Les dessous de la concertation CENI – Présidentiables Secoué de toutes parts, Denis Kadima reste focus sur l’échéance du 20 décembre

Lundi dans la salle Majesté Congo de l’hôtel Hilton, l’ambiance était électrique, en marge de la rencontre entre la CENI (Commission électorale nationale indépendante) et les 26 présidentiables, candidats à la présidentielle du 20 décembre 2023. Si la CENI a affiché complet, dans les rangs des présidentiables, on a noté l’absence de Moïse Katumbi et Denis Mukwege. La grande surprise aura été la présence du candidat n°20, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, très détendu lors de cette réunion. Assis entre Noël Tshiani et Martin Fayulu, Tshisekedi était la grande vedette de cette concertation, lorsque Denis Kadima, président de la CENI, se faisait malmener par certains candidats, non convaincus de ses méthodes. Quoi qu’il en soit, Denis Kadima reste focus sur l’échéance du 20 décembre 2023, qui reste, selon lui, incontournable. Ce samedi 19 novembre, C’est déjà parti pour un mois de campagne électorale !

« Je vous lance un vibrant appel à jouer pleinement votre rôle parce que la CENI, qui compte jouer le sien, est disposée à construire avec vous une relation de collaboration basée sur le respect mutuel pour la tenue des scrutins crédibles, transparentes, inclusifs et apaisés ».

C’est par cet appel que Denis Kadima Kazadi, président de la CENI, a conclu, lundi 13 novembre, son message aux 26 candidats président de la République.

En pré sen ce des membres du Bureau et ceux de la plénière de la CENI ainsi que d’un parterre d’invités et des médias, le numéro un de la Centrale électorale a loué l’engagement qu’ils ont pris, chacun, à faire acte de candidature.

«Je me fais le devoir de présenter les félicitations de la CENI aux 26 candidats ici présents ou représentés par leurs mandataires pour avoir franchi toutes les étapes liées au dépôt des dossiers de candidature, à leur examen par la CENI et au traitement du contentieux par la Cour constitutionnelle.

Les candidats retenus pour la course à l’élection présidentielle peuvent être considérés comme faisant partie de l’élite congolaise par le simple fait que l’un d’entre eux sera élu Président de la République le 20 décembre 2023. Il sera appelé à assumer de lourdes charges à la tête d’un grand pays aux dimensions d’un sous-continent », a relevé Denis Kadima.

LA CENI MAINTIENT LE CAP

A cet effet, Denis Kadima est revenu sur les étapes restantes jusqu’à l’échéance du 20 décembre, jour des scrutins : « La CENI a publié la liste provisoire des électeurs conformément à l’article 6 de la loi électorale, en attendant celle définitive, sur pied de l’article 8 de ladite loi. Il faut cependant relever à ce propos que la date cruciale demeure le 5 décembre 2023, soit 15 jours avant la tenue des scrutins, pour la publication et l’affichage des listes définitives au niveau des bureaux de vote. La CENI a également publié la cartographie des bureaux de vote conformément à l’article 47 bis de la loi électorale sur son site internet. La formation du personnel temporaire pour les scrutins du 20 décembre 2023 a déjà démarré et se poursuit conformément au plan de formation. Le recrutement des membres des Bureaux de vote et de dépouillement et des Centres locaux de compilation des résultats sont déjà effectués et ceux retenus après le test sont au niveau 3 de la formation. Les équipes logistiques de la CENI ont démarré le déploiement du matériel électoral notamment des kits bureautiques et dispositif électronique de vote ‘DEV’ », confirmant que « la campagne électorale pour les candidats Président de la République, députés nationaux, députés provinciaux démarre ce 19 novembre 2023. Celle des conseillers communaux est prévue deux semaines avant les scrutins ».

Mettant en lumière les grandes opérations ayant marqué le processus électoral et les différentes étapes qu’il a traversées, Denis Kadima a réaffirmé la détermination de la CENI de relever le défi à organiser de « bonnes élections dans le délai constitutionnel ».

La date du 20 décembre 2023 reste, selon lui, incontournable, rappelant que «la RDC ne peut pas se payer le luxe de perpétuer une culture du non-respect des délais constitutionnels ou d’échecs électoraux successifs».

A la CENI, note Kadima, tout est mis en place pour « la tenue des élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées ».

Malgré toutes les critiques, parfois acerbes, lancées contre la CENI, Denis Kadima a préféré se réfugier derrière la Sainte Bible : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Il a dès lors lancé un appel pressant à toutes les parties prenantes à se joindre à la CENI pour relever le pari du 20 décembre, leur faisant savoir que «si ce bateau chavire, il n’est pas dit que seule la CENI coulerait».

RÉACTIONS

L’adresse du président de la CENI et les exposés de ses experts n’ont pas laissé indifférents les présidentiables, présents dans la salle, qui continuent à dénoncer un processus électoral jonché d’irrégularités.

Delly Sesanga, l’un des candidats à la présidentielle, estime que le plan présenté par la CENI est peu convaincant.

« Je pense que le plan opérationnel n’est pas clairement défini. La CENI prétend encore avoir des difficultés, avoir été financé à 70%, ce qui n’est pas suffisant à achever le processus. Un certain nombre de tâches, pourtant essentielles, notamment la publication des listes définitives des électeurs, qui doivent se faire dans le délai pour avoir les corrections nécessaires sur les listes provisoires en amont, ne sont pas accomplies dans le délai, donc on ne peut pas commencer à considérer que nous sommes dans un processus qui soit rassurant pour toutes les parties », a-t-il dit, selon des propos repris par l’ACP.

De son côté, Martin Fayulu, le candidat de l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDÉ), déplore ce qu’il qualifie d’opacité de la Centrale électorale qui selon lui, travaille pour préparer la fraude électorale.

Martin Fayulu, candidat président de la République, lui a emboîté le pas : « Aujourd’hui, la CENI est incapable de nous dire où est le fichier électoral ? Combien d’électeurs il y a dans ce fichier électoral ? La CENI a déjà dépensé 800 millions de dollars. Elle va dépenser au total 1 milliard 100 millions de dollars, l’argent du contribuable congolais, mais elle est opaque. Nous ne pouvons pas accepter que monsieur de la CENI organise sa fraude et nous l’accompagnons ».

A toutes ces inquiétudes, Mme Patricia Nseya, rapporteur de la CENI, s’est plutôt voulue rassurante sur le processus électoral en cours.

Elle a, dans la foulée, invité les candidats à la présidentielle à s’abstenir des polémiques et à s’approcher de la CENI pour avoir la bonne information.

«Je voudrais renvoyer les politiques, les candidats et toutes les parties prenantes à la lecture et à la compréhension de la loi électorale…», leur a-t-il lancé.

A l’issue de la cérémonie, la CENI a mis à la disposition des 26 candidats président de la République la liste physique provisoire des électeurs et l’Atlas sur la cartographie des bureaux de vote. Une façon de rassurer les uns et les autres.

ECONEWS