Le gros malaise électoral

Il est bien loin, le temps où l’opinion congolaise se félicitait encore de la « passation pacifique et civilisée du pouvoir». A jamais enfoui dans les évanescences d’un lointain passé, pourtant bien proche (il y a seulement cinq ans), le spectacle émouvant d’un Joseph Kabila tout sourire et rasé de près, ceignant les reins de Félix Tshisekedi, son successeur de  l’écharpe tricolore, attribut du pouvoir suprême. Le tout  sous un soleil de plomb et dans la liesse générale.  

Bien entendu, le premier mandat du fils du feu le Sphinx de Limete ne fut pas de tout repos, entre une première phase en dents de scie marquée par son alliance avec…

la force politique sortante, le FCC/PPRD de l’ancien chef de l’Etat, jusqu’à son implosion et le grand bouleversement ayant donné naissance à l’Union sacrée de la nation  avec ses alliances véritable patchwork sans précédent; suivront les crises du COVID 19 et la résurgence du M23, entrecoupés de scandales retentissants de détournements de deniers publics ou d’emprisonnements d’opposants politiques et de journalistes…

Puis est venue la désillusion. Une fatigue motivée par le goût prononcé des nouveaux dirigeants trop enclins à la fête alors que l’Est du pays et une partie de l’ouest sont à feu et à sang.  Malgré tout, un brin d’espoir a subsisté jusqu’aux élections générales du 20 décembre 2023. Une partie du peuple était partante pour accorder une seconde chance à Félix Tshisekedi.

Des espoirs immédiatement douchés par les dysfonctionnements du processus électoral et les ambigüités du président de la Centrale électorale Denis Kadima. En corroborant malgré lui les nombreuses allégations de fraude électorale et la possession par des tiers du matériel électoral confidentiel entraînant l’invalidation de 82 candidats et l’annulation des scrutins dans deux circonscriptions électorales, la CENI a créé un gros malaise au sein de l’opinion nationale.

Ce coup de froid ambiant ne résulte pas seulement du score quasi à la soviétique reconnu au chef de l’Etat sortant par la CENI, mais aussi de l’invalidation de candidats dont une belle brochette de cadres de l’USN, dorénavant interdits de sortie du territoire national, de l’incertitude sur la publication des résultats des législatives nationales et provinciales, ou de tracasseries et menaces en tous genres à l’encontre d’opposants.

Des lendemains qui chantent restent à ce stade du domaine d’une utopie que seuls les réductibles fanatiques peuvent encore caresser.

Econews