Pékin commente l’interview de Tshisekedi sur LCI : C’est la révélation d’un «refus d’aligner la RDC derrière une rhétorique géopolitique anti-chinoise ou anti-russe»

Le Président Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo a récemment accordé une interview à la chaîne française LCI, dans laquelle il a exprimé sa position claire en faveur d’une politique étrangère indépendante et non-alignée. Vu de Pékin, la déclaration du Président Tshisekedi révèle un « refus catégorique d’aligner la RDC derrière une rhétorique géopolitique anti-chinoise ou anti-russe ». En effet, le leader congolais a souligné l’importance des relations avec la Chine et la Russie, mettant en avant les bénéfices mutuels de ces partenariats pour le développement économique de son pays. Analyse publiée dans projetafriquechine.com.

Dans une interview accordée à la chaîne française LCI le 4 mai 2024 à Paris (France), le président congolais Félix Tshisekedi est notamment revenu sur la nature des relations entre l’Afrique et ses partenaires extérieurs dont la Chine, la Russie, l’Union européenne et les Etats-Unis.

Répondant à la question de Darius Rochebin, et sur un ton critique, comparant chinois et russes et occidentaux en Afrique, il a jugé les approches occidentales arrogantes, irrespectueuses et empruntes de paternalisme.

Louant chinois et russes, il a mis en avant le fait qu’ils ne critiquent ni ne se posent en donneurs de leçon en Afrique, notamment sur les questions des droits de l’homme ou de gouvernance.

Bottant en touche et estimant ne pas être sa place, Félix Tshisekedi a soigneusement refusé de critiquer la nature du régime politique chinois que Darius Rochebin a présenté comme «non-démocratique» et «autoritaire».

Réaffirmant la souveraineté congolaise, il a rappelé que la RDC restait libre de considérer la Russie comme un partenaire bien qu’ayant voté contre son invasion de l’Ukraine.

Ses déclarations, certainement appréciées par les officiels chinois, ont été notamment repartagées par l’ancien ambassadeur de Chine en RDC, Zhu Jing, désormais en poste à Bruxelles.

Tout au long de l’interview, Félix Tshisekedi, s’est montré très critique vis-à-vis des occidentaux qu’il estime qu’ils ne font pas assez pour sanctionner le Rwanda qui soutient les rebelles du M23 dans l’est de la RDC.

L’interview du président congolais révèle notamment un refus d’aligner la RDC derrière une rhétorique géopolitique anti-chinoise ou anti-russe. Bien qu’ayant voté contre la Russie aux Nations Unies, pour son invasion de l’Ukraine, il a affirmé que la Russie demeure un partenaire pour la RDC.

Le refus de critiquer la nature du régime chinois est aussi l’un des objectifs de l’engagement chinois en Afrique. Faire des gouvernants africains, les défenseurs passifs ou actifs de la gouvernance chinoise; mettant en avant les succès économiques de sa gouvernance devant les critiques sur les droits de l’homme et les libertés individuelles.

Il s’élève de plus en plus des voix dans les pays du Sud où les dirigeants refusent ouvertement de critiquer ou de qualifier le régime chinois de non-démocratique. Un refus qui rend la pareille au principe de la diplomatie chinoise, de non-ingérence. Et c’est cette approche qu’a loué le président congolais.

S’étant affiché pro-américain et pro-occidental, le président congolais semble être déçu des faibles retombées de son rapprochement.

Franchir le Rubicon

Cette position audacieuse de Félix Tshisekedi a été saluée par les autorités chinoises, qui voient en lui un partenaire stratégique capable de renforcer les liens entre la RDC et la Chine. En effet, la Chine est aujourd’hui le principal partenaire commercial de la RDC, et Pékin a investi massivement dans des projets d’infrastructures et de développement en Afrique.

En refusant de se laisser entraîner dans des rivalités géopolitiques stériles, le Président Tshisekedi affiche sa volonté de placer les intérêts de son pays au centre de sa politique étrangère. Cette approche pragmatique et ouverte au dialogue avec tous les acteurs internationaux est une nouvelle orientation pour la RDC, qui cherche à diversifier ses partenariats et à tirer profit de ses ressources naturelles pour améliorer les conditions de vie de sa population.

En conclusion, la position de Félix Tshisekedi dans son interview à LCI témoigne d’une volonté de rompre avec les schémas traditionnels de la diplomatie internationale, en privilégiant une approche pragmatique et non-alignée. Cette nouvelle orientation pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la RDC et renforcer sa place sur la scène internationale.

Econews