Il y a deux ans, le désormais ancien gouverneur de Kinshasa Gentiny Ngobila se vantait publiquement d’avoir réussi à sortir «sa» capitale de la liste des 25 villes les plus sales au monde.
Tout récemment et alors qu’il est sur le départ, il a récidivé, soutenant qu’il laisse Kinshasa dans un état de propreté irréprochable.
A moins de vivre sur une autre planète ou de se moquer des Kinois résignés dans un défaitisme lénifiant, force est de reconnaître que la première ville de RDC s’encrasse au fil des années, n’en déplaise aux autorités urbaines et municipales plus portées sur les indélicatesses financières et un discours démagogique, soutenues dans leur funeste entreprise par des multitudes préalablement endoctrinées.
Car c’est un fait : Kinshasa est sale. Plus sale encore qu’il y a vingt ans. Du quartier Mososo à Ndanu; de Kingabwa Grand monde aux marchés par terre de Kimbanseke en passant par les montagnes d’immondices de Gambela et de l’avenue de l’Ethiopie, aucun dirigeant digne de ce nom ne pourrait se gargariser de réalisations notables en matière d’assainissement.
De même, les habitants de Kisenso n’ont pas souvenance d’avoir reçu la visite d’une haute autorité inquiète de la prolifération de maisons de tolérance et de la multiplication des taudis. Si Ngobila laisse une ville clean, alors des bidonvilles tel le célébrissime Pakadjuma ne seraient pas caché aux yeux d’étrangers de passage derrière le mur de protection du chemin de fer de l’ONATRA.
Kinshasa ville propre ?
Des initiatives lancées avec tambour et trompette n’ont pas produit les résultats claironnés dans des médias aux ordres. Le projet «Kin Bopeto» se réduisant à assainir les artères principales menant à l’aéroport et généralement empruntées par les visiteurs étrangers et notamment par le chef de l’Etat.
Si la propreté de la ville se réduit aux lumières et plates-bandes le long du boulevard Lumumba et/ou à l’entretien d’un bosquet opportunément baptisé du nom de la mère du chef de l’Etat, Ngobila peut dormir sur ses lauriers dans sa retraite. Mais si, au contraire, il lègue à la ville des rivières de bouteilles en plastique, des murs de clôture qui s’écroulent à chaque pluie et tuent des familles entières; si les Kinois s’entassent les uns sur les autres dans une frénésie de constructions anarchiques sur des parcelles morcelées; alors l’heure est venue pour que le désormais ex-gouverneur Ngobila demande pardon à ses anciens administrés.
Qu’il batte sa coulpe pour avoir, cinq ans durant, tourné en bourrique le peuple de Kinshasa.
Econews