui octroie le permis de construire».
Le ministère précise que le 20 septembre 2023, les travaux avaient été suspendus sur ce chantier à cause du non-respect de la loi portant réglementation de l’autorisation de bâtir. Malgré tout, signale le ministère, et malgré cette interdiction formelle, le propriétaire et ses complices ont continué les travaux dans la clandestinité.
La «Mise au point du ministre de l’Urbanisme et Habitat se conclue par sa demande « à quiconque détiendrait des informations sur le propriétaire de pouvoir collaborer avec les inspecteurs de l’Urbanisme et Habitat qui sont à pied d’œuvre».
ABSENCE D’AUTORITÉ DE L’ÉTAT
Les autorités locales restent énigmatiques quant aux détails entourant ce chantier défaillant. Les spéculations vont bon train quant à la nature des matériaux utilisés, à la qualité de la construction et à la supervision des travaux. Les habitants se demandent comment un tel événement a pu se produire dans une zone aussi fréquentée.
En attendant que la lumière soit faite sur les circonstances exactes de cet effondrement, les regards restent tournés vers les autorités pour obtenir des réponses claires et des mesures préventives pour éviter de futurs incidents de ce genre dans la capitale congolaise.
Aux dernières nouvelles, le (ou la propriétaire) et son voisin (ou sa voisine), ce.tte dernier.ère ayant entrepris des travaux d’excavation d’un «profond» sous-sol seraient déjà face à la justice sans que l’on sache pour autant leurs identités respectives.
Néanmoins, une question demeure : dans quelle mesure le ministère de l’Urbanisme aurait-il resté ignorant de l’identité du propriétaire du chantier, au point de lancer un appel à la dénonciation publique. De deux choses l’une : ou ceci relève d’une incompétence manifeste, ou c’est une manœuvre tendant à cacher à l’opinion le nom de cette personne qui aurait foulé aux pieds l’autorité de l’Etat au point de continuer des travaux au vu et su des services publics d’ordinaire prompts à verbaliser à temps et à contretemps ceux des nouveaux propriétaires dépourvus de parapluie politique.
Econews