Le vent – bon ou mauvais – venu de Mbuji-Mayi a malheureusement détourné les regards de New York où le Conseil de sécurité de l’ONU se penchait encore lundi dernier sur ce grand corps malade qu’est la République Démocratique du Congo.
Il s’agissait de se pencher sur cette demande formulée de longue date par Kinshasa de voir la mission onusienne (la MONUSCO) mettre un terme à son mandat qui, au bout d’une présence de 24 ans, n’est pas parvenue à ramener la paix ni à protéger les populations civiles. Du moins pas autant que les mêmes populations l’eussent souhaité.
Et c’est elles, ces milliers de familles meurtries des provinces de l’Est de la RdCongo qui réclament le départ d’une force inopérante en dépit d’un budget annuel de plus d’un milliard de dollars US.
Submergés par une multitude de forces alliées «invitées» par le gouvernement, les casques bleus, il est vrai, ont de moins en moins une réelle liberté de manœuvre. Entre les Kényans, Ougandais, Burundais, Soudanais du Sud et autres Burundais de la force régionale de l’EAC bientôt rejoints par des contingents de la SADC dans deux provinces en état de siège depuis deux ans, même les plus élaborées des stratégies enseignées dans les meilleures académies militaires s’en trouvent soumises à rude épreuve.
Une bouillabaisse dans laquelle les groupes armés et bandits de grand chemin s’adonnent à cœur joie à des tueries de masse au nez et à la barbe des forces qui en sont réduites à se marcher sur les pieds.
La séance du Conseil de sécurité de l’ONU n’en est pas moins restée ferme : la MONUSCO finira bien par plier bagage; mais seul le Conseil de sécurité en déterminera la date. Et cette échéance est conditionnée par la preuve que la RdCongo dispose d’une armée capable de suppléer «le vide sécu-ritaire» que pourrait occasionner le départ précipité de la MONUSCO. La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en avait déjà donné le ton.
Lors d’un briefing conjoint avec le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, le 19 juin dernier, Bintou Keita avait laissé en effet entendre que la MONUSCO n’avait nullement l’intention de s’incruster en RDC. Mais son départ se ferait au fur et à mesure de la montée en puissance de l’armée nationale. Un processus qui, d’évidence, tarde encore à s’enclencher.
Moralité : il faut mettre une croix sur l’échéance tant vantée de voir la force onusienne quitter le Congo dans un avenir proche. Et cet agenda n’est désormais plus conditionné par la tenue ou non des élections.