Alors que la République Démocratique du Congo fait face à une agression du Rwanda, des voix s’élèvent pour appeler le peuple congolais à la retenue et à ne pas jouer le jeu de Kigali qui veut l’entraîner dans le discours de haine. Depuis les Etats-Unis où il séjourne, le sénateur Matata Ponyo Mapon a, dans un tweet, lancé un vibrant appel aux Congolais à ne pas céder à la tentation de la stigmatisation en s’attaquant aux autres sur la base de leur faciès ou origine tribale. Au moment où la RDC se bat pour une cause noble et juste, Matata pense que c’est le moment de s’unir comme un seul homme aux côtés des FARDC et de son commandant suprême pour protéger l’intégrité de notre pays face aux velléités expansionnistes rwandaises ».
Loin des Etats-Unis où il se trouve, le sénateur Matata Ponyo Mapon compatit avec le peuple congolais dans son ensemble, et la population de la province du Nord-kivu, en particulier, qui subissent les affres d’une agression du Rwanda, agissant derrière le «groupe terroriste» M23.
Au moment où le peuple congolais s’est unanimement rangé derrières les Forces armées de la RDC (FARDC) qui se battent au front pour la défense de la patrie, Matata demande à tous les Congolais de se ranger derrière le Chef de l’Etat et commandant suprême, Félix-Antoine Tshisekedi.
La patrie étant en danger, Matata estime que c’est le moment de mettre de côté nos clivages politiques en se mobilisant pour la défense de la patrie. Quoi de plus normal, selon lui, que d’apporter un soutien unanime aux FARDC.
«Je demande à tous les Congolais de faire un front commun pour s’opposer à cette agression rwandaise Nous devons nous unir comme un seul homme aux côtés des FARDC et de son commandant suprême pour protéger l’intégrité de notre pays face aux velléités expansionnistes rwandaises », écrit-il sur son compte twitter.
Certes, la colère est vive dans l’opinion publique, mais le sénateur Matata pense que ce n’est pas le moment de jouer le jeu de l’ennemi en cédant au discours de haine et à la chasse à l’homme, suivant leur faciès ou origine tribale. A ce propos, il a lancé un message à l’apaisement et à une prise de conscience collective.
«Je demande à tous les Congolais de ne pas tomber dans le piège de l’ennemi en s’attaquant à d’autres Congolais à cause de leur faciès ou origine tribale. L’agression rwandaise, sous couvert du M23, est à imputer aux responsables du Rwanda et non aux Congolais d’une certaine tribu », rappelle Matata sur son compte twitter.
Il y a quelques jours, Matata avait interpellé la communauté internationale, apparemment insensible au drame que vit en permanence les populations de la partie Est de la RDC.
«La situation que traverse nos frères et sœurs dans le Nord-Kivu est inacceptable. J’en appelle à une action d’envergure de la communauté internationale pour stopper cette barbarie. J’exhorte mes compatriotes à la résistance et à la solidarité avec les FARDC pour la défense de la patrie », avait-il lancé.
L’ONU s’oppose au discours de haine
Préoccupés par le regain de tension dans l’Est de la RDC, la Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, et la Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, Alice Nderitu, ont exprimé récemment leur profonde inquiétude quant aux conséquences de la récente recrudescence des hostilités entre le groupe armé M23 et les forces armées de la RDC envers la population locale dans l’Est du pays. Les deux hauts fonctionnaires ont demandé que toutes les attaques contre les civils cessent immédiatement.
Le M23 a repris les hostilités contre les troupes de la RDC en novembre 2021. Depuis lors, de multiples escarmouches ont eu lieu avec les forces armées congolaises dans la province du Nord-Kivu. Depuis mai 2022, au moins 23 civils ont été tués et 16 blessés et de nombreux autres ont été déplacés de chez eux. Parmi eux, trois enfants ont été tués lorsque leur école a été bombardée par des combattants du M23.
«Nous appelons toutes les parties à respecter le droit international des droits de l’Homme et le droit international humanitaire », ont souligné Bachelet et Nderitu. « Nous demandons instamment au gouvernement de veiller à ce que les responsables des abus et des violations commis répondent de leurs actes ».
Michelle Bachelet et Alice Nderitu ont également exprimé leur inquiétude quant aux récents développements à Bunagana, dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, où des restrictions à la liberté de mouvement, ainsi que des pillages et saccages de bâtiments officiels, d’entreprises privées et d’organisations de médias par des combattants du M23 ont été signalés.
«Nous avons également constaté une escalade des discours de haine et d’incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence dans tout le pays – et plus particulièrement à l’encontre des personnes parlant le kinyarwanda – le gouvernement de la RDC ayant accusé le Rwanda de soutenir le M23 », ont déclaré les responsables des Nations Unies.
«Le discours de haine alimente le conflit en exacerbant la méfiance entre les communautés. Il se concentre sur des aspects qui avaient auparavant moins d’importance, incite à un discours du type ‘nous contre eux’ et sape la cohésion sociale entre des communautés qui vivaient auparavant ensemble », ont-elles ajouté.
Francis M.