đđ đȘđźđ đŁđ đ©đđ§đŹđ est que jamais les hautes juridictions judiciaires du pays nâont Ă©tĂ© mises Ă dure Ă©preuve comme dans le dossier Matata. En effet, plus le temps passe, plus les motivations profondes du procĂšs se dĂ©voilent; ce qui met en mal lâĂtat de droit dans le pays.
Loin dâĂȘtre un dossier judiciaire, il apparait au grand jour quâil sâagit plutĂŽt dâun dossier fonciĂšrement politique. Sinon, comment peut-on imaginer quâun arrĂȘt rendu par la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, puisse ĂȘtre contestĂ© par lâorgane judiciaire chargĂ© de son application, Ă savoir le Parquet gĂ©nĂ©ral prĂšs la Cour ?
Et pourtant la loi organisant le fonctionnement de cette Cour, en son article 94, stipule Ă son alinĂ©a 2 ce qui suit : « ils (les ArrĂȘts) sont immĂ©diatement exĂ©cutoires ». Et Ă son alinĂ©a 3, il rajoute ceci : « Le Procureur gĂ©nĂ©ral en poursuit lâexĂ©cution ». Or, ce dernier a refusĂ© dâexĂ©cuter lâArrĂȘt de la Cour au grand Ă©tonnement de neuf juges composant cette institution.
Le Procureur gĂ©nĂ©ral a rĂ©cupĂ©rĂ© le dossier de force directement du greffe de la Cour et lâa rĂ©transfĂ©rĂ©, contre le grĂ© de la Cour, au parquet prĂšs la Cour de cassation, en violation de la Constitution et de la loi organisant le fonctionnement de la Cour constitutionnelle. Lâobjectif Ă©tant de trouver Ă tout prix une juridiction capable de condamner Monsieur Matata. Câest cela lâĂtat de droit !
đđ đȘđźđ đŁđ đ©đđ§đŹđ est que jamais on nâa vu dans ce pays, une institution ou une personnalitĂ© de haut rang rĂ©cuser publiquement la compĂ©tence de la Cour constitutionnelle Ă interprĂ©ter un article de la Constitution. Et pourtant, câest une compĂ©tence constitutionnellement reconnue uniquement Ă cette importante institution qui regorge dâĂ©minents professeurs, juristes et autres professionnels du secteur.
Curieusement, le prĂ©sident du SĂ©nat, Modeste Bahati Lukwebo, lors de la plĂ©niĂšre du SĂ©nat le 9 dĂ©cembre 2021, a soutenu publiquement que la Cour constitutionnelle a mal interprĂ©tĂ© lâarticle 164 de la Constitution.
Lâopprobre a Ă©tĂ© ainsi jetĂ© par le prĂ©sident du SĂ©nat aux neuf juges de la Cour pour leur incapacitĂ© Ă interprĂ©ter un article de la Constitution. Mais, selon le sĂ©nateur Evariste Boshab, professeur de droit constitutionnel, câest bien le prĂ©sident du SĂ©nat qui a fait une interprĂ©tation erronĂ©e de cet article.
Face au silence incompréhensible de la Cour constitutionnelle, la population se pose la question de savoir à qui elle doit croire quant au contenu exact de cet article. Aux neuf juges de la Cour ou au Président du Sénat, constitutionnaliste de circonstance ?
Il est vrai quâil se dĂ©gage de lâarticle 10 de la Loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle que le Juge constitutionnel prĂȘte serment de « âŠgarder le secret des dĂ©libĂ©rations et des votes, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation Ă titre privĂ© sur les questions relevant de la compĂ©tence de la Cour constitutionnelle et de nâentreprendre aucune activitĂ© mettant en cause lâindĂ©pendance, lâimpartialitĂ© et la dignitĂ© de la Cour ».
Nous estimons cependant, que lâĂtat de droit exige quâen de telles circonstances, la Cour constitutionnelle rompe son silence mythique et Ă©difie davantage les citoyens, car elle est la seule institution compĂ©tente en la matiĂšre. Les contrevĂ©ritĂ©s distillĂ©es par le PrĂ©sident du SĂ©nat sont de nature Ă semer la confusion au sein de lâopinion tant nationale quâinternationale.
Cette attitude qui est constitutive de rĂ©bellion Ă lâĂ©gard de lâarrĂȘt de la Cour, porte naturellement atteinte Ă la dignitĂ© des membres de la Cour que le lĂ©gislateur voudrait pourtant intangible Ă la lecture du serment que prĂȘtent lesdits membres. Câest cela lâĂtat de droit.
đđ đȘđźđ đŁđ đ©đđ§đŹđ est que lâon ne peut pas rechercher un Ătat de droit et au mĂȘme moment tolĂ©rer la mĂ©connaissance publique des dĂ©cisions de la Cour constitutionnelle par un citoyen, soit-il, chef dâune haute institution, pourtant tenu Ă lâobligation de rĂ©serve.
