La paix se gagne

Après une semaine d’affrontements entre l’armée rwandaise sous le couvert du M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans les territoires de Nyiragongo et de Rutshuru, l’heure est à l’accalmie. Un retour relatif à la vie normale acquis non par une quelconque négociation entre belligérants, mais par la force des armes. En l’espace de 48 heures, les FARDC sont parvenues à repousser les agresseurs, éloignant du coup la menace qui pesait sur la base militaire de Rumangabo, et libérant les localités de Kibumba, Buhuma, Rugari et Jomba brièvement occupées par l’ennemi.
On serait tenté d’arguer que l’Armée patriotique rwandaise et ses supplétifs du M23 auraient battu en retraite à la suite des pressions et condamnations unanimes dont la plus significative est celle du Conseil exécutif de l’Union africaine réuni à Malabo en Guinée équatoriale. Devant ses pairs, le ministre congolais des affaires étrangères n’y est pas allé par le dos de la cuillère : le M23 n’est qu’un paravent : l’armée de Kigali est bel bien à la base des hostilités, pour des raisons non définies à ce stade.
La énième résurgence de l’aile rwandaise du M23 conduite par le tandem Makenga-Bisimwa, alors que leurs collègues de l’aile ougandaise sous le commandement de Runiga font profil bas, exigeant la mise en application des Accords de Nairobi, dont la clause de leur rapatriement en RDC, doit interroger.
Kinshasa doit comprendre que pour mettre un frein aux humeurs belliqueuses du président rwandais, il faut le combattre avec sa propre stratégie. En rappelant qu’alors réfugié en Ouganda, il avait fait ses premières armes au sein de la rébellion du général Museveni, qui pratiquait au début des années 1990, le principe du Talk and Fight (Négocier tout en Combattant) dans les difficiles négociations avec le pouvoir de Kampala.
En clair, le recours systématique par Kinshasa au Mécanisme de vérification ou aux instances habilitées de l’Union africaine dans l’arbitrage des conflits récurrents dans la région des Grands Lacs, doit aller de pair avec une détermination militaire sans équivoque. Le dialogue souvent hypocrite entre ennemis, sous les ors et lambris des palais africains ne sera bénéfique que si diplomates et l’état-major congolais gardent en permanence à l’esprit le Talk and Fight du camp d’en face. Négocier tout en combattant.

Econews