Le constat est sans appel : le Rwanda, par son soutien aux groupes armés, joue un rôle déstabilisateur dans l’Est congolais. Les rapports d’experts des Nations Unies, les condamnations africaines et les cris étouffés des populations locales le confirment. Pourtant, face à cette crise, la communauté internationale privilégie trop souvent les solutions négociées a minima, comme si la paix devait se construire sur l’impunité des agresseurs et la souffrance des Congolais.
Mais le vrai drame se niche peut-être ailleurs : dans l’incapacité des élites congolaises à transcender leurs rivalités pour former un front commun. Le Président Tshisekedi a tendu la main à l’opposition, appelant à une trêve politique. Une initiative louable, certes, mais aussitôt sapée par des actes contradictoires. La perquisition musclée mardi dans une résidence liée à Joseph Kabila, ex-chef d’État toujours influent, envoie un signal désastreux. Qu’elle soit justifiée ou non, son timing et son exécution manu militari alimentent les suspicions d’un règlement de comptes, ravivant les vieux démons de la méfiance.
Comment exiger la cohésion face à l’agression rwandaise quand, dans la capitale, les opposants sont traqués, leurs biens saisis sous prétexte de sécurité nationale ? Comment convaincre la population de serrer les rangs derrière ses institutions quand celles-ci semblent privilégier la répression à la réconciliation ?
La réponse est claire : il n’y a pas de victoire possible contre l’AFC/M23 sans un Congo uni. Les divisions internes offrent un terreau fertile aux ingérences étrangères. Chaque arrestation controversée, chaque discours incendiaire, chaque raid opaque renforce le récit des détracteurs du régime : celui d’un pouvoir plus soucieux de consolider son emprise que de protéger sa souveraineté.
Le temps n’est plus aux gestes symboliques ou aux déclarations creuses. La RDC a besoin d’un pacte national audacieux, incluant toutes les forces vives – majorité comme opposition -, pour définir une stratégie commune contre l’agression extérieure et les fractures internes. Cela suppose de libérer les prisonniers politiques, de garantir un espace démocratique apaisé et de recentrer les efforts sur la réforme des secteurs clés (armée, justice, mines).
Joseph Kabila, de son côté, doit choisir : jouer les éternels trouble-fêtes ou œuvrer, dans l’ombre ou la lumière, à la stabilisation du pays qu’il a dirigé. Quant au Président Félix Tshisekedi, il doit comprendre qu’un leadership fort ne se construit pas sur l’exclusion, mais sur l’inclusion.
La RDC est à la croisée des chemins. Les Congolais méritent mieux que des dirigeants qui alimentent les crises pour mieux régner. Ils méritent des institutions qui protègent, une armée qui défend, et des élites qui servent – enfin – l’intérêt général.
La guerre dans l’Est de la RDC ne se gagnera pas seulement avec des armes, mais avec un peuple soudé. Et cette unité, aujourd’hui, se fissure dans l’indifférence des puissants. L’histoire retiendra que face aux périls, certains ont choisi de diviser. D’autres, espérons-le, choisiront de bâtir.
Econews