Certainement occupés par les honneurs rendus au héros national Patrice-Emery Lumumba, prélude à l’inhumation de sa relique ce 30 juin, jour du 62ème anniversaire de l’indépendance, bien de Congolais n’ont pas prêté une attention particulière à l’adresse de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et cheffe de la Monusco devant le Conseil de Sécurité, le 29 juin.
Bintou Keita a indiqué que ’’le M23, qui se comporte plus comme une armée conventionnelle que comme un groupe armé […] dispose d’une puissance de feu et d’équipements de plus en plus sophistiqués, notamment en termes de capacité de tir à longue portée, de mortiers et de mitrailleuses, ainsi que de tir de précision sur les aéronefs’’. Elle a ajouté que les hostilités entre le mouvement soutenu par le Rwanda ont déjà coûté la vie à 23 personnes parmi les civils et à 8 casques bleus dans un crash d’hélicoptère sur une zone contrôlée par le M23. Elles ont causé à ce jour plus de 170.000 déplacés réfugiés en Ouganda ou reçus dans des familles d’accueil…
En réaction, le ministre de la Communication et Médias a jugé insuffisant le discours de Mme Keita. Selon Patrick Muyaya, la patronne de la Monusco a usé de circonlocutions en lieu et place de dénoncer ouvertement l’agression rwandaise sous le couvert du M23. ’’Pour les enfants décédés, ce langage diplomatique est insuffisant […]’’ car ’’la fin de cette agression que subit la RDC commencerait par dire du haut de la Tribune des Nations Unis que les rebelles du M23 qui se comportent comme une armée régulière bénéficient d’un soutien du Rwanda, comme ce fut dans le passé’’.
Deux visions contradictoires qui illustrent la dichotomie des vues entre la communauté internationale, plus préoccupée à ménager les autorités de Kigali et le président Kagamé, qu’à se pencher avec réalisme et fermeté sur les atrocités au quotidien dans les provinces orientales de la République Démocratique du Congo, par le fait de leur protégé rwandais.
Le refus répété de la Monusco de voir la présence rwandaise au Nord-Kivu, pourtant un secret de polichinelle, vient remettre à l’ordre du jour, voire en question, la raison d’être de la présence de la Monusco en RDC. Une présence qui a vu prospérer une multitude de groupes armés, avec leur suite de tueries dans les secteurs où elle est censée protéger les populations civiles.
Econews