Le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est entretenu jeudi, à la cité de l’Union africaine (UA), avec une délégation de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo). Sur la table des discussions : l’état des lieux des opérations de pacification menées dans la partie Est de la RDC avec l’appui de la Monusco. Bien avant cette réunion, le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est consacré, le 5 octobre 2021, à son siège de New York au rapport général de la Monusco, présenté par le secrétaire général des Nations Unies, le Portugais Antonio Guterres.
Après New York, aux Etats-Unis, où le Conseil de sécurité des Nations Unies a suivi, le mardi 5 octobre 2021, le rapport général de la Monusco, présenté par Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshisekedi, a échangé jeudi, dans ses bureaux de l’Union africaine, avec une délégation de la Monusco. C’était l’occasion pour les deux parties de faire le point sur les opérations conjointes menées dans la partie Est de la République Démocratique du Congo.
Le plan de transition de la MONUSCO en marche
Alors que la prorogation du mandat de la Monusco doit bientôt être mise aux voix, le Conseil de sécurité devrait approuver le plan de transition du secrétaire général, lequel repose en partie sur la capacité des autorités congolaises à financer et créer les conditions nécessaires au retrait de la Mission, a estimé la représentante spéciale du secrétaire général et Cheffe de la Mission, Mme Bintou Keïta.
Ce plan, présenté dans le rapport du secrétaire général, a été élaboré à la demande du Conseil lui-même dans sa résolution 2556 (2020), qui contient aussi la Stratégie commune sur le retrait progressif et échelonné de la Monusco.
Le plan comprend un ensemble de critères et d’indicateurs précis, mesurables et réalistes, assortis d’un calendrier indicatif. Entre autres, il impose des conditions minimales de retrait de la Monusco, parmi lesquelles la sécurité et la protection des civils et l’organisation d’élections crédibles, transparentes, inclusives et pacifiques, tenues dans les délais constitutionnels.
Or, la sécurité et la protection des civils dans l’est de la RDC restent «sans aucun doute» le plus grand défi auquel est confrontée ce pays, a affirmé la représentante spéciale. Dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les violations des droits humains perpétrées par des acteurs étatiques et non étatiques se poursuivent à un rythme préoccupant. Entre juin et août, 367 personnes ont été victimes d’exécutions arbitraires et extrajudiciaires et 203 femmes et enfants de violences sexuelles.
Les attaques lancées contre des écoles et des hôpitaux se poursuivent également dans l’est, en particulier en Ituri, tandis que dans le Sud-Kivu, les conflits intercommunautaires encouragent au « nettoyage » et justifient le meurtre des membres de la communauté banya-mulenge. La RDC compte en outre 5 millions de personnes déplacées internes et près d’un tiers de sa population, soit 26 millions de personnes, souffre d’insécurité alimentaire, a relevé Mme Keita.
Sur le plan politique, la situation reste également incertaine, avec un processus de consolidation démocratique dans l’impasse, a poursuivi la haute fonctionnaire. Alors que l’attention des acteurs politiques et de la société civile se tourne vers les élections de 2023, il n’existe toujours aucun consensus sur la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
En dépit de cela, elle a demandé au Conseil de sécurité d’approuver le plan de transition à titre de «feuille de route », afin d’orienter les travaux de la Monusco et de préparer le terrain pour son retrait «ordonné et responsable». Cela ne doit pas occulter le fait qu’il reste encore beaucoup à faire pour faire taire les armes dans les provinces de l’Est de la RDC, favoriser le dialogue politique pour ouvrir la voie à des élections crédibles et transparentes, en 2023, et soutenir le renforcement à long terme des institutions du pays, a-t-elle nuancé.
Face à cette demande, la Fédération de Russie, membre du « Groupe des Amis de la région des Grands Lacs », à laquelle appartient aussi la RDC, a déclaré qu’il fallait se donner le temps d’examiner « attentivement » ce plan de transition, d’autant que la stabilisation de la situation sécuritaire à long terme ne peut se faire uniquement par des mesures militaires.
Le retrait de la Monusco ne doit pas en effet créer un vide susceptible de provoquer une nouvelle flambée de violence, a renchéri le Mexique, soutenu par la Chine, qui a estimé que la MONUSCO doit veiller à ce que les dividendes de la paix ne soient pas anéantis.
Par ailleurs, la RDC a besoin d’une assistance financière, qui n’est pas prévue par le plan, a également déploré la Chine.
Les dix-huit repères identifiés par le plan de transition sont complets et le retrait de la Monusco des provinces du Kasaï en juin dernier, à la faveur de l’amélioration de la situation, montrent que ses objectifs sont réalisables, a, de son côté, argué l’Irlande, rejointe par la Norvège, pour qui le plan de retrait progressif de la Mission fournit une «base solide» pour une MONUSCO «reconfigurée/».
Le plan de transition, s’est réjouie la France, fixe une feuille de route claire pour le «retrait progressif et responsable de la Monusco », encourageant une logique de partenariat. Il appartient dès lors aux autorités congolaises de mettre en œuvre le Programme d’action 2021-2023, particulièrement en matière de gouvernance et de renforcement des institutions, tandis que les acteurs locaux doivent créer les conditions d’une transition réussie et durable.
La Mission, qui joue un «rôle précieux» dans la protection des civils et la stabilisation des institutions, la promotion de la gouvernance et la réforme du secteur de la sécurité, doit continuer à se coordonner avec le Gouvernement quant à un retrait progressif et conditionnel dans les années à venir, ont plaidé de leur côté les États-Unis.
Durant cette période transitoire, le représentant de la RDC a indiqué que son pays attend du Conseil de sécurité qu’il donne à la Monusco et à la brigade d’intervention de sa force (FIB) tous les moyens dont elles ont besoin pour qu’elles remplissent leur mission.
Elle attend aussi la levée des mesures de notification préalable au Comité des sanctions de l’ONU pour toute importation d’effets militaires, ont de nouveau demandé conjointement la RDC, mais aussi le groupe «A3+1», formé par le Kenya, le Niger, la Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines, ainsi que la Coordonnatrice de l’organisation «Voice of Congolese Women», Mme Nelly Godelieve Madieka Mbangu.
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