L’épée de Damoclès est suspendue sur la tête des bourgmestres de la ville de Kinshasa qualifiés d’incompétents dans la lutte contre l’insalubrité. 90 % des bourgmestres sont ainsi indexés. Après le ministre provincial de l’Intérieur et Sécurité qui l’a révélé en affirmant que ce dossier était déjà sur la table du gouverneur pour décider, le vice-gouverneur vient de le confirmer, soulignant que «ce n’est plus qu’une question d’heures».
La déclaration du sénateur Thambwe Mwamba faite à la plénière de Sénat selon laquelle Kinshasa était la ville la plus sale d’Afrique a suscité des réactions auprès de l’autorité urbaine.
Intervenant à ce propos, mercredi 10 novembre 2022 sur la radio Top Congo Fm, le vice-gouverneur de la ville de Kinshasa, Gérard Mulumba, a déclaré que le sénateur Thambwe Mwamba n’est pas bien placé pour donner des leçons à l’Hôtel de ville de Kinshasa sur l’insalubrité à Kinshasa.
«Qu’a-t-il fait en ayant travaillé avec Mobutu et Joseph Kabila ? S’est interrogé le vice-gouverneur pour qui «il ait raison ou pas, il n’est pas la bonne personne».
Comme le vice-gouverneur Mulumba, le directeur de cabinet adjoint du gouverneur en charge de l’administration, David Tshimanga, a abondé dans le même sens. Il a fait savoir que l’Hôtel de ville de Kinshasa est en train d’user de tous les moyens pour bien mener la lutte contre l’insalubrité dans la capitale.
Les bourgmestres au banc des accusés
Déplorant la situation qui prévaut actuellement dans la ville de Kinshasa à la suite des pluies diluviennes qui s’y abattent ces derniers temps, le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a, au cours d’une réunion du Conseil des ministres, donné des instructions précises.
Tout en appuyant le Président de la République, le vice-gouverneur Mulumba impute surtout la responsabilité aux bourgmestres qui, selon lui, ne font pas convenablement leur travail.
«Outre les recettes que leur rétrocède l’Hôtel de ville, les bourgmestres disposent de moyens pour faire face au problème d’insalubrité », a fait le savoir le vice-gouverneur pour qui beaucoup d’entre eux manquent d’initiatives et de méthodologie dans leur travail. Et de s’interroger : «Que font-ils des recettes qu’ils génèrent dans leurs juridictions respectives ?»
Gérard Mulumba n’a pas hésité d’annoncer que les sanctions qui seront prises incessamment à l’endroit de 90% des bourgmestres amorphes. Il a même rassuré que la réunion du gouvernement provincial de Kinshasa programmée incessamment se penchera sur le rendement des bourgmestres et la question de l’insalubrité dans la capitale.
La population qui passe outre les règles d’hygiène a aussi sa part de responsabilité.
Réveil tardif
Il a fallu que le chef de l’Etat monte au créneau à la suite des inondations constatées dans certains quartiers de Kinshasa ou que des personnes émettent un point de vue sur l’état d’insalubrité pour que l’autorité urbaine se réveille de sa torpeur.
«L’Hôtel de ville n’est-il pas responsable de la lassitude qui caractérise les bourgmestres dans l’accomplissement de leur tâche ? Pourquoi a-t-il attendu longtemps avant d’envisager des sanctions à l’endroit des bourgmestres amorphes? », s’interroge une certaine opinion.
Tout en se posant ces questions, celle-ci souhaite voir l’autorité urbaine opter pour l’itinérance afin de mieux suivre les travaux d’assainissement sur le terrain. Cela doit également être le cas pour les bourgmestres.
Véron Kongo