Il s’est ouvert, le mardi 17 octobre 2023, à Pékin le troisième sommet de la « Belt and Road Initiative » – BRI, (Nouvelle route de la soie) qui célèbre le 10e anniversaire de cette initiative chinoise. C’est l’occasion pour les chefs d’Etat et de gouvernement de revenir sur les promesses faites, ce qui a été accompli depuis 2013 et les perspectives futures.
Lancée en 2013, la BRI a fini par devenir un concept dans lequel on a fini par englober tout ce qui représente aujourd’hui investissements et financement chinois à l’étranger. Ce qui explique aujourd’hui pourquoi certains projets conçus avec le lancement de l’initiative sont aujourd’hui considérés comme en faisant part.
En termes de chiffres, la BRI c’est aujourd’hui 150 pays, 30 organisations internationales et 20 accords de coopération. C’est aussi l’equivalent de près de 331 milliards de dollars de financement depuis 2013 dans plusieurs dizaines de pays en Asie, en Amérique latine, en Europe et en Afrique. En ce qui concerne l’Afrique c’est 23 milliards de dollars de 2013 à 2021 avec un pic de 28 milliards de dollars en 2016.
Mais depuis 2016, les financements chinois vers l’Afrique sont en chute libre avec le niveau le plus bas connu de 2 milliards de dollars en 2021.
Pour donner un aperçu de ce qui a été accompli, le conseil d’Etat chinois a publié le livre blanc du BRI qui revient sur les grandes réalisations de l’initiative. À côté de ce livre blanc, Le Global Development Policy Center de l’université de Boston a publié la semaine passée un rapport qui dresse un bilan critique de la première décennie de l’initiative.
Les bons côtés
Financement : Les banques stratégiques chinoises ont fourni environ 500 milliards de dollars de financement entre 2008 et 2021, soit 83 % des prêts de la Banque mondiale au cours de la même période. 331 milliards de dollars ont été accordés après la création de la BRI en 2013. En outre, la BRI a également stimulé d’autres formes de financement telles que l’investissement en actions et l’afflux de fonds commerciaux et privés dans les pays du Sud. La Chine a également fourni des liquidités aux gouvernements, ajoutant environ 910 milliards de dollars au filet de sécurité financier mondial.
Croissance : Les investissements de la BRI dans les infrastructures ont stimulé les exportations en réduisant les coûts et ont stimulé la croissance à court terme. Le financement chinois du développement à l’étranger a été beaucoup plus axé sur les activités industrielles et les projets d’infrastructure, par rapport aux bailleurs traditionnels comme la Banque mondiale, qui ont eu tendance à se concentrer sur le renforcement des capacités institutionnelles. Les financements chinois ont permis de garantir 1,7 % à 2,9 % de la croissance mondiale à plus long terme.
Options: La présence de la Chine comme bailleur de fonds a élargi les options des pays bénéficiaires, nombre d’entre eux empruntant auprès de la Chine et de la Banque mondiale à des taux à peu près égaux. Cela a accru leur autonomie politique des pays récipiendaires. Sa présence a aussi poussé la Banque mondiale à financer davantage les projets d’infrastructures. Le rapport a découvert qu’en Afrique, la Banque Mondiale accorde désormais plus de financements aux infrastructures dans les pays qui reçoivent le plus de financements chinois.
Les problèmes
Crise de la dette : les prêts chinois ont coïncidé avec une augmentation rapide des prêts commerciaux occidentaux. Ensemble, ils ont contribué à favoriser une crise de la dette dans les pays du Sud, déclenchée en partie par des hausses rapides des taux d’intérêt en réponse à la pandémie de grippe aviaire et à la guerre en Ukraine. La Chine a joué un rôle compliqué dans les processus d’allègement de la dette en participant à l’initiative de suspension des services de la dette et au cadre commun du G20, tout en s’opposant à certaines conventions relatives au rôle des banques multilatérales de développement. Cela a retardé la restructuration de la dette de plusieurs pays comme la Zambie. Dans le même temps, la Chine est devenue un important bailleur de fonds bilatéral. La combinaison de ces facteurs risque de fragmenter le système financier international, tandis que le faible niveau de transparence de la Chine accroît l’incertitude.
Pollution et impact environnemental : Les investissements chinois dans les infrastructures et l’industrie ont eu un impact considérable sur l’environnement. Les infrastructures chinoises à l’étranger favorisent également le réaménagement des sols, ce qui entraîne de nouvelles émissions de gaz à effet de serre et pose des risques pour la biodiversité et les terres indigènes. Entre 2000 et 2021, les deux tiers du financement de l’énergie ont été consacrés à l’infrastructure des combustibles fossiles. Les centrales électriques financées par la Chine émettront 12 gigatonnes de dioxyde de carbone au cours de leur vie.
Avec projetafriquechine.com