Levée des immunités et interdiction de sortie du territoire : fraudes électorales, le glas a sonné !

Les choses s’accélèrent. Moins d’une semaine après la bombe lâchée par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et mettant en cause pas moins de 82 candidats aux élections législatives nationales et provinciales : aussitôt après l’appel du Procureur général près la Cour de cassation aux organes délibérants de lever les immunités des gouverneurs de province et ministres concernés par l’affaire des fraudes électorales, la Direction générale de migration (DGM) a carrément sauté le pas et interdit la sortie du territoire national des mis en cause. Des personnalités de tous les bords politiques, dont la majorité présidentielle désormais en sursis.

Devant le tollé général soulevé par le communiqué de la CENI du 5 janvier 2024 confirmant l’ampleur de la fraude lors des élections générales du 20 décembre 2023, la machine judiciaire ne pouvait normalement rester aphone, sous peine de prêter le flanc à la rumeur publique de sa complicité avec les acteurs du déraillement du processus électoral.

GENTINY NGOBILA DESTITUÉ

Dès lundi, le Procureur général près la Cour de cassation Firmin Mvonde, donnait le ton : il a saisi les organes délibérants en vue de la levée des immunités des gouverneurs de province et des ministres concernés par la fraude électorale. Saisissant la balle au bond, la DGM a aussitôt émis une interdiction de sortie du territoire national visant les 82 candidats déchus.

Parmi les organes délibérants, c’est l’Assemblée provinciale de Kinshasa qui a dégainé la première. Son bureau présidé par le pasteur Godefroid «Godé» Mpoyi, notoirement ennemi juré du gouverneur de Kinshasa, s’est empressé de lever l’immunité de Gentiny Ngobila, Autorité morale du regroupement AAA/ACP, le destituant dans la foulée par 4 voix sur 5 votants.  Il lui est par ailleurs enjoint de présenter, endéans 24 heures, sa démission au bureau de l’Assemblée provinciale de Kinshasa et de se mettre de son plein gré à la disposition de la justice.

La destitution du gouverneur de Kinshasa (si elle venait à s’avérer effective) viendrait mettre un terme à une lutte épique entre le pasteur Mpoyi et le gouverneur Ngobila, le premier accusant le second de malversations et d’incompétence. Elle viendrait également conforter l’ambition de l’UDPS de faire main basse sur la ville de Kinshasa, inestimable vivier d’un électorat frondeur.

Des signaux en ce sens sont visibles depuis l’arrivée à l’Hôtel de ville du député UDPS Gérard «Gecoco» Mulumba en remplacement du vice-gouverneur Néron Mbungu. Lui non plus, c’est de notoriété générale, n’a jamais eu d’atomes crochus avec son titulaire, l’accusant ouvertement d’entretenir un népotisme outrancier, de détourner la solde des policiers, et de financer son parti politique grâce aux fonds prétendument destinés aux programmes-fantômes d’assainissement de la capitale.

EFFET BOULE DE NEIGE

Il ne fait aucun doute que le vent mauvais venu de Kinshasa fasse boule de neige dans le reste des organes délibérants concernés qui n’attendaient qu’une occasion de faire tomber de leurs piédestaux les chefs des Exécutifs provinciaux avec lesquels ils ont eu continuellement maille à partir tout au long de long de la mandature qui tire à sa fin.

Dans les chefs-lieux des provinces de la Mongala, de Tshuapa et de l’Equateur, dont les gouverneurs sont mis en cause, c’est la veillée d’armes. Prenant exemple sur Kinshasa, la déchéance des gouverneurs USN n’est plus qu’une question d’heures.

Dans la perspective de la recomposition de la future majorité parlementaire, l’UDPS ne s’embarrasserait aucunement de se défaire de certains de ses hauts cadres combinards devenus encombrants.

Econews