Crise France-Algérie-Mali : Emmanuel Macron taxé de « faillite mémorielle »

Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lama-mra a imputé à une «faillite mémorielle» de la part du président français Emmanuel Macron, les crises diplomatiques qui opposent la France à son pays et au Mali, selon des propos diffusés par la télévision malienne. Ramtane Lamamra a aussi affirmé la nécessité pour certains dirigeants étrangers de «décoloniser leur propre histoire», selon ces déclarations diffusées, mardi dernier, après ses rencontres avec les dirigeants de transition maliens à Bamako.

Les relations entre la France et l’Algérie sont distendues à cause notamment de propos tenus par Emmanuel Macron et mal perçus par le gouvernement algérien

Il évoquait la crise déclenchée entre Alger et Paris par les mots attribués à Emmanuel Macron par le quotidien français Le Monde sur le système «politico-militaire» algérien qui entretiendrait une «rente mémorielle». Ces crispations ont coïncidé avec les tensions entre la France et le Mali, voisin de l’Algérie et autre ancienne colonie française.

« Solidarité agissante » avec le Mali

Cette crise a été envenimée par le discours du 25 septembre à l’ONU dans lequel le Premier ministre de transition malien Choguel Kokalla Maïga accusait la France, engagée militairement au Mali depuis 2013, d’«abandon en plein vol » pour justifier un possible recours de Bamako à la société privée russe Wagner.

«Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire», a déclaré Ramtane Lamamra, réagissant aux propos rapportés par Le Monde, sans évoquer le souhait «d’apaisement» exprimé mardi par le président français.

«Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident, qui a été la couverture idéologique utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité qu’a été la colonisation de l’Algérie, la colonisation du Mali et la colonisation de tant de peuples africains», a-t-il poursuivi.

Le ministre algérien a décrit cette «décolonisation» comme une «priorité» pour que la «faillite mé-morielle» manifestée selon lui par les récents propos français envers l’Algérie et le Mali puisse «s’assainir par un respect mutuel inconditionnel, respect de notre souveraineté, respect de notre indépendance de décision ». Il n’a pas cité nommément Emmanuel Macron mais a parlé de «faillite mémo-rielle, qui est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d’acteurs de la vie politique française, parfois aux niveaux les plus élevés ».

Il a parlé de «solidarité agissante » avec le Mali, où l’Algérie est un acteur primordial de la crise sécu-ritaire et multidimen-sionnelle que traverse le pays depuis près de dix ans, notamment en tant que parrain de l’accord de paix signé en 2015, dont l’application laisse à désirer.

Les autorités maliennes ont de leur côté convoqué mardi l’ambassadeur de France à Bamako pour exprimer leur «indignation » après les critiques très vigoureuses d’Emmanuel Macron à la suite du discours de Choguel Kokalla Maïga à l’ONU.

Econews avec Sud-ouest.fr