Ce mauvais prĂ©cĂ©dent constitue un risque de dĂ©rapage trĂšs Ă©levĂ© pour le pays, car, les dĂ©cisions de la Haute Cour deviennent contestables en fonction de la position que lâon occupe !
Bien plus, le prix Ă payer pour les gĂ©nĂ©rations futures est Ă©norme parce que dĂ©sormais, lâincertitude plane sur le caractĂšre obligatoire des arrĂȘts la Cour. Comment le PrĂ©sident du SĂ©nat peut-il soustraire dâoffice le SĂ©nat de la zone dâexĂ©cution des actes posĂ©s par la Cour ? En effet, ce dernier, lors de la plĂ©niĂšre suscitĂ©e du 9 dĂ©cembre, a dĂ©clarĂ© publiquement que le SĂ©nat nâĂ©tait pas concernĂ© par lâArrĂȘt RP 0001 de la Cour constitutionnelle sur le procĂšs Matata. Tout simplement, parce que la dĂ©cision rendue Ă©tait en faveur de ce dernier.
Les dĂ©cisions de la Haute cour sont-elles acceptables et exĂ©cutoires en fonction du jugement que lâon souhaite recevoir dâelle ? Or, la Constitution, en son article 168, stipule que « les arrĂȘts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles dâaucun recours et sont immĂ©diatement exĂ©cutoires. Ils sont obligatoires et sâimposent aux pouvoirs publics, Ă toutes les autoritĂ©s administratives et juridictionnelles, civiles et militaires ainsi quâaux particuliers ».
Le silence constatĂ© de toute part, surtout de la Cour constitutionnelle et de la PrĂ©sidence de la RĂ©publique face Ă cette rĂ©bellion du PrĂ©sident du SĂ©nat est trĂšs inquiĂ©tant et remet en cause les perspectives dâun vĂ©ritable Ătat de droit. Une rĂ©action appropriĂ©e sâimpose pour rĂ©tablir la crĂ©dibilitĂ© entachĂ©e de cette institution quant aux dĂ©cisions quâelle a prises et quâelle est appelĂ©e Ă prendre.
Ne faut-il pas lâoublier, la Cour constitutionnelle est le juge naturel du PrĂ©sident de la RĂ©publique et du Premier ministre en fonction, et quâĂ ce titre les dĂ©cisions les concernant ne devraient souffrir dâaucune incertitude.
Par ailleurs, nâoublions pas que la mĂȘme Cour est compĂ©tente en matiĂšre Ă©lectorale, pour les Ă©lections lĂ©gislatives nationales et celles prĂ©sidentielles; que partant, câest elle qui en proclame les rĂ©sultats dĂ©finitifs. Ne creuse-t-on par la tombe Ă la dĂ©mocratie et Ă lâEtat de droit avec de telles attitudes ?
đđ đȘđźđ đŁđ đ©đđ§đŹđ est que la Constitution est la loi suprĂȘme du pays. Câest lâexpression de la volontĂ© du peuple tout entier. A ce titre, elle est au-dessus de tout le monde.
Elle doit donc ĂȘtre observĂ©e et appliquĂ©e par tous dans sa totalitĂ© et non en partie, Ă tout moment et non quand on veut. Si certaines autoritĂ©s, Ă cause de leur position institutionnelle, peuvent se dire publiquement non concernĂ©es par la Constitution lorsquâelles nây trouvent pas dâintĂ©rĂȘt et ne recourir Ă celle-ci que quand ça les intĂ©resse, ce nâest plus la Constitution.
Ăa devient un livre ordinaire comme tous les autres qui ne valent que le prix de lâencre et du nombre des pages qui sây trouvent. A terme, la Constitution perd sa crĂ©dibilitĂ© et sa puissance publique, comme on lâa vu par le passĂ© au cours de la DeuxiĂšme RĂ©publique.
Ăa devient un instrument au service des plus forts qui ne reprĂ©sentent quâune frange marginale de la population. Un outil en dĂ©faveur des plus faibles qui constituent la majoritĂ© du peuple. Il importe par consĂ©quent de veiller Ă son application sans faille, ce qui consoliderait la fondation de la justice dans le pays.
La justice Ă©lĂšve les nations, dit-on. Elle constitue le socle des vieilles dĂ©mocraties et des Ă©conomies Ă©mergentes. Elle conditionne en rĂ©alitĂ© lâĂtat de droit dont la RDC a besoin pour prĂ©tendre sâinscrire sur la trajectoire de lâĂ©mergence et du dĂ©veloppement.
Mercredi, 5 janvier 2021
Augustin Matata Ponyo Mapon
SĂ©nateur